Italie (1983-1984): Et vogue le navire... Au printemps 1983, la déconfiture du gouvernement dirigé depuis le 2 décembre 1982 par...
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Italie (1983-1984): Et vogue le navire...
Au printemps 1983, la déconfiture du gouvernement dirigé depuis le 2 décembre
1982 par le démocrate-chrétien Amintore Fanfani, amenait des élections
anticipées.
Malgré le soutien de la Cofindustria (équivalent italien du CNPF
français) et de la majorité de la presse, la Démocratie chrétienne (DC) essuyait
la plus sévère défaite électorale de son histoire: elle n'obtenait que 32,9% des
voix, reculant de six points par rapport aux élections de 1979.
Le Parti
communiste (PCI) recueillait le tiers des suffrages, confirmant ainsi la grande
fidélité de son électorat.
Les petites formations connaissaient des succès
inattendus: ainsi le Parti républicain de Giovanni Spadolini (ancien président
du Conseil) obtenait 5,1% des voix, au lieu de 3% précédemment ; le MSI, parti
néo-fasciste, réalisait une remarquable performance avec 6,8% des suffrages ; le
Parti des retraités et les petits partis autonomistes locaux comme la Liga
Veneta ou le Partito Sardo d'Azione, ont également surpris les politologues
avertis...
Quant au Parti socialiste italien (PSI), malgré les affaires louches
qui l'avaient affecté au cours de la campagne électorale (dix jours avant le
scrutin, l'ancien président de la région Liguria et quelques dizaines d'élus du
PSI étaient arrêtés pour corruption), il réalisait un bon score avec 11,4% des
voix, permettant ainsi à son leader Bettino Craxi d'accéder à la présidence du
Conseil.
Le 5 août 1983, un nouveau gouvernement était constitué sur la base
d'une alliance PSI-DC-PRI-PSDI-PLI, au sein de laquelle les démocrates chrétiens
étaient majoritaires, Bettino Craxi devant accepter les ministres que chaque
formation lui recommandait.
Ce gouvernement a joué, tout au long des mois suivants, la carte de la
solidarité altantiste: les missiles de croisière américains ont été, comme
prévu, installé à Comiso en Sicile au printemps 1984, malgré l'hostilité des
communistes, des radicaux, de l'extrême-gauche et de nombreux chrétiens, et
malgré les nombreuses manifestations de protestation, dont l'important
rassemblement de 700 000 personnes à Rome le 22 octobre 1983.
La participation à
la Force multinationale à Beyrouth a soulevé au cours de l'automne 1983 de
violentes polémiques: l'opposition de gauche, considérant que la mission de paix
était terminée avec la reprise de la guerre civile et le soutien américain au
président libanais, réclamait le départ des troupes italiennes.
Mais le
gouvernement, soucieux de l'avis de ses alliés, décidait de laisser son
contingent sur place.
Et le retrait s'effectuait finalement en février 1984,
après le départ des soldats américains.
Le nouveau gouvernement italien a été particulièrement actif au niveau
international: Bettino Craxi s'est rendu en Hongrie, le ministre des Affaires
étrangères a été reçu à Moscou ; et aux différents sommets européens en 1983 et
1984, le gouvernement italien a été une force de propositions, même si la
question agricole n'a pas été abordé dans le sens souhaité par les paysans
italiens, Bettino Craxi jouant le rôle d'un chef de file de l'Europe
méditerranéenne.
Un décret contesté
Sur le plan intérieur, le gouvernement Craxi a été confronté aux problèmes
économiques bien connus des États en crise: forte inflation (12,8% en 1983),
très important déficit budgétaire (100 000 milliards de lires, soit environ 500
milliards de francs), chômage inquiétant (plus de 10% de la population active).
En faisant de la lutte contre l'inflation un point prioritaire de sa politique
économique, le gouvernement a remis en cause le système de l'échelle mobile des
salaires, voulant à nouveau modifier l'accord du 22 janvier 1983 entre le
patronat et les syndicats sur l'indexation automatique des revenus.
Après de
longues négociations, qui ont aggravé la division entre les syndicats, le
gouvernement tranchait le 14 février 1984: l'échelle mobile était plafonnée et
les prix bloqués pour trois mois.
Ce décret gouvernemental a été soutenu par la
UIL (syndicat proche des socialistes) et par la CISL (confédération d'origine
chrétienne), seule la CGIL, à majorité communiste, rejetant ce plan.
Mais le PCI
a jugé "inadmissible" la procédure peu démocratique utilisée par le gouvernement
(le décret), et de nombreuses grèves ont accueilli cette mesure, largement
impopulaire aux yeux des manifestants, plus d'un million, qui ont défilé à Rome
le 24 mars 1984 afin de marquer leur opposition à l'austérité.
La situation économique en 1984 était aussi inquiétante qu'en 1983: le rythme de
l'inflation s'est certes ralenti, mais la productivité a continué à stagner et
le chômage était toujours aussi important.
Pourtant, de nombreuses entreprises
ont redoublé de dynamisme: Fiat a multiplié par six son capital au printemps
1984 et a annoncé 10 000 milliards de lires d'investissements (soit 50 milliards
de francs) d'ici 1987 ; Olivetti a également augmenté son capital par une
jointventure avec la firme américaine ATT.
Le prêt-à-porter italien a fait de
Milan la capitale internationale de la mode.
Certains secteurs ont connu une
forte croissance, comme la robotique, la machine-outil et l'armement.
Mais ces
succès ne doivent pas masquer le déclin d'autres secteurs (comme la sidérurgie)
ou l'absence de....
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