Iran 1996-1997 Début de recomposition politique Dans la foulée des élections législatives de mars-avril 1996, qui avaient donné à la...
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Iran 1996-1997
Début de recomposition politique
Dans la foulée des élections législatives de mars-avril 1996, qui avaient donné
à la droite conservatrice la majorité, mais qui avaient également permis
l'élection d'une cinquantaine de députés de gauche et d'environ 70
rafsandjanistes (les Serviteurs de la reconstruction), la vie politique a été
dominée par l'échéance de l'élection présidentielle du 23 mai 1997.
Les deux premiers candidats à se déclarer ont été Mohammad Rey Shahri, le
porte-parole des populistes nostalgiques de la Révolution, proche du groupe
activiste Ansar-e hezbollah (Compagnons du parti de Dieu) qui avait défrayé la
chronique de la campagne législative en faisant le coup de poing contre les
rafsandjanistes et la gauche sans pour autant épargner la droite, et Ali Akbar
Nategh Nouri, le leader de la droite conservatrice, apparemment conforté par sa
réélection à la présidence du Parlement, le 3 juin 1996.
La grande inconnue
résidait dans le choix du candidat qui porterait les couleurs de la gauche et
des Reconstructeurs.
On ne pouvait complètement exclure une nouvelle candidature
du président de la République Ali Akbar Hachemi Rafsandjani (déjà deux mandats à
son actif), qui aurait supposé une révision constitutionnelle.
Mais cette
éventualité fut écartée en novembre.
Dans ces conditions, la victoire de A.A.
Nategh Nouri paraissait d'autant plus
inéluctable qu'il avait reçu le soutien de la Société du clergé combattant
(faction dominante du régime), du courant des Motalefeh, composé pour une bonne
partie des plus grands marchands du Bazar, et de la Société des enseignants de
l'école religieuse de Qom.
Simultanément, le climat politique se trouvait
alourdi par une campagne d'islamisation de l'Université et par l'arrestation ou
le départ à l'étranger de plusieurs intellectuels en vue.
En janvier 1997,
Mohammad Khatami, directeur de la Bibliothèque nationale et ancien ministre de
la Culture et de l'Orientation islamique, que la droite avait contraint à
démissionner en 1992 pour excès de libéralisme, fut choisi comme candidat unique
par l'Alliance de la gauche et les Reconstructeurs.
Le 7 février, les élections
législatives partielles destinées à pourvoir 23 sièges dans des circonscriptions
dont les résultats avaient été annulés l'année précédente confirmaient la
poussée de ces forces, en particulier à Ispahan.
La signification de l'élection de M.
Khatami
Dès lors, la précampagne de M.
Khatami sembla mener le jeu.
L'idée s'installa
progressivement que le scrutin restait ouvert pour la première fois dans
l'histoire de la République et qu'à tout le moins un second tour était probable,
même si la démocratisation réelle de la République ne semblait pas encore à
l'ordre du jour, en l'absence de partis politiques légalement reconnus et à
cause du poids des organes de sécurité.
Comme pour les législatives de 1996, un
signe de cette mobilisation politique fut le nombre élevé de candidats qui
sollicitèrent l'aval du Conseil de surveillance de la Constitution: 238
personnes, dont neuf femmes.
En définitive le Conseil ne retint que quatre noms:
ceux de M.
Khatami, A.A.
Nategh Nouri, M.
Rey Shahri, et Seyyed Reza Zavarei,
seul non clerc, et représentant de la droite conservatrice chargé de mordre sur
l'électorat de la gauche et des Reconstructeurs.
Porté par une très forte participation du corps électoral (89 %), M.
Khatami a
été élu avec 69 % des voix, contre 25 % à A.A.
Nategh Nouri, 2,6 % à S.R.
Zavarei et 2,5 % à M.
Rey Shahri.
Son succès inattendu a traduit la forte
mobilisation des jeunes et des femmes, ainsi que de catégories de la population
qui s'étaient tenues jusqu'alors à l'écart des urnes, en particulier la diaspora
iranienne.
Mais son score impressionnant à Téhéran, tout comme la déroute de
A.A.
Nategh Nouri, démontrait également que le Bazar n'est plus entièrement
acquis à la droite conservatrice.
Cette évolution va de pair avec la montée en
puissance des entrepreneurs et des sociétés (sherkat).
De la même manière, le clergé, que l'on identifiait à la droite et à A.A.
Nategh
Nouri, a révélé des positions beaucoup plus diversifiées: outre le fait que des
ayatollahs comme Hossein Ali Montazeri, Abdolkarim Ardebili et Youssef Sanei ont
pris fait et cause pour M.
Khatami, la ville de Qom lui a donné 59 % de ses
voix, et Meched 70 %.
Certains membres de la Société des enseignants de l'école
religieuse de Qom avaient d'ailleurs fait....
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