Italie (1989-1990): Signaux d'alarme pour le système politique Telle l'oscillation d'un pendule, on assistait, le 23 juillet 1989, au sixième...
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Italie (1989-1990): Signaux d'alarme pour le système politique
Telle l'oscillation d'un pendule, on assistait, le 23 juillet 1989, au sixième
retour à la tête du gouvernement de Giulio Andreotti, l'inoxydable homme
politique démocrate-chrétien (DC).
Fort de ses quarante-cinq ans de vie
politique, il allait marquer de son indiscutable talent de tisseur patient et
infatigable la nouvelle saison politique.
Après la chute de Ciriaco De Mita, le
leader de la gauche du parti catholique, qui occupa le poste de Premier ministre
jusqu'en juillet 1989, c'était la consécration de l'aile modérée de ce parti.
Cette nouvelle phase allait être caractérisée par le renforcement de la cohésion
à l'intérieur de la coalition gouvernementale, en particulier entre les deux
principaux partis qui la composent, la DC et le Parti socialiste (PSI).
Fini le
temps des bagarres sans fin entre Ciriaco De Mita et Bettino Craxi,
l'incontournable secrétaire du PSI.
Ce dernier apportait sa caution à la
direction modérée issue du congrès de la DC de février 1989.
Il en résultait un
climat si idyllique que l'on arrivait à baptiser le moment politique des
initiales - CAF - de ses inspirateurs (Craxi, Andreotti et Arnaldo Forlani, le
secrétaire DC).
Maigre bilan pour l'"entente cordiale"
Toutefois cette entente sous l'enseigne modérée n'allait pas fournir les
résultats escomptés.
A part une législation restrictive dans le domaine de
l'usage de drogues (approuvée en mai 1990), on ne trouve guère d'achèvements à
mettre à son crédit.
On a même rangé au tiroir le grand dessein des réformes
institutionnelles chères à l'aile gauche de la DC, mais le PSI ne se prive pas
de les ressortir selon ses exigences tactiques.
Deux réalisations importantes en
matière de législation n'ont résulté que de facteurs contingents.
Ainsi
l'introduction du nouveau code pénal (octobre 1989), qui a remplacé celui hérité
du fascisme, est un vieux projet arrivé enfin à bon port.
Et ce n'est que sur la
poussée des événements que le gouvernement, en février 1990, a fait adopter,
pour la première fois en Italie, une législation en matière d'immigration.
Le faible bilan de la saison politique d'"entente cordiale", auquel s'est
ajoutée la cure de jouvence lancée au sein du Parti communiste (PCI), a semblé
toutefois - à partir du mois de mars 1990 - faire grincer les rouages de la
coalition gouvernementale qui commença à montrer des signes d'affaiblissement.
Le socialiste Bettino Craxi a ainsi recommencé à jouer sur un autre tableau,
celui d'une alliance alternative avec le PCI qui poursuit sa marche forcée vers
le changement.
L'année 1989 ne pouvait manquer en effet d'être aussi pour le PCI
une année charnière.
Après avoir lancé, en juillet, son cabinet fantôme de
tradition britannique qui lui faisait parcourir encore du chemin dans le sillon
politique des social-démocraties occidentales, le parti a dû accélérer son
processus de changement.
Au lendemain de l'effondrement du Mur de Berlin (9
novembre 1989) le secrétaire général, Achille Occhetto, reconnaissait
l'irréversibilité de la crise du système communiste et annonçait - non sans
contrastes - l'amorce d'une phase de refonte du PCI.
Au cours du congrès extraordinaire de Bologne (7-11 mars 1990) celui-ci décidait
ainsi de larguer les amarres et d'abandonner non seulement l'identité
communiste, mais aussi le nom et le symbole du parti.
Tout ceci devait être
approuvé au cours de l'année et déboucher sur la constitution d'une nouvelle
formation politique.
Les électeurs et militants communistes sont loin d'être
unanimes et beaucoup ont du mal à accepter ce nouveau cours.
Aux élections
administratives du 6-7 mai 1990, les résultats ont été mauvais, le parti
poursuivant son déclin, ne rassemblant plus qu'un quart de l'électorat (24%).
La question de l'immigration
Toutefois, les mêmes élections ont constitué un signal d'alarme pour le système
politique italien.
On a assisté en effet à une formidable affirmation au nord de
la péninsule de mouvements - les ligues - qui refusent l'idée d'État centralisé
et rejettent sur les "partis de Rome" la responsabilité des malaises sociaux
auxquels la péninsule italienne n'échappe pas.
Le niveau de dégénération qu'a
atteint la vie politique dans le sud du pays est un autre signal d'alarme.
Au
cours de la campagne électorale pour ces élections administratives, 10 hommes
politiques parmi candidats et élus locaux ont été abattus.
C'est la preuve que
la mafia attache une importance capitale au contrôle des collectivités locales.
En effet, c'est de l'adjudication de travaux publics par tous les moyens de
pression - y compris le meurtre - que l'organisation criminelle se ménage
d'importants financements.
Le haut-commissaire à la lutte contre....
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