Iran 1998-1999 En quête de pluralisme, voire de démocratie A peine plus d'un an après l'élection du nouveau président de...
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Iran 1998-1999
En quête de pluralisme, voire de démocratie
A peine plus d'un an après l'élection du nouveau président de la République,
Mohammad Khatami (23 mai 1997), dont les maîtres mots sont le dialogue, le
respect de l'État de droit et la promotion de la société civile, la violence est
revenue sur le devant de la scène politique iranienne.
En août 1998, Asadollah
Ladjervardi, ancien responsable de l'administration pénitentiaire, honni par les
familles des victimes de la répression des années quatre-vingt, a été abattu à
Téhéran.
Le même mois, Mohsen Rafighdoust, président de la très puissante
Fondation des déshérités, l'un des personnages les plus énigmatiques du régime,
échappait à un attentat.
L'émotion a culminé en novembre lorsqu'un ancien
ministre de Mehdi Bazargan, Daryoush Forouhar, et son épouse, Parvaneh
Eskandari, ont été poignardés à leur domicile et lorsque plusieurs journalistes
et intellectuels, proches du Cercle des écrivains, ont disparu et ont finalement
été retrouvés morts.
La multiplication des manifestations de protestation,
notamment lors des funérailles des victimes, et l'ampleur des critiques de la
presse - bien que celle-ci ait été soumise au harcèlement de la justice depuis
plusieurs mois, que des titres aient été interdits ou suspendus, et que l'équipe
rédactionnelle la plus en vue, celle de Djame'eh (devenu tous), ait été
emprisonnée pendant plusieurs semaines en septembre-octobre 1998 - ont amené le
président Khatami et le Guide de la Révolution, Ali Khamenei, à exiger que la
lumière soit faite sur ces meurtres.
L'enquête a abouti à l'arrestation de
fonctionnaires du ministère du Renseignement et à la démission de Ghorbanali
Dorri Nadjafabadi, titulaire de ce portefeuille, en février 1999.
Sans précédent
dans l'histoire de la République, ce dénouement a été perçu comme une victoire
de son président.
Retour de la violence politique
L'évolution politique et économique du pays, depuis la fin des années
quatre-vingt, a marginalisé une partie des acteurs de la Révolution et de la
guerre contre l'Irak (1980-1988), dont certains étaient susceptibles de recourir
à la violence.
L'ouverture culturelle progressive du régime, l'inflexion de sa
politique étrangère, la professionnalisation de sa classe politique, la
libéralisation économique - aussi limitée soit-elle - et la montée en puissance
du secteur privé ont lésé certains intérêts, les frustrations favorisant
l'extrémisme populiste.
La colère des militants du Ansar-e hezbollah (Compagnons
du parti de Dieu), qui, tout au long de l'année, ont agressé physiquement
plusieurs personnalités politiques ou des rédactions de journaux, en aura été
une expression récurrente depuis les législatives de 1996.
Mais les meurtres de
1998 ont prouvé que la République islamique avait aussi ses soldats perdus.
L'assassinat, en avril 1999, du général Ali Sayyad Shirazi, l'adjoint au
commandant en chef des forces armées, a suggéré que la série des attentats
n'était pas forcément close, même si cet acte terroriste a été imputé aux
modjahedin du peuple.
Le puissant mouvement de juillet 1999 et la contremanifestation organisée en
réaction ont souligné, dans la rue, l'avivement des luttes politiques.
La scène
électorale et institutionnelle est demeurée un cadre important de la lutte
factionnelle.
En octobre 1998, le Conseil des experts, dont la principale
prérogative est de pourvoir, en cas de nécessité, à la succession du Guide de la
Révolution, a été renouvelé.
Dans la sélection des candidatures, le Conseil de
surveillance de la Constitution a outrancièrement privilégié la droite.
Mais la
participation électorale a été très faible (45 %).
En revanche, les conditions
contestables du scrutin ont relancé le débat sur les prérogatives du
jurisconsulte (velayat-e faqih), le Guide de la Révolution, et contribué à
diffuser une conception plus constitutionnaliste que sacraliste de cette
institution centrale de la République.
En février 1999, l'élection des conseils islamiques des villes, des banlieues et
des villages, prévue depuis le lendemain de la Révolution, s'est soldée par la
victoire des partisans de M.
Khatami, qui ont notamment emporté la mairie de
Téhéran avec, comme tête de liste, Abdollah Nouri, l'ancien ministre de
l'Intérieur destitué par le Parlement en juin 1998, et pris à partie par des
militants du Ansar-e hezbollah en septembre.
Dans ce contexte, le rejet de
l'appel déposé par l'ancien maire, Gholamhossein Karbastchi, condamné à une
peine de prison pour corruption en 1998, l'arrestation du....
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