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[Introduction] Le thème principal des Châtiments est l'indignation de Victor Hugo contre le coup d'État du 2 décembre 1851 et...

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« [Introduction] Le thème principal des Châtiments est l'indignation de Victor Hugo contre le coup d'État du 2 décembre 1851 et ses conséquences, les massacres et les mensonges du princeprésident qui n'a pas tenu ses promesses électorales.

Mais dans les deux derniers vers de « Floréal », il porte une accusation supplémentaire contre le tyran et ses complices : « Soyez maudits, bourreaux qui lui masquez le jour, D'emplir de haine un cœur qui déborde d'amour! » Ce poète qui a la vocation de l'amour se voit contraint, par les crimes de Napoléon, de renoncer au lyrisme pour se tourner vers la satire.

Mais pourquoi passe-t-il de l'accusation à l'imprécation et comment s'acquitte-t-il de son devoir de violence ? [I.

La vocation de l'amour] La véritable vocation de Victor Hugo est l'amour des hommes et de la nature.

Avec trois occurrences du nom « amour » et une du verbe « aimer », « Floréal » à lui seul suffirait à illustrer le dernier vers de ce poème : « un cœur qui déborde d'amour ».

Cet amour pour les créatures s'exprime dans Les Châtiments par la compassion pour les victimes et par les messages de fraternité. [1.

La compassion] Solidaire de tous ceux qui souffrent, Victor Hugo pleure sur les déportés et sur les morts, sur les martyrs et sur les misérables, notamment sur ces familles ouvrières qui, dans les caves de Lille, arrivent à peine à survivre tant leur dénuement est total, sur toutes les victimes de la folie des hommes ou de la furie des éléments, comme ce chasse-marée englouti dans un naufrage (« Cette nuit, il pleuvait...

VII, 9).

Cette pitié se mue souvent en charité active, comme dans « Souvenir de la nuit du quatre », qui montre le poète apportant le réconfort de sa présence à la grand-mère du petit garçon de sept ans tué rue Tiquetonne.

L'amour du genre humain pousse même Victor Hugo à repousser l'idée d'un châtiment sanglant pour Napoléon.

Par respect de la vie, lui qui a toujours plaidé pour l'abolition de la peine de mort ne remettra pas ce principe en cause, fût-ce pour le "Néron parasite".

Sa « clémence implacable » condamne le tyran à la vie, mais dans la honte. [2.

Les messages de fraternité] L'amour pour les hommes incite le poète à raffermir constamment leur courage et à ranimer leur espérance par des messages de fraternité.

Que de fois Victor Hugo ne rappelle-t-il pas à la France, ce « grand peuple fraternel », qu'après le temps de l'oppression, le rétablissement de la liberté mettra fin à l'exploitation de l'homme par l'homme, aux humiliations et aux injustices : « Ce que la France veut pour toujours désormais C'est l'amour rayonnant sur ses calmes sommets.

» Ce message de « Nox », Victor Hugo le répétera dans tous les poèmes lumineux des Châtiments et, dans une image de « Stella », unissant l'abstrait et le concret, il étendra l'amour à l'univers entier : « Un ineffable amour emplira l'étendue ». Le triomphe de la lumière est le triomphe de la vie et de l'amour.

C'est par de tels vers et de telles assurances que le poète insuffle au peuple la foi en l'avenir. [3.

L'absence de poèmes d'amour] Les Châtiments ne contiennent aucun poème d'amour, bien que Victor Hugo ait continué à en écrire à Jersey et à Guernesey.

L'un des plus beaux : « Elle était déchaussée, elle était décoiffée...

», un chant du pur désir amoureux, avait été composé en avril 1853. Mais Hugo ne tolère qu'une forme de lyrisme dans Les Châtiments, l'expression des sentiments de l'exilé.

Retranché dans son île, debout sur son rocher, le poète chante les souffrances et les joies amères du proscrit.

La mer, la solitude, mais aussi la résistance farouche et même l'amour de l'exil lui inspirent des vers superbes dont beaucoup sont devenus célèbres à juste titre : « Et s'il n'en reste qu'un, je serai celui-là! » (VII, 17). Jugeant le lyrisme amoureux déplacé dans un recueil inspiré par une tragédie politique, il en a exclu tous les vers intimes pour les placer ensuite dans Les Contemplations. [II.

De l'accusation à l'imprécation] [1.

Les bourreaux du poète] Alors que sa véritable vocation est l'amour, Victor Hugo se voit obligé de renouveler constamment ses cris de haine.

Ses accusations contre le tyran et le traître sont condensées, par exemple, dans ces quatre vers : « Quoi ! les morts, vierge, enfant, vieillard et femmes grosses, Ont à peine eu le temps de pourrir dans leurs fosses! Quoi! Paris saigne encor ! quoi ! devant tous les yeux, Son faux serment est là qui plane dans les deux ! » (« Le parti du crime », VI, 11) Mais dans « Floréal », l'accusation se mue en imprécation car les bandits sont devenus les bourreaux du poète.

Us « obsède[nt] » sa pensée, comme il l'écrit quelques vers plus haut, ils lui « masque[nt] le jour », symbole transparent de la lumière et de la vérité. L'accusation vise moins les ténèbres de l'exil, l'isolement, l'absence de nouvelles fraîches de la France, que les ténèbres de l'esprit, soigneusement entretenues par la censure, la propagande et cette langue de bois dont les titres des six premiers livres des Châtiments donnent des exemples : « La famille est restaurée » ; »La stabilité est assurée »...

Or pour le poète de « Luna », de « Stella » et de « Lux », le crime suprême est le crime contre l'esprit. [2.

L'imprécation du poète] Quand la justice est bafouée, quand la liberté est étouffée, quand la vérité est violée, le poète a le devoir de dénoncer ces crimes, car il est investi d'une double mission.

En tant qu'homme à l'esprit libéral, attaché aux valeurs républicaines, il doit défendre l'idéal des « soldats de l'an II ».

En sa qualité de poète, sa mission est de parler au nom de tous ceux qui ne le peuvent : les morts, les prisonniers, les déportés, les petits et les humbles.

Devenu justicier, le poète s'attribue alors la mission sacrée de maudire les bourreaux du peuple.

Comme dans « La conscience », qui devait être le poème liminaire des Châtiments avant de figurer dans La Légende des siècles, et comme dans « Sacer esto » (IV, 1), le châtiment du méchant, qu'il s'appelle Caïn ou Napoléon, est d'être obligé de se courber « Sous l'exécration de tout le genre humain ». [3.

L'expression de la haine] Même s'il entre plus de colère que de haine dans l'indignation de Victor Hugo, le ressentiment du poète contre Napoléon le Petit utilise néanmoins le langage de la haine, caractérisé par l'abondance et la variété des traits satiriques, de la raillerie à l'insulte et du sarcasme à l'outrage.

Qu'il adopte la forme de la chanson, de l'épopée ou de la fable, il n'est pas un poème des Châtiments qui ne contienne quelque flèche satirique.

« Floréal » n'en donne-t-il pas la meilleure preuve ? Qui soupçonnerait que cet hymne au printemps bascule dans l'ironie et qu'après s'être abandonné aux « émotions sacrées » et aux « longues rêveries » suscitées par le chant des oiseaux, le poète termine.... »

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