Introduction • Le phénomène de la réussite d'une œuvre, parce que celle-ci obtient une influence et atteint la durée au...
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Introduction
• Le phénomène de la réussite d'une œuvre, parce que celle-ci obtient une influence et
atteint la durée au point de devenir une grande œuvre littéraire, est un problème
complexe.
• Car là seulement réside la véritable révélation de l'œuvre, et non pas simplement ce
qui peut être — et est souvent — éphémère, mode.
• Pour qu'une œuvre littéraire prenne sa dimension, il faut qu'elle ait un impact sur
d'autres créateurs...
• ...
ou entraîne un public, dans certains domaines, sur des voies précises, son créateur
devenant « mage » (HUGO).
• Mais ce n'est pas encore une garantie de durée ni encore moins d'universalité, c'est-àdire cet aspect d'éternité de ce que l'on appelle alors « un classique ».
• Qu'est-ce qui peut donc faire le succès, l'influence [ou] la durée d'une œuvre littéraire ?
I.
Succès
• Déterminer d'abord l'œuvre littéraire et ses rapports avec le succès.
• Le succès, est-ce se bien vendre ?
Ex.
: des best-sellers.
Pour certains qui ont de la qualité, tels Autant en emporte le vent
(MITCHELL) OU Hannah (J.L.
SULITZER), on trouve aussi...
• ...
beaucoup d'ouvrages de diffusion, vulgarisation, mode, toute la para-littérature.
• Or elle est souvent celle qui se vend le plus.
• Mais elle a aussi une présence plus réelle dans le public que la littérature proprement
dite.
• D'autre part le succès d'une œuvre littéraire — si l'on fait donc abstraction des
montages commerciaux — s'accompagne toujours d'un certain éclat, d'un effet de choc.
• C'est un événement.
Et il a besoin d'une certaine orchestration.
Un des exemples les
plus caractéristiques est Hernani (HUGO) que les Jeunes Frances ont soutenu avec
ardeur : voir la relation qu'en fit THEOPHILE GAUTIER.
• Il faut donc que le succès soit porté par certains éléments qui le propulsent, tels le
théâtre car il est tribune — c'est pourquoi J.-P.
SARTRE le choisit comme communication,
jugea-t-il, la meilleure _; ie jeu; le contact direct...; tout ce qui implique une sympathie
entre œuvre et société-public.
• C'est ce qui explique en grande partie le succès éphémère d'ouvrages médiocres.
• Le succès, pour l'écrivain, c'est aussi devenir célèbre.
• Certains y parviennent par la complaisance dont ils font preuve envers le public; elle
peut aller jusqu'à la démagogie et même l'utilisation de véritables recettes.
Beaucoup de
romans lancés actuellement peuvent faire sensation quelque temps, mais c'est bulle de
savon! Ex.
: Nouvelle philosophie et B.
H.
LEVY qui malgré sa valeur, a tendance à
développer un peu de tels cas.
• C'est aussi la raison pour laquelle le succès d'une œuvre littéraire peut être obtenu par
un certain parfum de scandale.
C'est ce qui arrive à Madame Bovary (FLAUBERT), OU
aux Fleurs du mal (BAUDELAIRE), livres sur lesquels les procès intentés à leur auteur
attirent l'attention.
Certes ces deux œuvres ont largement dominé la fausse réputation
ainsi apportée...,
• ...
mais qu'un succès soit accompagné du délire admiratif des uns et de la fureur des
autres, voilà qui lui donne une étendue...
Ainsi RICHELIEU a beau faire preuve de
jalousie à l'égard de CORNEILLE :
« En vain contre Le Cid un ministre se ligue
Tout Paris pour Chimène a les yeux de Rodrigue.
»
• Le succès peut être un coup de foudre pour le public (Le Cid) dû alors au plaisir, à
l'émotion collective toute subjective, ou à une séduction formelle.
• Mais il est aussi dû au fait que l'écrivain connaît bien l'essence de son public, est adapté
à ses besoins, n'esquive pas son époque : SOPHOCLE était bien l' « écho sonore », pour
reprendre l'expression de HUGO, des Athéniens du ve siècle av.
J.-Même phénomène
pour les Méditations de LAMARTINE (1820), L'Étranger de CAMUS, SARTRE et le
mouvement existentialiste...
II.
Influence
• Cependant le succès ne correspond pas forcément à une véritable valeur.
• Tantôt le succès, bien qu'événement réel, ne se confirme pas.
Ex.
: BERANGER
(Chansons) ou le poète CATULLE-MENDES totalement oubliés maintenant (fin xixe
siècle).
• Tantôt l'approche des grandes œuvres est trop difficile pour qu'elles touchent le grand
public, lequel est nécessaire au succès immédiat.
• Voyons alors une autre possibilité : l'influence d'une œuvre littéraire.
• L'influence correspond à une lente pénétration.
• Elle peut porter sur une seule personne, un créateur qui découvre, entre autres, sa
vocation par la rencontre avec une œuvre ; celle-ci devient « phare ».
Ex.
: AUGUSTIN THIERRY désire devenir historien en lisant Les Martyrs de
CHATEAUBRIAND ; CLAUDEL a la révélation de sa vocation poétique en découvrant
RIMBAUD...
• Mais cette efficacité peut être bien plus vaste.
Certaines œuvres ont plus d'influence
que de succès car leur ascendant entraîne, crée ou confirme, allant jusqu'à la création
d'un courant artistique.
C'est ordinairement lorsqu'elles comblent l'appel d'un
mouvement littéraire.
• Ainsi la Renaissance, qui arrive au moment où la poésie de la fin du Moyen Âge
s'affaiblit (Grands Rhétoriqueurs dont on trouve encore la trace chez MAROT), fait naître
un RONSARD, un Du BELLAY, qui — le premier surtout — sont miroirs et entraîneurs de
toute une équipe, la Pléiade, et de tout un goût du public.
Cf.
l'admirable poème de
BAUDELAIRE, Les Phares, où sont mis en valeur de tels artistes qui sont à l'origine d'
« Un ordre renvoyé par mille porte-voix ».
(Les Fleurs du mal)
• On pourrait aussi citer MALHERBE qui correspond au besoin d'ordre éprouvé par une
partie du début du xviie siècle, mais qui sait le régir et l'organiser en expression.
• Il s'agit donc d'un courant d'influence et de besoin à double sens.
Le créateur répond à
une demande, la catalyse, l'exprime, puis la répand et parfois très loin dans le temps.
VALERY OU FRANCIS PONGE se reconnaissent comme descendants du « Régenteur » des
classiques (Cf.
livre de F.
PONGE : Pour un Malherbe, Gallimard).
Citer aussi les diverses
écoles littéraires, tel LECONTE DE LISLE et les Parnassiens.
• D'autre part l'influence d'une œuvre a aussi des résonnances sur le public.
• Elle correspond au besoin de certains de profiter en lisant, donc de se cultiver.
Ainsi l'ambition de VOLTAIRE est que le « philosophe » soit un homme utile, et que son
œuvre soit....
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