Israël (1982-1983) Craquements dans le consensus national Israéliens face aux Palestiniens, Israéliens face à eux-mêmes: 1982 est une nouvelle année...
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Israël (1982-1983)
Craquements dans le consensus national
Israéliens face aux Palestiniens, Israéliens face à eux-mêmes: 1982 est une
nouvelle année d'affrontements entre les deux peuples, mais c'est aussi l'année
de la déchirure du consensus national israélien.
En 1982, toute l'initiative est du côté israélien.
Au Liban, l'objectif est de
détruire l'infrastructure de l'OLP en s'attaquant au dernier sanctuaire
palestinien, sans craindre une intervention massive des armées arabes.
Dans les
territoires arabes occupés après 1967, il s'agit de saper toute possibilité de
création d'un État palestinien.
L'enjeu est le même, comme l'expliquera le chef
d'état-major israélien, le général Rafael Eytan, aux soldats appelés à monter à
l'assaut de Beyrouth-Ouest en août 1982: "La bataille de Beyrouth est celle
d'Eretz Israël", la "terre d'Israël" aux frontières élastiques, englobant au
minimum la Palestine du mandat britannique.
Mais déjà plus le Sinaï égyptien.
Le 25 avril en effet, au jour prévu par les accords de Camp David, le dernier
soldat israélien a quitté le Sinaï, mettant fin à une présence de quinze années.
Le même jour, les deux leaders égyptien et israélien, Hosni Moubarak et Menahem
Begin, promettent à leurs peuples que "la paix régnera désormais entre les deux
pays".
Pour nombre d'Israéliens, cette paix "glacée" a été payée trop cher, notamment
pour les 7 000 colons obligés de partir et plus généralement pour tous ceux qui
craignent que ce retrait du Sinaï ne serve de précédent en "Judée-Samarie"
(Cisjordanie).
Quelques milliers d'entre eux tenteront en vain d'empêcher
l'évacuation de la zone de Yamith, près de la Méditerranée.
Mais les foules
israéliennes ne viendront pas à ce baroud d'honneur.
L'armée, qui leur avait
permis d'occuper le terrain, liquidera l'affaire en quelques heures, sans verser
de sang.
Yamith sera alors rasée par ordre du ministre de la Défense Ariel Sharon, sans
explications: symbole du traumatisme où a été plongé le peuple israélien, et
encore plus son gouvernement, le jour où il fallut démanteler des colonies de
peuplement.
Le retrait du Sinaï marque aux yeux des autorités israéliennes
l'extrême limite de leurs concessions territoriales.
Pour prouver que ce retrait ne peut être qu'exception, le processus d'annexion
sera vigoureusement accéléré sur le plateau du Golan, soumis à la législation
israélienne depuis décembre 1981.
La carte d'identité israélienne est imposée
aux 13 000 habitants druzes, malgré une grève générale de six mois.
En
Cisjordanie, de nouvelles colonies de peuplement sont construites le long des
axes routiers.
Il y en aura 130 au début de 1983.
Les colons disposent déjà d'un
dixième des terres domaniales annexées par les autorités israéliennes (un tiers
de la Cisjordanie).
Hors de Jérusalem, ces colons ne sont pourtant pas plus de
30 000.
Afin de multiplier par trois ou quatre ce chiffre dans les cinq ans, 22
000 unités de logement sont mises en chantier.
Elles permettront à des colons
d'un nouveau style de s'installer, attirés par les "trois pièces cuisine à
moitié prix + qualité de la vie", dans les "monts de Samarie", près des grandes
villes israéliennes.
Ces colons sont certes moins motivés que leurs
prédécesseurs du "bloc de la foi" (Goush emounim), champions des "colonies
sauvages", mais beaucoup plus nombreux.
L'annexion rampante en Cisjordanie
Face au remodelage de la géographie de leur patrie et aux pressions des
autorités d'occupation, la population palestinienne est pratiquement sans
défense.
Des universités (Bir Zeit) font grève: on les ferme pour plusieurs
mois.
Des maires annoncent qu'ils ne coopéreront pas avec l'administration
civile, dernière mouture de l'administration militaire: ils sont démis de leurs
fonctions, qu'ils soient considérés comme radicaux comme Bassam Chakaa, le maire
de Naplouse, et Karim Khalaf, celui de Ramallah ; ou "modérés" et pro-jordaniens
comme le maire de Gaza, Rachad al Chawa.
Certes, les élus palestiniens réussissent à empêcher la mise en place d'un
régime d'autonomie qu'ils jugent fantoche, prévu par les accords de Camp David.
L'administration ne réussit pas davantage à transformer en interlocuteurs
valables les quelques centaines de membres de "ligues de villages" qu'elle arme
et soutient.
Le vide politique ne paraît cependant pas gêner les Israéliens dans
leur politique de colonisation massive.
Dans les rues, face à des jeunes manifestants qui usent de pierres, la troupe va
tirer de plus en plus facilement.
Plus de vingt jeunes Palestiniens tomberont
ainsi sous les balles des militaires ou de colons armés qui multiplient les
provocations.
Le paroxysme est atteint à Jérusalem, le 11 avril, lorsqu'un
forcené, Juif américain mobilisé dans l'armée israélienne, tire sur la foule des
fidèles musulmans sur....
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