Israël (1987-1988): Le choc de l'"intifada" Alors qu'Israël se préparait à fêter le quarantième anniversaire de sa création, le soulèvement...
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Israël (1987-1988): Le choc de l'"intifada"
Alors qu'Israël se préparait à fêter le quarantième anniversaire de sa création,
le soulèvement (intifada, en arabe) général des Palestiniens des territoires
occupés qui a éclaté dans la deuxième semaine de décembre 1987 a été, de loin,
l'événement le plus important de la période 1987-1988.
Pour la première fois
depuis le début de l'occupation de la Cisjordanie et de la bande de Gaza (juin
1967), la population palestinienne s'est révoltée avec une cohésion sans
précédent.
Grèves, manifestations, actes de désobéissance civile se sont
multipliés sur l'ensemble des territoires ; aux armes à feu de l'armée
israélienne, les Palestiniens ont opposé les pierres et les cocktails Molotov.
Une répression sans précédent
Le bilan de la répression a été terriblement lourd.
Au bout du sixième mois de
l'intifada, on comptait quelque 250 victimes palestiniennes.
C'est le 16 avril
1988, jour de l'assassinat, à Tunis, de Khalil al-Wazir (Abou Jihad), l'adjoint
de Yasser Arafat, chef de l'OLP (Organisation de libération de la Palestine),
que le plus grand nombre de manifestants ont été tués (19).
Bien qu'Israël n'ait
pas revendiqué officiellement ce meurtre, il en a été tenu pour responsable.
En juin 1988, le nombre de blessés palestiniens se chiffrait par milliers dont
plus de 2 000 victimes des bastonnades de l'armée israélienne.
Les avortements
ont augmenté de 10% du fait de l'utilisation massive des gaz lacrymogènes.
Plus
de 13 000 Palestiniens, des jeunes en majorité, ont été arrêtés.
Environ 2 000
ont été incarcérés sans comparaître devant un quelconque tribunal.
Vingt personnes ont été expulsées au Liban, ce qui a valu à Israël d'être
condamné à l'unanimité par le Conseil de sécurité de l'ONU.
Des dizaines de
maisons de "suspects" ont été détruites en guise de représailles.
Maintes fois
des couvre-feu ont été imposés, parfois assortis d'un blocus économique.
Les
universités et les écoles palestiniennes ont été fermées.
Les punitions
collectives, les sévices et les humiliations sont devenus monnaie courante.
Les
tortures pratiquées par les services de sécurité lors des interrogatoires se
sont multipliées depuis le début de l'insurrection.
Des restrictions sévères ont
souvent empêché les journalistes de couvrir les événements.
Le "commandement national unifié" qui dirige le soulèvement, en coordination
avec l'OLP, exerce son autorité sur toutes les couches de la population
palestinienne.
Dans chaque agglomération, des comités locaux ont été mis en
place et ont décidé le déclenchement des grèves et des manifestations, fixé les
heures d'ouverture et de fermeture des magasins, etc.
Sur ordre de la direction
de l'intifada, les policiers palestiniens locaux ont démissionné.
Dans certaines
localités excentrées, les habitants ont fermé les voies d'accès et proclamé leur
village "zone palestinienne libre".
La révolte n'a pas épargné la partie arabe
de Jérusalem, annexée en juin 1967.
Le maire israélien a dû reconnaître que,
dans la ville "réunifiée", la fameuse "coexistence" était "morte".
L'intifada trouve son origine non seulement dans la répression quotidienne
devenue insupportable aux Palestiniens, mais aussi dans l'indifférence du monde
arabe à l'égard de leur problème, comme en a témoigné le sommet arabe d'Amman de
novembre 1987.
Le désespoir était arrivé à son comble.
C'est la mort
accidentelle de quatre Palestiniens à Gaza, le 8 décembre, considérée par la
population locale comme des représailles à l'assassinat d'un civil israélien
perpétré la veille dans la même ville, qui a provoqué l'étincelle.
Les retombées économiques
Au plan économique, le soulèvement a eu des effets néfastes sur la population
palestinienne, totalement dépendante du marché israélien.
L'une des sources
principales de revenus des territoires occupés est en effet le travail des
Palestiniens en Israël (120 000 ouvriers gagnent 550 millions de dollars par
an).
L'arrêt partiel de ce travail a causé une véritable crise économique en
Cisjordanie et à Gaza, d'autant plus que les autorités militaires ont suspendu
en partie l'envoi des fonds venus de l'étranger vers ces régions.
L'économie israélienne a également été affectée.
Au cours des six premiers mois,
l'intifada lui a coûté presque un milliard de dollars (arrêts de travail des
Palestiniens, suspension du paiement des taxes, boycottage partiel des
marchandises israéliennes dont la vente annuelle s'élève à 1 100 millions de
dollars, etc.).
Cependant, l'inflation a été maîtrisée en 1987, pour la deuxième
année consécutive:....
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