Iran 1992-1993 L'ouverture à l'épreuve des difficultés internes Après trois années de libéralisation et de normalisation avec le monde extérieur,...
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Iran 1992-1993
L'ouverture à l'épreuve des difficultés internes
Après trois années de libéralisation et de normalisation avec le monde
extérieur, l'Iran s'est enfoncé dans la crise économique, sociale et politique
qui a commencé de sévir en 1992-1993.
Les efforts du gouvernement du président Ali Akbar Hashémi Rafsandjani pour
passer, après la fin du conflit irano-irakien (1980-1988), d'une économie de
guerre étatisée à une économie de marché ouverte au secteur privé ont relancé la
croissance (6,5% en 1992) mais également l'inflation (près de 20% par an).
Cette
dernière a durement touché la population, provoquant la généralisation d'un
deuxième voire d'un troisième emploi chez les salariés et désorganisant
administrations et entreprises.
La libéralisation incontrôlée, entre 1990 et
1992, des importations à des taux de change subventionnés (28 milliards de
dollars en 1991, 23 milliards en 1992, pour 18 milliards seulement
d'exportations) a mis l'industrie locale en difficulté, et a provoqué une grave
crise de trésorerie: l'Iran accusait au début de 1993 plus de six milliards de
dollars d'impayés auprès de ses fournisseurs occidentaux.
Cette situation a fortement entamé le crédit dont jouissait l'Iran dans les
milieux financiers internationaux.
Elle a obligé Téhéran à réduire fortement ses
importations (15 milliards de dollars prévus pour 1993), provoquant une chute
spectaculaire du commerce extérieur du pays.
Elle a également provoqué un
tarissement des prêts occidentaux à un moment où le pays en avait le plus besoin
pour poursuivre son effort de reconstruction.
Bien que l'Iran ait continué à restaurer sa capacité de production pétrolière,
qui a atteint 4,2 millions de barils/jour en mars 1993, ses revenus en la
matière (16 milliards de dollars en 1992, représentant 85% des ressources en
devises du pays) n'ont pas encore suffi à répondre aux besoins d'une population
qui a pratiquement doublé depuis la Révolution.
Le cap des 60 millions
d'habitants - pour moitié de moins de quinze ans - a été dépassé en 1993, avec
un taux de natalité toujours proche de 3%.
Les premiers efforts de privatisation de l'industrie se sont soldés par un échec
quasi total, en raison notamment des réticences du pays à s'ouvrir aux capitaux
étrangers.
Un taux de change unique et flottant pour le rial a été décidé,
réforme indispensable mais qui a relancé l'inflation.
Ali Khameneï en position d'arbitre
Les difficultés économiques ont provoqué une crise sociale, marquée par un
désenchantement croissant à l'égard du régime islamique, notamment dans la
jeunesse où la criminalité, la consommation de drogue et le taux des suicides
ont augmenté de façon alarmante.
Pratiquement inconnus depuis la révolution, les
mouvements revendicatifs se sont multipliés en 1992 dans les entreprises, et des
cas de grèves - théoriquement interdites - ont été signalés.
Le mécontentement
croissant des couches les plus pauvres de la population - les mostazafin, ces
"déshérités" au nom desquels avait eu lieu la révolution de 1979 - s'est traduit
par une série de manifestations violentes dans plusieurs villes iraniennes au
printemps 1992.
Ces difficultés, et particulièrement les émeutes dans la ville
sainte de Machhad en mai 1992 qui ont ébranlé le régime, ont été exploitées par
les nombreux adversaires de la politique d'ouverture du président Rafsandjani.
La nouvelle majorité religieuse conservatrice du Majlis (Parlement) issue des
élections de mai 1992 s'est montrée tout aussi hostile aux réformes et à un
rapprochement avec l'Occident que les "radicaux" qui dominaient la précédente
Assemblée.
Son action d'opposition a ainsi imposé un fort ralentissement aux
réformes économiques, affaiblissant le président Rafsandjani dont la popularité
a fortement souffert des difficultés économiques.
Les religieux conservateurs,
qui ont raffermi leur emprise sur la vie politique iranienne à partir de l'été
1992, ont, en revanche, favorisé l'émergence du "guide" de la République
islamique, l'ayatollah Ali Khameneï, comme le nouvel homme fort du....
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