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Italie (1982-1983): Un pays comme les autres... Pour la plupart des Italiens, l'année 1982 aura été avant tout celle de...

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« Italie (1982-1983): Un pays comme les autres... Pour la plupart des Italiens, l'année 1982 aura été avant tout celle de la victoire inespérée au "mundial" de football.

Pendant toute la nuit du 12 juillet, un pays en liesse fête le triomphe de la "squadra azzurra" et de son avant-centre Paolo Rossi, le héros qui marqua à lui seul six buts, le record de cette coupe du monde.

La péninsule est à l'heure du tricolore et même les glaces - pistache, vanille, fraise - sont un hommage aux couleurs du drapeau national. "Italia e'grande": ce slogan semble résumer la redécouverte d'un orgueil national.

La participation italienne à la force multinationale de paix envoyée à Beyrouth va encore renforcer ce renouveau d'un patriotisme refoulé depuis le fascisme.

C'est la première fois depuis la guerre que l'armée est appelée à un expédition hors des frontières.

Et c'est en outre pour la bonne cause, dans le cadre d'une mission internationale, aux côtés des Américains et des Français.

Le rôle de l'Italie, ne serait-ce que pour la paix et la sécurité du bassin méditerranéen, se voit ainsi reconnu par la communauté internationale. L'année 1982 pourrait marquer pour l'Italie l'amorce d'un retour sinon d'une entrée dans la "normalité" européenne.

Giovanni Spadolini, secrétaire du petit Parti républicain et premier président du Conseil depuis la naissance de la république à ne pas appartenir à la Démocratie chrétienne, affirme d'ailleurs que, dès l'instauration de son premier gouvernement le 26 juin 1981, c'était là son but... Sur le plan de la lutte contre le terrorisme, 1982 aura marqué un incontestable tournant.

S'il est peut-être prématuré de parler de la fin des Brigades rouges (BR), celles-ci ne semblent pas moins désormais presque totalement démantelées. Le 28 janvier 1982, la police fait irruption dans un appartement de Padoue où, depuis un peu plus d'un mois, les BR séquestrent le général américain James Lee Dozier.

Pour la première fois, les forces de l'ordre italiennes sont en mesure de libérer un otage du groupe terroriste.

Puis, en quelques semaines, police et carabiniers découvrent des dizaines de "caches", et arrêtent plus de 200 "brigadistes" ou supposés tels.

Afin de profiter des importantes remises de peines prévues par la loi, certains brigadistes de premier plan comme Antonio Savasta, responsable de la "colonne vénitienne" des BR, acceptent de collaborer avec les enquêteurs.

Les dépositions des terroristes "repentis" expliquent en grande partie l'ampleur des succès remportés par les forces de l'ordre. Mais pour inciter certains inculpés à parler, la police aurait-elle aussi employé des méthodes plus "musclées"? Pour la première fois depuis des années, on parle en Italie de "torture" dans les commissariats.

Des députés radicaux ou d'extrême-gauche apportent des témoignages de passages à tabac, de séquestrations arbitraires dans des villas isolées ou d'utilisation de la "gégène".

Le 15 février, le ministre de l'Intérieur affirme solennellement: "La lutte contre la subversion a été menée dans le cadre de la légalité républicaine avec toutes les garanties démocratiques".

Des cas de violences exercées contre des "prisonniers" semblent pourtant bien avoir existé, même s'ils sont restés très rares.

Et surtout, ils n'expliquent pas que tant de brigadistes aient parlé. L'effondrement des Brigades rouges Profondément divisée et composée désormais de militants peu formés et inexpérimentés, l'organisation terroriste s'effondre sous le poids de ses propres contradictions: l'isolement désormais total du terrorisme dans la société, et la conscience qu'il représente désormais une voie sans issue.

"La lutte armée, affirme Enrico Fenzi, l'un des idéologues du groupe, a manqué tous les rendez-vous politiques et sociaux qu'elle s'était fixés depuis dix ans.

Il faut avoir le courage de la réfuter en bloc, sinon on se condamne à la folie." Deux mois plus tard, le 14 avril, s'ouvre à Rome dans un gymnase transformé en forteresse, le procès de la "colonne romaine" des Brigades rouges accusée notamment de l'enlèvement et de l'assassinat, quatre ans plus tôt, du chef de la Démocratie chrétienne, Aldo Moro. Un chapitre de l'histoire italienne semble alors sur le point de se terminer.

En revanche, le défi lancé aux institutions par le crime organisé - qu'il s'agisse de la Mafia sicilienne ou de la Camorra napolitaine - est plus grave que jamais. Dans la seule province de Naples, 275 personnes sont assassinées au cours de l'année, dans des règlements de comptes entre clans rivaux de la pègre.

A Palerme également, le nombre des homicides bat un sinistre record.

L'enjeu est le contrôle du marché de la drogue avec les États-Unis, un pactole estimé à 2 000 milliards de lires par an.

Le général Carlo Alberto Dalla Chiesa, le "vainqueur des Brigades rouges", nommé en mai préfet de Palerme, est assassiné le 3 septembre avec sa jeune femme.

Sur le lieu de l'attentat quelques citoyens anonymes installent un panneau: "Ici est mort l'espoir des Palermitains honnêtes." Les communistes rompent avec Moscou En ce début de 1982, l'Italie connaît un autre tournant historique: le Parti communiste (PCI) consomme sa rupture avec Moscou Certes les formes demeurent, comme en témoigne la rencontre de M.

Zagladin, numéro deux du Parti communiste de l'Union soviétique pour la politique étrangère, avec le secrétaire général du PCI, Enrico Berlinguer, à l'automne.

"La déchirure", comme l'appellent les prosoviétiques du PCI, n'en est pas moins réelle.

Au lendemain du putsch en Pologne, Enrico Berlinguer condamne à la télévision le coup d'État militaire et remet même en cause le modèle de socialisme hérité de la Révolution d'Octobre. Le 30 décembre 1981, la direction approuve un document "sur les événements de Pologne" qui affirme notamment: "Il nous faut prendre acte du fait que la phase du développement du socialisme qui a commencé avec la Révolution d'Octobre a épuisé sa force motrice." Quinze jours plus tard, ouvrant les travaux du Comité central, Enrico Berlinguer parle du "marxisme-léninisme" comme d'une "doctrine ossifiée" et dénonce le camp socialiste comme "un camp idéologico-militaire gouverné par une logique de pouvoir".

Seul le dirigeant communiste Armando Cossutta vote contre la ligne générale. Si le mot "rupture" n'est pas prononcé par les communistes italiens, celle-ci est consommée dans les faits.

Et on parle désormais de "troisième phase" dans l'histoire du mouvement ouvrier européen.

Moscou envenime la polémique et accuse les "amis de Berlinguer de prêter une assistance directe à l'impérialisme". Aboutissement d'une longue évolution commencée sous Palmiro Togliatti, cette rupture n'en trouble pas moins les esprits du peuple communiste italien.

Certes, ces "nostalgiques", ouvertement prosoviétiques, regroupés autour de la revue Interstampa, ou ceux plus discrets qui.... »

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