INTRODUCTION « Le poète » n'est évidemment pas enfermé tout entier dans ces quelques mots : «philosophe du concret, peintre...
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INTRODUCTION
« Le poète » n'est évidemment pas enfermé tout entier dans ces quelques mots :
«philosophe du concret, peintre de l'abstrait ».
Mais il y est défini, avec une vigueur
exemplaire, dans une de ses fonctions essentielles : celle de déchiffreur ou de créateur
de symboles.
Cette fonction est représentée selon un double mouvement : le poète peut
prendre du concret et en tirer de l'abstrait, ou prendre de l'abstrait et le rendre concret.
Dans le premier cas il sera une sorte de philosophe, dans le deuxième une sorte de
peintre.
I.
LA FORMULE DE VICTOR HUGO DÉGAGE - LES DEUX ASPECTS FONDAMENTAUX
DU SYMBOLE
« Philosophe du concret », le poète « voit dans les choses plus que les choses » et devine
sous les apparences particulières des significations générales.
Le Cygne de Baudelaire, La
Vache ou Saison des Semailles, Le Soir de Victor Hugo, sont inspirés de faits précis ; le
poète prend soin de le rappeler par quelques détails réalistes.
L'idée abstraite sort des
choses mêmes : la convulsion du col du cygne impose l'image de l'angoisse et d'une
certaine révolte idéaliste ; l'heure des semailles et l'âge du semeur impliquent déjà « la
fuite utile des jours ».
Des récits plus amples, le Lac, Tristesse d'Olympio, La Mort du Loup illustrent la même
démarche.
Certains détails rendent à la chose vécue toute sa présence.
D'autres
acheminent l'esprit vers la leçon, leçon que vient çà ou là expliciter quelque formule
générale.
Ainsi le poète déchiffre et traduit les signes offerts par le visible.
Il peut aussi être celui
qui crée des signes pour exprimer l'invisible.
« Peintre de l'abstrait », le poète exprime des idées générales au moyen d'objets ou de
scènes imaginaires.
C'est à cette forme très ancienne de symbolisme que se rattachent
la fable et l'allégorie.
Mors ou La Conscience de Victor Hugo, le premier poème des
Destinées de Vigny, l'Irrémédiable de Baudelaire, illustrent bien cette imagination mise
au service d'une idée, dont elle crée des « emblèmes nets » et des « tableaux parfaits ».
II.
LA FORMULE SIMPLIFIE A L'EXCÈS LE MÉCANISME DU SYMBOLE
La formule de Victor Hugo a pourtant un défaut.
Par sa claire symétrie, elle laisse penser
qu'il s'agit de deux opérations distinctes.
Entre le concret et l'abstrait le poète lancerait
deux ponts à sens unique.
Mais en fait le symbolisme n'est pas si simple.
De plus en
plus, dans la poésie écrite depuis le romantisme, il apparaît comme la fusion mystérieuse
de deux réalités plutôt que comme une démarche définie de l'une....
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