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Israël (2003-2004): La «paix» par la force ? L’année 2004 aura marqué, pour Israël, un tournant depuis le déclenchement de...

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« Israël (2003-2004): La «paix» par la force ? L’année 2004 aura marqué, pour Israël, un tournant depuis le déclenchement de la seconde intifada, en septembre 2000.

Certes, le processus diplomatique n’a pas été relancé : la «feuille de route» du «quartet» (États-Unis, Union européenne, Russie, Nations unies) solennellement patronnée par le roi Abdallah II de Jordanie et le président Bush au «sommet» d’Akaba (Jordanie) en juin 2003, aux côtés des Premiers ministres israélien et palestinien, Ariel Sharon et Mahmoud Abbas, est restée lettre morte.

Si la perspective d’un règlement définitif du conflit fondé sur la coexistence de deux États, Israël et une Palestine souveraine et viable, est restée bien éloignée, la situation d’Israël s’est améliorée au plan sécuritaire.

L’indice le plus net en a été l’amélioration de la sécurité des personnes : au cours des six premiers mois de 2004, les attentats ou tentatives d’attentats avaient baissé de 75 % par rapport à la même période de l’année précédente, conduisant à une réduction sensible du nombre de victimes.

Entre juillet 2003 et juin 2004, 155 Israéliens, civils et militaires, ont été tués par des Palestiniens (contre 242 l'année précédente).

Dans la même période, 559 Palestiniens ont été tués par l'armée israélienne.

Cette évolution, positive du côté israélien, a découlé de l’action soutenue de l’armée qui a intensifié ses opérations militaires dans les territoires palestiniens et de la poursuite de la construction de la «barrière de sécurité».

Cette clôture de séparation qui empiète sur la Cisjordanie courait, à la mi-2004, sur 160 km au nord de la Cisjordanie et autour de Jérusalem.

Cet ouvrage monumental a été considéré comme contraire au droit international dans un avis rendu par la Cour de justice internationale en juillet 2004. Les incursions dans les villes, villages et camps de réfugiés sont devenues routinières, se concentrant en particulier dans la bande de Gaza afin de détruire l’infrastructure militaire du Hamas et du Jihad islamique.

Pour affaiblir durablement ces organisations, Israël a décidé de frapper à la tête : trois fondateurs du Hamas furent ainsi éliminés physiquement (Ismaël Abou Chanab en août 2003, Cheikh Ahmed Yassin, le guide spirituel du mouvement islamiste, en mars 2004, son successeur, Abdelaziz al-Rantissi, en avril).

Cette politique d’éradication, en désorganisant les différents groupes activistes, a réduit leur capacité à perpétrer des attentats, mais elle a été payée au prix lourd par les Palestiniens.

Les interventions dans des zones urbaines densément peuplées, comme à Rafah (sud de la bande de Gaza), sont en effet allées de pair avec la destruction de maisons et la mort de nombreux civils.

Ce renforcement de la pression sur les organisations palestiniennes est aussi à rattacher au plan de retrait unilatéral de la bande de Gaza présenté par le Premier ministre Ariel Sharon en février 2004, plan qui s’accompagnerait du démantèlement des vingt et une colonies juives (plus quatre colonies isolées de Cisjordanie) et du redéploiement de l’armée (en particulier le long de la frontière avec l’Égypte). Un retrait unilatéral de Gaza ? Comment le Premier ministre, champion incontesté de la colonisation juive, en est-il arrivé à envisager l’évacuation de Gaza ? Par pragmatisme.

En 2003, 5,5 millions de Juifs cohabitaient avec 4,8 millions d’Arabes entre la Méditerranée et le Jourdain, les deux populations devant sous peu être à parité en l’absence de vague migratoire massive provenant de la diaspora.

Israël se trouverait dès lors dans une situation impossible : comment, en effet, préserver un fonctionnement démocratique normal tout en maintenant une domination militaire sur 3,5 millions de Palestiniens et en contrôlant 1,3 million de citoyens arabes en Israël ? Pour sortir de ce piège, la réduction de la pression démographique est impérieuse, et la bande de Gaza, peuplée de 1,3 million de Palestiniens – au milieu desquels se trouvent 7 500 colons israéliens –, apparaissait idéale pour atteindre cet objectif.

Ce plan pourrait-il devenir réalité ? Il bénéficie de deux atouts.

Le premier est sa popularité : plus des deux tiers des Israéliens le soutenaient à la mi-2004.

Le second est l’appui que lui a donné en avril le président George W.

Bush.

Ce dernier a salué un «acte historique et courageux» et a reconnu de fait, au passage, préalablement à toute négociation, que les blocs de colonies les plus denses seraient annexés par Israël.

La position américaine a alimenté une forte crainte chez les Palestiniens, mais aussi chez les dirigeants européens : celle.... »

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