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Introduction _Le propos ici tenu par l’Abbé d’Aubignac, s’il n’en fait pas mention explicite, n’en est pas moins étroitement lié...

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« Introduction _Le propos ici tenu par l’Abbé d’Aubignac, s’il n’en fait pas mention explicite, n’en est pas moins étroitement lié à l’œuvre de Corneille.

En effet, d’Aubignac a fait partie du comité de lecture chargé de la première lecture d’Horace, à connu personnellement Corneille, et son essai est largement et inspiré par l’expérience du théâtre cornélien.

De fait, l’accueil du dramaturge par le public français s’est accompagné d’une vive controverse visant à déterminer jusqu’à quel point le style tragique se doit de correspondre aux données historiques qu’il traite, et inversement, dans quel mesure l’exigence poétique autorise l’auteur à se libérer du principe de fidélité historique.

Cette problématique, toutefois, doitelle être comprise de la même manière chez un contemporain de Corneille tel que d’Aubignac, et chez un spectateur moderne ? I : Le théâtre cornélien, un théâtre historique _En effet, le lecteur ou le spectateur de Corneille ne doit pas oublier l’Histoire n’est pas à proprement parler une série d’évènements : c’est une discipline, et jusqu’à un certain point, un exercice d’écriture et de mise en scène.

De fait, la poésie et le théâtre ont longtemps assumé auprès du public la fonction qu’on attribue aujourd’hui à la discipline historique.

Le travail de documentation qui sous-tend les principales tragédies de Corneille est à ce titre révélateur : l’auteur indique ainsi précisément dans sa préface à Polyeucte les sources à partir desquelles il a déterminé l’intrigue de sa pièce, afin, dit-il, que le lecteur puisse « démêler la vérité d’avec ses ornements ». _L’affirmation même de d’Aubignac, selon laquelle apprendre l’Histoire au théâtre est ridicule, prouve bien la tendance du public à traiter l’œuvre historique sur le même pied que l’historiographie.

De façon plus nette encore, le réflexe classique est de valoriser la tragédie historique ou mythique, au détriment des comédies de l’auteur telles que L’Illusion comique ou La Place Royale, dont l’intrigue se situe dans le Paris du XVIIe siècle.

Ainsi le genre historique est reconnu comme « sérieux », et doit inspirer au spectateur des sentiments nobles, contrairement aux faits quotidiens, jugés plus propres au ton léger. II : Le poème tragique, une nécessaire distorsion de la matière historique _Dans Le Cid, le thème de la Reconquista espagnole n’est effectivement qu’un prétexte pour aborder un dilemme psychologique posé par l’articulation du devoir politique et du devoir courtois.

De même, l’Histoire de Rome n’est qu’un prétexte littéraire à partir duquel la tragédie d’Horace oppose le désir amoureux au désir héroïque. _Il est donc indubitable que l’enjeu d’une valeur historique de la tragédie cornélienne en dissimule un autre, plus essentiel, qui est celui de la valeur morale du récit historique.

La célèbre querelle qu’avait soulevé la présentation du Cid portait à priori sur un problème spécifiquement scénique, à savoir la légitimité d’un écart entre le vrai et le vraisemblable. Aux attaques de Scudéry qui accuse Corneille de l’immoralité de Chimène épousant l’assassin de son père, l’auteur se défend au nom de la vérité historique...

Manifestement, les critiques adressées au Cid n’étaient pas tant soulevées par la liberté prise par Corneille vis-à-vis de son sujet, que par la moralité douteuse qui s’en dégageait. _Il faut donc en conclure, conformément à l’exigence des opposants à Corneille, que la règle historique ne saurait s’adapter à la règle littéraire.

Le respect des unités de lieu, de temps et d’action, dans la tragédie Cornélienne, apparaît comme une contrainte qui pousse obligatoirement le dramaturge à modifier profondément les données historiques, toujours nées de mille phénomènes indépendants et étalées dans le temps et l’espace.

Une autre critique régulière du Cid stigmatise l’effet de surcharge créé par la condensation.... »

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