Iran 2000-2001 Poursuite du bras de fer politique À peine achevées les élections législatives des 18 février et 5 mai...
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Iran 2000-2001
Poursuite du bras de fer politique
À peine achevées les élections législatives des 18 février et 5 mai 2000, qui
ont donné une confortable majorité aux réformateurs soutenant le président
Mohammad Khatami (environ 200 députés sur 290), la guerre de positions entre les
deux principaux courants politiques a repris de plus belle.
La justice, aux
mains des conservateurs, a multiplié les interdictions de journaux et les
arrestations de journalistes, d'intellectuels, de clercs dissidents, d'opposants
ou de membres de la majorité présidentielle.
Les participants à la conférence
organisée à Berlin par la Fondation Heinrich Böll (7 et 8 avril 2000), les
leaders étudiants du Bureau de consolidation de l'unité et les dirigeants du
Mouvement de libération de l'Iran (MLI), en particulier, ont été durement
touchés.
L'incarcération et les aveux publics d'Ezzatollah Sahabi, l'un des
principaux responsables du MLI, et la condamnation à mort de Youssefi Eshkevari
(présent à la conférence de Berlin) ont particulièrement choqué l'opinion.
Surtout, les conservateurs ont obtenu du Guide de la Révolution, Ali Khamenei,
qu'il fasse retirer de l'ordre du jour parlementaire le projet d'une nouvelle
loi de presse plus libérale (6 août 2000).
En octobre 2000, le ministre de la
Culture, Ataollah Mohadjerani, a remis sa démission, que le président M.
Khatami
a fini par accepter le 14 décembre.
Dans le même temps, les violences politiques
émanant des services secrets et des milices du Ansar-e Hezbollah (Compagnons du
parti de Dieu) se sont poursuivies (affrontements à Khorramabad en août 2000).
Réélection triomphale de M.
Khatami
Face à cette offensive, M.
Khatami a esquivé la confrontation et a pu conserver
le soutien du Guide de la Révolution, sans pour autant réussir à obtenir une
révision de la Constitution étendant ses prérogatives (novembre 2000).
Laissant
planer le doute sur sa candidature à l'élection présidentielle du 8 juin 2001,
il a finalement sollicité un second mandat.
Bénéficiant de la division des
conservateurs, partis battus d'avance, mais aussi de l'invalidation par le
Conseil des Gardiens de la Résolution de deux autres candidatures réformatrices
(celle de Mohsen Sazgara et d'Ebrahim Asgharzadeh), M.
Khatami a déjoué les
pronostics en recueillant 77 % des suffrages exprimés (contre 69 % en 1997).
Le
tassement de la participation (67 % contre 80 % à la dernière présidentielle) a
nuancé ce triomphe.
Les électeurs ont, une fois de plus, clairement voté en faveur de l'ouverture
politique et de l'instauration d'un État de droit, les réformateurs ayant donné
à la consultation la forme d'un référendum.
Mais la droite, si elle a encore
reculé par rapport à 1997, n'en continuait pas moins de représenter le tiers du
corps électoral.
La conséquence la plus probable du scrutin semblait devoir être
la recomposition du courant conservateur avec l'émergence - encore problématique
- d'une tendance moderniste.
En revanche, les tenants de la ligne "dure", dont
le candidat, Ali Fallahian, ancien ministre du Renseignement, a rallié moins de
1 % des suffrages, ont été les grands perdants de la consultation.
La réélection aisée de M.
Khatami s'expliquait aussi par la relative embellie
économique qu'a provoquée la hausse des cours de pétrole, bien que le
gouvernement ait résisté à la tentation d'injecter ce surcroît de recettes (+ 9
milliards de dollars) dans le budget et de les redistribuer à l'approche d'un
scrutin décisif.
De 2000 à 2001, la croissance s'est accélérée (3,6 % contre 2,6
%) et l'inflation n'a pas diminué (18,5 % contre 15,0 %).
L'excédent de la
balance commerciale est passé de 1,2 milliard de dollars à 10 milliards et la
dette extérieure a été ramenée de 14,4 à 10,4 milliards de dollars.
Les
conditions de vie ont cependant continué à se détériorer (13 % des Iraniens
vivent au-dessous du seuil de pauvreté), entraînant des mouvements sociaux, une
hausse de la délinquance, une accélération de l'exode rural et de l'émigration
(notamment de personnes qualifiées : 220 000 cadres scientifiques et hommes
d'affaires auraient quitté le pays en un an).
En outre, 18 des 28....
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