Iran 1987-1988 La révolution se radicalise Le devenir de la révolution islamique est suspendu à deux questions majeures: la poursuite...
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Iran 1987-1988
La révolution se radicalise
Le devenir de la révolution islamique est suspendu à deux questions majeures: la
poursuite de la guerre du Golfe, qui pèse de plus en plus sur la vie quotidienne
en Iran, et les luttes de tendances qui ont fini par opposer ouvertement en
janvier 1988 les jeunes technocrates gauchisants du régime au haut clergé, plus
conservateur.
La situation économique s'est aggravée.
En décembre 1987, le dollar s'échangeait
à quinze fois son taux officiel, et le Premier ministre, Hosseyn Moussavi, a
annoncé en août 1987 une grande campagne contre les accapareurs et les
profiteurs, d'ailleurs largement inefficace.
La totalité de la rente pétrolière
passait dans l'effort de guerre, tandis que l'inflation était fortement
ressentie par les classes moyennes.
A l'automne 1987, des voix (comme celle de
l'ayatollah Qomi) se sont fait entendre, réclamant la fin de la guerre du Golfe.
Isolement diplomatique
La situation est devenue très grave en mars 1988, quand l'Irak a lancé la
"guerre des villes".
Des centaines de missiles sol-sol ont atteint les grandes
villes de l'Iran et surtout Téhéran, jusqu'alors hors d'atteinte.
Pourtant, le
régime a maintenu une attitude extrêmement ferme sur la question de la poursuite
de la guerre, exigeant non seulement que l'ONU désigne l'Irak comme l'agresseur,
mais en plus que son président, Saddam Husseyn, soit jugé.
L'Iran a ainsi biaisé
pour refuser la résolution 598 du Conseil de sécurité, votée en juillet 1987 et
appelant à un cessez-le-feu.
Cette fermeté lui a valu un isolement diplomatique
de plus en plus grand, et Téhéran n'a dû qu'à la bienveillance soviétique le
fait qu'une deuxième motion, appelant à un embargo total des armes contre
l'Iran, n'ait pas encore été votée par le Conseil de sécurité au début de 1988.
Une série d'accords économiques a été conclue avec l'URSS au cours de l'année
1987 ; en échange, l'Iran a maintenu un profil bas en Afghanistan.
L'isolement diplomatique de l'Iran a été renforcé par la crise avec le
Royaume-Uni (expulsion réciproque de diplomates en juin 1987 et fermeture du
bureau iranien d'achat d'armes), la rupture des relations diplomatiques avec la
France (17 juillet), conséquence de l'"affaire Gorji" (elles ont été rétablies
en juin 1988), et surtout le massacre de pèlerins iraniens lors du pèlerinage de
La Mecque (31 juillet) après qu'ils eurent participé à une manifestation
interdite.
Le monde arabe et sunnite s'est alors opposé en bloc à l'Iran, qui a
été condamné par le sommet de la Ligue arabe à Amman (8-11 novembre 1987) et qui
a dû quitter le sommet de la conférence islamique en mars 1988 (à nouveau à
Amman).
En avril 1988, Riyad a rompu les relations diplomatiques avec Téhéran.
L'Iran n'a pas non plus participé aux négociations indirectes de Genève qui se
déroulent depuis 1982, au sujet de l'Afghanistan.
L'accord de Genève (avril
1988) présidant au retrait des troupes soviétiques d'Afghanistan a été négocié
directement entre les deux grandes puissances.
Les nombreux revers militaires subis par l'Iran à partir du printemps 1988
(perte de Fao, des îles Majnoun, retrait de Halabja) ont conduit Téhéran à
accepter officiellement la résolution 598 du Conseil de sécurité (18 juillet),
consacrant ainsi un virage décisif dans l'évolution du conflit.
Luttes de tendances
Cependant, l'Iran a réussi à contrôler à la fois l'opposition intérieure (les
moujahidin du peuple ne représentent plus un réel danger) et les mouvements
séparatistes, malgré la persistance de troubles au Kurdistan et au
Baloutchistan.
La stabilité du régime n'est pas vraiment menacée.
Le pouvoir se
concentre dans les mains des proches de l'imam Khomeyni, dont le fils Ahmad est
allié au Premier ministre Moussavi et au président du Parlement, homme fort du
régime, Rafsanjani.
Ce noyau représente les jeunes technocrates
révolutionnaires, beaucoup plus radicaux que le haut clergé, l'imam mis à part.
D'une part, l'exécution de Mehdi Hashémi, proche collaborateur de l'ayatollah
Montazeri (septembre 1987), a permis au bureau de l'imam de contrôler de plus
près les réseaux hezbollahs internationaux: un nouveau directeur du bureau de
propagande islamique (l'ayatollah Jannati) a été nommé à l'automne.
L'affaire
Hashémi a introduit une crise sans précédent au sommet de l'appareil, consacrant
la prééminence des politiques de Téhéran sur les théologiens de....
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