Israël (1981-1982): Les nouvelles règles du jeu Pour la société israélienne, l'année 1981 aura été celle de l'accélération: la réélection...
Extrait du document
«
Israël (1981-1982): Les nouvelles règles du jeu
Pour la société israélienne, l'année 1981 aura été celle de l'accélération: la
réélection avec une faible majorité, le 30 juin, de Begin à la tête d'un nouveau
cabinet de droite inaugure - dans les territoires occupés, au Liban, mais aussi
en Israël même - ce que le quotidien israélien Ha'aretz appelle, le 19 juillet
1981, en commentant les centaines de victimes civiles des bombardements
israéliens au Liban, "un changement des règles du jeu".
Économiquement, la situation n'est pas fondamentalement différente de celle de
1980: l'inflation se maintient à un rythme annuel de 130-160%, la monnaie est
dévaluée (10 livres = 1 shekel), et la dépendance demeure absolue par rapport au
flux financier, essentiellement américain, qui alimente de l'extérieur
l'économie.
Cette dépendance y préserve, en dépit du discours "libéral" de la
droite nationaliste au pouvoir, le rôle prépondérant de l'État et des divers
secteurs qui lui sont à divers degrés incorporés ou inféodés.
Le nombre des
chômeurs officiels est en progression constante depuis 1979.
Représentant près
de 7% de la population active, il inquiète les responsables qui se souviennent
des 10% de l'époque de la "récession" (de 1965 à 1967) et de ses "désordres
sociaux".
La seule branche de la production qui connaisse une véritable
expansion, et constitue une source de profits tant étatiques que semi-privés,
c'est l'industrie d'armements: depuis les mitraillettes légères jusqu'aux avions
de chasse qu'Israël fournit à la plupart des dictatures militaires et des
régimes fascistes dans le monde, particulièrement en Amérique latine.
L'exportation des armes (et également des "techniques") israéliennes renforce la
tendance à la militarisation d'une économie déjà marquée par l'hypertrophie des
appareils dits "de sécurité".
L'immobilisation périodique des deux tiers de la
force de travail active, pour assurer le contingent permanent des réservistes,
constitue déjà une hypothèque structurelle par rapport à une logique de pur
profit.
L'absence de marché régional (ou de compétitivité internationale) pour
la production industrielle locale renforce la toute-puissance financière des
appareils militaires soutenus par "l'accord stratégique" israélo-américain.
Le
conflit armé israélo-palestinien et libanais, qui constitue un champ permanent
d'expérimentation, d'utilisation et de perfectionnement des armes américaines et
israéliennes, accentue encore cette domination de l'industrie et du commerce de
la guerre et de la répression sur les autres branches de l'économie israélienne.
Socialement, l'année 1981 aura vu, de façon plus aiguë que jamais auparavant,
l'éparpillement et la neutralisation des multiples luttes économiques locales ou
sectorielles - en particulier dans les services publics - dans l'affrontement
des appareils liés aux deux grands blocs parlementaires, la coalition
nationaliste au pouvoir et l'opposition travailliste.
Tout au long de la
campagne électorale, la majorité "orientale" a été mobilisée contre les
travaillistes dans une démarche d'une rare violence, où le fascisme des méthodes
et du discours s'articulait, paradoxalement, sur la haine des "Ashkenazes", les
Juifs d'origine européenne dont la culture et le mode de vie sont identifiés à
l'hégémonie du vieil establishment travailliste, et dont le Kibboutz,
phalanstère orgueilleux et privilégié producteur d'élites, est le symbole.
D'où
cet étonnant hiatus entre la crise sociale et la crise politique et idéologique:
l'électorat populaire (et majoritairement "sépharade", oriental) vote
majoritairement pour la droite, tandis que le "pacifisme" des couches
privilégiées s'alimente à la haine de la "populace" orientale.
Pratiquement
toutes les "affaires" - du procès en pots-de-vin inventé, et perdu, par le
gouvernement contre le ministre (marocain) des Religions, Aharon Abou Hatzera,
aux tensions au sein des partis -....
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓