Italie (1988-1989): Un bilan décevant La constitution, le 13 avril 1988, d'un gouvernement présidé par le secrétaire général de la...
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Italie (1988-1989): Un bilan décevant
La constitution, le 13 avril 1988, d'un gouvernement présidé par le secrétaire
général de la démocratie chrétienne (DC), Ciriaco De Mita, semblait ouvrir l'ère
de stabilité et d'efficacité nécessaire pour mener à bien la réforme du système
politique et économique italien.
Or, le 19 mai 1989, il remettait sa démission
au président Francesco Cossiga.
Il était parti, en fait, avec deux handicaps: la
fragilité d'une coalition qui n'était liée par aucun pacte de législature et la
précarité de la situation personnelle du président du Conseil.
En effet, la
victoire de l'aile modérée de la DC au congrès, en février 1989, a non seulement
fait perdre à C.
De Mita sa position dominante dans le parti mais rendu plus
vulnérable sa fonction présidentielle.
En avril 1989, il paraissait de plus en
plus isolé dans un parti où les centres de pouvoir les plus importants étaient
progressivement occupés par les partisans du nouveau secrétaire général, Arnaldo
Forlani.
Au gouvernement même, la position du président du Conseil a été remise en cause
par les résultats d'une action qui n'a que très imparfaitement tenu les
promesses du programme annoncé au Parlement lors du vote de confiance le 20
avril 1988.
Deux objectifs prioritaires avaient alors été fixés pour assurer la
transition vers un nouveau système politique et économique: une réforme
institutionnelle et l'assainissement des finances publiques.
Le premier s'est
limité à une modification des règlements parlementaires, le second paraissait
toujours hors de portée au printemps 1989.
L'abolition du vote secret
Certes, l'importance du projet de loi approuvé le 13 octobre 1988 ne doit pas
être sous-estimée.
La réduction drastique, sinon l'abolition du vote secret, qui
était jusqu'alors la règle générale du travail parlementaire italien, devrait
permettre de responsabiliser les élus devant leurs électeurs, de freiner
l'inflation galopante des dépenses de l'État et d'assurer une plus grande
stabilité de l'exécutif en le mettant à l'abri des intrigues obscures des
francs-tireurs.
Mais le vrai problème est politique et concerne les rapports
entre la majorité et l'opposition.
Le vote secret est en effet le corollaire
d'un système sans alternance, caractérisé par des ententes plus ou moins
souterraines entre partis normalement alternatifs.
En rendant plus rigides les
frontières entre majorité et opposition, l'adoption du vote secret constitue un
pas vers la formation d'un nouveau système politique, plus "européen".
En s'engageant à résorber avant 1993 la plus grande partie d'une dette publique
qui, en 1988, s'élevait à un million de milliards de lires (soit le montant du
revenu national), le gouvernement De Mita prévoyait une opération graduelle qui
le dispensait d'établir un bilan pour l'année 1988.
Les avatars de la politique
économique du gouvernement en 1988-1989 auguraient mal cependant de sa capacité
future à assainir les finances de l'État.
Qu'il s'agisse en effet de la
réduction des dépenses ou des retouches à la fiscalité, les mesures prises ont
relevé plus de préoccupations conjoncturelles que d'un véritable projet
réformiste.
Elles ont suscité en outre une protestation sociale assez forte pour
mettre en danger la vie même du gouvernement.
Une première fois, en janvier
1989, celui-ci a reculé devant la menace d'une grève générale et retiré ses
décrets du 27 décembre 1988.
Le second essai, avec les "décrets-bis" du 22 mars 1989 n'a guère été mieux
accueilli.
Ce ne sont pas cette fois les mesures fiscales qui ont déchaîné
l'opposition des syndicats.
Sans doute ceux-ci ont-ils regretté l'augmentation
de la TVA qui touche également riches et pauvres, et plus encore l'insuffisance
d'une réduction de l'impôt sur le revenu qui avantage surtout les revenus les
plus élevés (les neuf tranches imposées entre 12% et 62% ont été réduites, à
partir de 1990, à sept tranches étagées entre 10% et 50%).
Mais leur
revendication essentielle a été satisfaite: la restitution automatique du fiscal
drag, c'est-à-dire des augmentations d'impôt dues à l'inflation dès que celle-ci
dépasse 2%.
En revanche, les grandes centrales syndicales ont jugé inacceptables les
réductions de dépenses décrétées dans le domaine de la santé et de la fonction
publique.
L'augmentation du ticket modérateur en pharmacie et l'introduction
d'un forfait hospitalier de 10 000 lires par jour ont provoqué une protestation
d'autant plus vive que l'application en a été maladroite et brutale.
Les
fonctionnaires, de leur côté, ont refusé le plafond fixé à l'augmentation de
leurs salaires et l'exemple des enseignants qui, par des grèves sauvages,
avaient obtenu, en mai 1988, de fortes augmentations salariales, les a
encouragés à durcir leur....
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