Italie (1984-1985): Une année sans crise Pour la première fois en sept ans, l'année 1984 s'est achevée en Italie sans...
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Italie (1984-1985): Une année sans crise
Pour la première fois en sept ans, l'année 1984 s'est achevée en Italie sans
avoir connu de crise gouvernementale.
Paradoxalement, cette stabilité a été la
conséquence d'une élection - la consultation européenne du 17 juin 1984 - qui a
bouleversé le panorama politique en faisant du Parti communiste (PCI) le premier
parti italien.
Pour la majorité, la bonne tenue de la Démocratie-chrétienne
(DC), la stagnation des socialistes et le recul des partis laïcs ont démenti les
perspectives ouvertes en 1983 d'une redistribution du pouvoir entre les
partenaires.
L'absence d'alternative a ainsi assuré en 1984 une cohésion forcée
à une coalition hétérogène soumise à de fortes poussées centrifuges.
Pour le PCI, la mort subite d'Enrico Berlinguer, le 11 juin 1984 à Padoue, et le
triomphe électoral du 17 juin ont été des événements de grande importance qui
n'ont pourtant modifié sensiblement ni la stratégie ni la situation du parti.
La
stratégie d'alternative démocratique a en effet obligé le PCI à mener une lutte
sur deux fronts: contre la DC et "son système de pouvoir", contre le Parti
socialiste et son système d'alliance.
En 1984, l'affrontement souvent très dur
avec le gouvernement de Bettino Craxi, dont la chute était un objectif
prioritaire, s'est déroulé essentiellement sur le terrain de la question morale
et sur celui de la question salariale.
Dans le premier cas le PCI n'a pas hésité
à mettre en accusation devant le Parlement le ministre des Affaires étrangères,
Giulio Andreotti, suspect d'être mêlé à plusieurs grands scandales.
Dans le
second, le décret gouvernemental du 14 février 1984 diminuant l'échelle mobile a
offert au PCI l'occasion de mener la lutte à la fois au Parlement, où il
redécouvrait un obstructionnisme oublié depuis 1953, et dans les usines et les
rues où il orchestrait une agitation sociale débouchant sur la manifestation de
près d'un million de personnes à Rome, le 24 mars 1984.
Cette radicalisation a rapproché le PCI de l'extrême gauche dont il a absorbé en
novembre la formation la plus importante, le PDUP (Parti d'unité prolétarienne).
Elle n'a pas été étrangère non plus à la victoire électorale du 17 juin, dans la
mesure où le PCI a surtout récupéré un électorat ouvrier et populaire frappé par
la crise économique.
En revanche, elle a aggravé les tensions avec les
socialistes.
Jamais depuis les années trente, les rapports n'avaient été aussi
mauvais entre les deux partis de gauche.
Berlinguer, accusant Craxi d'être un
"danger pour la démocratie", avait été sifflé au Congrès socialiste de Vérone
(11-13 mai).
Son successeur, Alessandro Natta, élu le 26 juin, a semblé au début
vouloir un dégel mais le lancement, dès le mois d'août, d'une campagne pour un
referendum sur la réintroduction des points d'échelle mobile supprimés par le
décret du 14 février a rouvert les hostilités.
La querelle s'est étendue au
niveau local des juntes de gauche.
La rupture est intervenue à Naples en janvier
1984, elle menaçait Rome en mai et Turin en octobre.
Le triomphe électoral du
PCI lui-même, en accentuant le déséquilibre des forces de gauche (33,3% contre
11,2% pour le PSI) a rendu plus difficile un accord qui reste la base
indispensable de l'alternative démocratique.
Plus fort électoralement, le PCI
n'en était, en 1984, que plus isolé politiquement.
Les initiatives du gouvernement Craxi
La stabilité de l'exécutif et le "décisionisme" de Bettino Craxi qui a
introduit, dans un pays habitué au compromis politique, la pratique normale des
démocraties parlementaires, ont permis au gouvernement de prendre d'importantes
initiatives dans le domaine économique et dans celui de la politique étrangère.
L'échec des négociations entre partenaires sociaux sur la réforme de l'échelle
mobile a incité M.
Craxi, soucieux de ne pas dépasser le plafond de 10% fixé à
l'inflation, à trancher autoritairement la question le 14 février 1984, en
accord d'ailleurs avec deux centrales syndicales sur trois.
Après avoir ainsi
frappé les avantages acquis des salariés, le gouvernement s'en est pris aux
privilèges fiscaux des travailleurs indépendants.
Le projet de loi du ministre
des Finances Bruno Visentini, transformé en décret le 15 décembre 1984, a
introduit un régime forfaitaire et des contrôles plus efficaces pour les
personnes et les entreprises bénéficiant d'une comptabilité simplifiée.
Premier
pas vers une réduction de la très forte évasion et l'injuste répartition de la
charge fiscale (80% pèse sur les salariés), cette mesure a suscité l'opposition
non seulement des intéressés, mais des partis de la majorité qui représentent
ces quatre millions de contribuables (soit près de huit millions d'électeurs):
la Démocratie-chrétienne, le Parti libéral et surtout le Parti social-démocrate.
A deux reprises le gouvernement Craxi a ainsi résisté aux pressions
corporatistes pour faire passer deux mesures, provisoires mais qui ont ouvert la
voie aux indispensables réformes du salaire et de la fiscalité.
Il a dû pour
cela recourir à l'arme du décret-loi et du vote de confiance répété, pour
vaincre les....
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