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Italie (1991-1992) Comment réformer le système politique? A la mi-1992, l'Italie se trouvait à un tournant: le séisme provoqué par...

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« Italie (1991-1992) Comment réformer le système politique? A la mi-1992, l'Italie se trouvait à un tournant: le séisme provoqué par les élections législatives, la laborieuse élection du nouveau président de la République, l'état désastreux des finances publiques, la mise en accusation de la classe politique à la suite du scandale des pots-de-vin de Milan, l'assassinat du juge Giovanni Falcone et l'étau que les organisations criminelles ont resserré autour de trois régions du Sud ont rendu inévitable l'ouverture d'un nouveau chapitre de la vie du pays. Les élections du 5 avril 1992 - les premières, depuis 1968, à se dérouler au terme normal de la législature - ont profondément modifié le paysage politique, avec le succès sans précédent de la Ligue du Nord (autonomistes), avec 8,7%, le net redimensionnement du Parti démocratique de la gauche (PDS, ex-Parti communiste), qui a obtenu 16,1%, et la défaite de la coalition majoritaire (Démocratie chrétienne (DC): 29,7%; Parti socialiste: 13,6%; Parti social-démocrate: 2,7%; Parti libéral: 2,8%).

La DC et ses alliés, malgré une légère avance en sièges, n'ont plus la force de gouverner seuls, et tous les partis, sans exception, ont admis la nécessité d'une profonde réforme institutionnelle. En dépit des apparences, l'Italie a été depuis la guerre le pays le plus stable du monde occidental.

Il n'y a là aucun paradoxe.

S'il est vrai qu'une cinquantaine de gouvernements se sont succédé en l'espace de quarante-sept ans, il est tout aussi vrai qu'il s'est toujours agi de gouvernements formés par la DC et ses alliés.

Les luttes d'influence au sein du parti de "la majorité relative" et les tiraillements avec ses satellites ont certes provoqué de nombreuses crises, mais n'ont jamais ouvert la voie à une alternative.

La présence d'un puissant Parti communiste avait bloqué l'évolution du système, permettant à la DC de tenir solidement les rênes du pouvoir. Vote protestataire sans précédent Les élections du 5 avril ont modifié un paysage politique qui était resté inchangé depuis le début de l'aprèsguerre.

La dissolution des États communistes, entraînant le déclin de l'ex-PCI, a donné à la société civile une marge de manoeuvre qu'elle n'avait jamais eue.

L'épouvantail communiste éliminé, le système politique a été balayé par un vote protestataire sans précédent. Résultat éclatant: des dirigeants au pouvoir depuis des décennies ont été désavoués par des électeurs qui ont clairement exprimé leur volonté de changement.

Dans le même temps, le vote à la proportionnelle a empêché le rassemblement des mécontents et l'Italie est devenue ingouvernable pour des raisons différentes et nouvelles, puisqu'au Parlement n'est pas apparue de majorité nette et politiquement cohérente. Voilà donc le changement de certains mécanismes institutionnels mis à l'ordre du jour.

Les forces politiques ont été contraintes de prendre acte qu'il fallait modifier les règles du jeu, mais quelle majorité serait capable de s'entendre pour revoir les fondements du système? Certains groupes, minoritaires (socialistes, sociaux-démocrates, libéraux), ont ouvertement dit leur faveur pour le passage à une IIe République, lorgnant sur le régime présidentiel français; la majorité, moins radicale, est restée fidèle au régime parlementaire en préconisant une réforme de la loi électorale, principal problème à régler selon elle; la Ligue du Nord, enfin, prêchant pour l'instauration d'un système fédéral. Umberto Bossi, leader de la Ligue, est devenu en quelques années, à la surprise générale, un des protagonistes de la vie politique du pays.

Née à la fin des années quatre-vingt, la Ligue avait connu son premier grand succès aux élections régionales de 1990.

Se servant du mécontentement existant dans les zones industrialisées et de l'inefficacité de l'administration, elle a donné naissance à un nouvel opportunisme de type poujadiste, souvent accompagné d'un certain racisme.

Le succès de la Ligue dans les régions du Nord a fait voler en éclats les vieux schémas, rendant impossible la formation d'une majorité compacte. Le système politique sera-t-il capable d'assurer lui-même cette réforme? Le pays, par son vote du mois d'avril, a lancé un avertissement sans équivoque à ceux qui le gouvernent, mais le spectacle désolant du Parlement lors de l'élection du nouveau chef de l'État a donné une idée des difficultés que risque de rencontrer tout processus de renouveau. Ce n'est qu'après quinze jours de scrutin - et sous le choc de l'assassinat du juge "anti-mafia" Giovanni Falcone - que les partis ont su trouver un accord pour élire à la présidence de la république Oscar Luigi Scalfaro, un démocrate-chrétien très apprécié aussi par la gauche.

O.L.

Scalfaro a tenté d'introduire quelques nouveautés dans la formation du gouvernement, dirigé par Giuliano Amato, secrétaire-adjoint du Parti socialiste.

Toutefois, le nouvel exécutif, très fragile, est né avec l'appui de l'ancienne majorité; il devra chercher dans d'autres groupes parlementaires le soutien nécessaire pour faire approuver les projets de loi plus importants, comme ceux relatifs à l'assainissement des finances publiques ou à l'élection directe des maires, première réforme institutionnelle d'envergure qui devait être soumise au Parlement à l'automne 1992. Les partis ont littéralement été en état de choc, rejetés par les électeurs et condamnés par l'enquête d'un courageux magistrat milanais sur la pratique des dessous-de-table, ouverte le 17 février 1992.

Scandale révélateur de l'ampleur de la corruption, encore plus retentissant quand on sait qu'il a éclaté à Milan, considérée quelque temps encore auparavant comme la "capitale morale" de l'Italie.

L'implication de.... »

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