Iran 1990-1991 Habile jeu diplomatique L'année 1990-1991 a vu à la fois la stabilisation du pouvoir autour du président Ali...
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Iran 1990-1991
Habile jeu diplomatique
L'année 1990-1991 a vu à la fois la stabilisation du pouvoir autour du président
Ali Akbar Hashemi Rafsandjani et la rentrée de l'Iran sur la scène diplomatique
à la suite de la crise du Golfe ouverte le 2 août par l'invasion du Koweït par
l'Irak.
Le pouvoir d'État s'est stabilisé autour de la dyarchie constituée par Ali
Khameneï (le "guide suprême", successeur de l'ayatollah Khomeyni) et de H.
Rafsandjani (élu président de la République en été 1989).
Le guide, A.
Khameneï,
n'est pas un "grand ayatollah", "source d'imitation": contrairement à Ruollah
Khomeyni, il ne représente pas la plus haute autorité religieuse (qui a été
nommée par ses pairs en la personne du très vieux et peu connu ayatollah Araki).
Le président H.
Rafsandjani est donc resté le véritable homme fort: il a
bénéficié du soutien du guide, malgré une rhétorique souvent radicale, qu'a
illustrée sa réitération de la condamnation de Salman Rushdie, auteur des
Versets sataniques.
Entre le guide et le président il y a partage des tâches et
non rivalité.
Les radicaux, aujourd'hui marginalisés, ont cependant gardé une forte influence
au Parlement, présidé par l'un des leurs, Mehdi Karroubi, mais ils n'ont pas pu
trouver la majorité des deux tiers qui leur permettrait de s'opposer au
président, et ils ont perdu le contrôle des autres institutions issues de la
révolution de 1979.
Ainsi, en octobre 1990, lors des élections au Conseil des
experts, organisme chargé de désigner le guide suprême, la dyarchie
Rafsandjani-Khameneï a réussi à barrer la route aux candidatures non seulement
des radicaux (M.
Karroubi, Mohammad Khoeynia, Sadik Khalkhali) mais aussi de
membres conservateurs du haut clergé (comme l'ancien président de la Cour
suprême, Moussavi Ardebili).
Cette manoeuvre a consacré la coupure définitive
entre le haut clergé et A.
Khameneï, sans pour autant amener à la constitution
d'une alliance entre radicaux et cléricaux conservateurs.
Les gardiens de la
révolution (pasdarans) ont été fusionnés avec l'armée et ont reçu dans leurs
rangs des conscrits.
La police a obtenu la préséance sur les comités
révolutionnaires en ce qui concerne le maintien de l'ordre.
Les radicaux ont
donc perdu leur bras armé, mais ils sont restés influents dans la presse
(journal Rissalat).
Préserver l'intégrité de l'Irak
Les radicaux ont tenté de profiter de la guerre du Golfe pour relancer une
dynamique "anti-impérialiste", mais les manifestations qu'ils ont organisées au
cours de l'automne 1990 ont toutes été des fiascos.
La guerre a été au contraire
une occasion pour l'Iran de faire sa rentrée sur la scène diplomatique et
d'apparaître comme un facteur de stabilisation.
Saddam Hussein, le chef de
l'État irakien, pour se concilier l'Iran, a évacué, en août 1990, les derniers
territoires iraniens encore occupés par l'Irak consécutivement au terrible
conflit (1980-1988) que Bagdad avait déclenché contre Téhéran.
Il a aussi
renoncé à tous ses buts de guerre contre l'Iran en acceptant le retour au traité
d'Alger de 1975 concernant la délimitation du Chatt el-Arab.
Téhéran a tenté une
conciliation entre Bagdad et les coalisés: en octobre 1990, Ali Akbar Velayati,
ministre iranien des Affaires étrangères, s'est rendu à Bagdad pour rencontrer
Saddam Hussein.
Mais, contrairement aux espoirs de Bagdad, Téhéran a maintenu
une stricte neutralité tout au long de la guerre, souhaitant à la fois
l'affaiblissement de l'Irak et le maintien de son intégrité territoriale.
C'est
ainsi que l'aviation irakienne, réfugiée en Iran après le début de l'offensive
des coalisés le 17 janvier 1991, a été mise sous séquestre par les Iraniens.
La
volonté constante de préserver la cohésion de l'Irak après la guerre a expliqué
le peu d'enthousiasme de l'Iran dans le soutien aux Kurdes d'Irak entrés en
rébellion et même aux chiites irakiens insurgés en mars 1991.
S'agissant des Kurdes, qui par centaines de milliers se sont massés sur la
frontière de l'Iran en avril 1991, la prudence de Téhéran s'expliquait aussi par
le fait que les quelque 6 millions de Kurdes d'Iran réclament une plus grande
autonomie.
Concernant l'opposition chiite irakienne, l'Iran a certes accordé un soutien
verbal à Mehdi Al Hakim, l'un de ses chefs basé à Téhéran, mais c'est à Damas,
Beyrouth et Londres, et non à Téhéran, que les opposants irakiens (des Kurdes
aux chiites en passant....
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