Irak 2005-2006 Nouvelle dynamique politique En 2005-2006, la situation en Irak s'est caractérisée par des phénomènes et dynamiques politico-militaires fort...
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Irak 2005-2006
Nouvelle dynamique politique
En 2005-2006, la situation en Irak s'est caractérisée par des phénomènes et
dynamiques politico-militaires fort contradictoires : ce fut une période riche
en élections et référendums, qui n'ont pas pour autant réussi à engendrer un
pouvoir central crédible.
Au lieu de la mise en place d'un gouvernement d'union
nationale représentant l'importante diversité irakienne, 2005-2006 a vu la
segmentation confessionnelle et ethnique du pays : non seulement la sécurité des
citoyens n'était pas assurée, mais l'Irak, particulièrement sa région centrale,
a été secoué par une véritable guerre entre civils ; la coalition chiite au
pouvoir s'est fissurée mais les Arabes sunnites sont demeurés très divisés ; les
forces politico-ethniques kurdes ont continué de monnayer très chèrement leur
alliance, même si leur poids hors de leur région restait minime.
L'économie
irakienne n'a aucunement bénéficié de la flambée des prix du pétrole, et l'on a
même annoncé une chute de la production.
Alors que la présence militaire
américano-britannique restait massive, l'ingérence de certains pays voisins
(Iran, Syrie, Turquie...) est apparue de plus en plus agressive, visant à
subordonner l'avenir de l'Irak à leur stratégie régionale.
Enfin, le 19 octobre
2005 s'est ouvert à Bagdad le procès de l'ancien dictateur Saddam Hussein.
La
population souhaitait comprendre, à cette occasion, trente-cinq années de
baassisme en Irak, mais très vite cet exercice a montré ses limites.
Repositionnement des principales communautés
La liste chiite soutenue par le grand ayatollah Ali Sistani a remporté, à la
majorité absolue, les élections législatives du 30 janvier 2005.
La nouvelle
majorité chiite apparaissait fort hétéroclite (23 courants politiques allant de
partis importants à des personnalités indépendantes).
Le deuxième vainqueur des
élections fut le bloc kurde, mais il est vrai que les Arabes sunnites avaient
largement boudé les urnes.
Chemin faisant, un gouvernement de vainqueurs fut
constitué n'aplanissant pas pour autant les contradictions kurdo-chiites.
Les
postes importants du pays furent partagés selon un quota confessionnel et
ethnique, avec le choix d'un président de la République (poste largement
honorifique) kurde, Jalal Talabani, et d'un Premier ministre chiite, Ibrahim
al-Jaafari, chef du parti Al-Dawa.
Après neuf mois de pouvoir, le bilan du
gouvernement apparaissait globalement négatif, au point que le grand ayatollah
Sistani lui-même exprima des critiques publiques.
Parallèlement, le jeune et ombrageux clerc Moqtada al-Sadr revint avec vigueur
sur la scène politique : il adopta une stratégie gagnante en portant l'étendard
de la « résistance » contre l'occupation mais aussi en défendant les conditions
de vie du petit peuple chiite.
Tout au long de 2005 et début 2006, de violents
conflits ont opposé les milices de M.
al-Sadr à celles de l'ASRII (Assemblée
suprême de la révolution islamique en Irak) d'Abdel-Aziz al-Hakim (à Bassorah,
Samawa et Sadr-City à Bagdad).
Quant au gouvernement de I.
al-Jaafari, affaibli
et miné par la corruption, il était géré pour l'essentiel par le parti Al-Dawa.
En 2005, les forces politiques chiites ont confessionnalisé l'État irakien
renaissant et noyauté les capacités d'action du ministère de l'Intérieur.
Pendant ce temps, l'ancien exilé qui avait bénéficié du soutien du Pentagone,
Ahmed al-Chalabi, quoique affaibli, faisait toujours partie du gouvernement
Jaafari, ne conservant du pouvoir que dans son rôle de médiateur entre chiites.
Les partis chiites participèrent massivement à la rédaction de la Constitution
et appelèrent à voter le texte, le 15 octobre 2005.
Au vu de leur bilan, ils
perdirent leur majorité absolue à l'Assemblée lors des élections organisées sur
la base de la Constitution, le 15 décembre 2005 (128 sièges sur 275), mais
restèrent incontournables, particulièrement au centre et sud de l'Irak.
Des voix
de plus en plus insistantes réclamaient une fédération chiite au sud du pays,
bénéficiant d'une large autonomie comme celle dont jouit la zone de peuplement
kurde.
Malgré la forte opposition de Washington, les partis chiites souhaitèrent
d'abord maintenir I.
al-Jaafari au poste de Premier ministre.
L'Irak demeura
ainsi pendant de longs mois sans gouvernement.
Le....
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