Italie 1995-1996: La gauche au pouvoir Les élections législatives se suivent et ne se ressemblent pas. En 1994, le pays...
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Italie 1995-1996: La gauche au pouvoir
Les élections législatives se suivent et ne se ressemblent pas.
En 1994, le pays
avait consacré le magnat de la télévision commerciale Silvio Berlusconi, à la
tête d'une coalition de droite rassemblant son parti Forza Italia, la Ligue Nord
d'Umberto Bossi et l'Alliance nationale de Gianfranco Fini, achevant ainsi la
transition entre la Ire et la IIe République née de la chute du système
politique qui avait prévalu depuis la fin de la guerre et reposant sur la
Démocratie chrétienne.
Deux ans après, le pays changeait de cap, offrant le 21
avril 1996 une claire majorité à l'Olivier, une coalition de centre gauche
conduite par l'économiste catholique Romano Prodi.
Pour la première fois dans
l'histoire italienne, à l'exception de la parenthèse de l'après-guerre, la
gauche a ainsi accédé au pouvoir.
Au terme d'une longue campagne électorale, S.
Berlusconi (président du Conseil de mai 1994 à janvier 1995) et ses alliés
"post-fascistes" d'Alliance nationale (AN), réunis dans une coalition intitulée
le Pôle des libertés, ont perdu les faveurs d'un pays qui vingt-quatre mois
plutôt avait mis tous ses espoirs dans leurs promesses démagogiques.
Ce
basculement a été applaudi par les marchés financiers et les grands pays
européens, voyant dans le résultat électoral le gage d'une stabilité politique
retournée.
Une contribution importante au succès de l'Olivier est venue de Lamberto Dini,
président du Conseil entre janvier 1995 et mai 1996.
Ancien ministre du Trésor
de S.
Berlusconi, il avait composé un gouvernement de "techniciens", qui avait
travaillé à l'assainissement des finances publiques et fixé des règles
suffisamment claires pour limiter, pendant la campagne électorale, le poids des
télévisions du groupe Fininvest de S.
Berlusconi.
L.
Dini avait trouvé un
soutien sans faille dans la gauche, qui a ainsi démontré sa capacité à assumer
ses responsabilités.
Ainsi, lors des législatives, l'attitude de cette dernière
- d'autant plus précieuse face aux attaques personnelles du centre droit - a
poussé L.
Dini à créer sa propre liste électorale et à se ranger du côté de
l'Olivier, contribuant de la sorte à sa victoire.
Les polémiques à répétition qui avaient marqué les six mois précédant les
élections n'ont pas empêché un dialogue entre les deux camps.
La nécessité d'une
réforme constitutionnelle avait poussé S.
Berlusconi et Massimo D'Alema, leader
du Parti démocratique de la gauche (PDS, héritier majoritaire de l'ancien Parti
communiste), à esquisser l'hypothèse d'un grand accord pour transformer les
institutions avant une nouvelle confrontation électorale.
La divergence d'idées
au sujet d'une éventuelle république présidentielle à la française, voulue par
le centre droit, a fait échouer cette tentative et obligé le président de la
République Oscar Luigi Scalfaro à dissoudre les deux chambres.
Les conditions de la victoire
L'Olivier a su gagner la confiance
stratégie de M.
D'Alema.
Conscient
secrétaire du PDS a accepté l'idée
comme R.
Prodi, ancien militant de
adjoint, le jeune Walter Veltroni,
des électeurs, en bonne partie grâce à la
de la nécessité d'une ouverture au centre, le
de donner au centre gauche un leader modéré
la gauche démocrate-chrétienne, avec, comme
le plus médiatique des dirigeants du PDS.
Profitant de l'éclatement de l'ancien grand parti catholique, la Démocratie
chrétienne, M.
D'Alema a su réunir autour de l'Olivier toute une série de
personnalités centristes de premier plan et, malgré cela, a convaincu
Refondation communiste (PCR, mouvement "orthodoxe" issu lui aussi du Parti
communiste italien) d'accepter un accord électoral.
La coalition de centre gauche a convaincu surtout par l'absence de démagogie
dans son discours ("Pas de baisse d'impôts à court-moyen terme" a répété
inlassablement R.
Prodi) et par la qualité de ses hommes.
Le centre droit a
échoué pour les raisons opposées: S.
Berlusconi a fait la preuve qu'il n'était
pas un homme politique d'envergure et la crainte d'une hégémonie de Gianfranco
Fini, leader d'AN, a poussé une partie de l'électorat centriste vers l'Olivier.
Enfin, les nombreuses enquêtes sur la corruption, dans le cadre de l'opération
"mains propres" (Mani Pulite), ont provoqué l'arrestation de quelques dirigeants
du groupe Fininvest, et fini de ternir son image.
Mais la défaite du centre droit a aussi été l'oeuvre d'Umberto Bossi,
l'incontrôlable leader de la Ligue Nord, qui a littéralement raflé la mise en
Vénétie (30,3 % des voix) et en Lombardie (24,4 %).
Après avoir mené campagne
contre les deux blocs et avoir ouvertement prôné la sécession du nord de
l'Italie, U.
Bossi a obtenu un véritable triomphe dans les régions les plus
riches et les plus dynamiques du pays.
Malgré certains aspects dérisoires (comme
la création d'un gouvernement du Nord devant siéger à Mantoue), la menace d'une
sécession n'est pas seulement apparue comme le fruit de l'imagination de U.
Bossi, mais aussi comme le reflet d'un profond malaise, qui a trouvé à
s'exprimer dans les thèses démagogiques de la Ligue.
L'introduction d'un système
fédéraliste, promise par l'Olivier, sera sans aucun doute l'un des principaux
chantiers du gouvernement Prodi, astreint à fournir une réponse sérieuse au
problème politique, économique et social posé par le succès de la Ligue.
Le partage du pouvoir, gage de stabilité politique
Le résultat électoral a été clair.
L'Olivier n'a pas obtenu la majorité absolue
en voix (43,4 %), mais a su exploiter jusqu'au bout, grâce à ses alliances, la
loi électorale qui attribue 75 % des sièges avec le système majoritaire et 25 %
avec le système proportionnel.
A l'intérieur du centre gauche, le PDS a confirmé
sa position de premier parti du pays (21,1 %), mais Refondation communiste a
obtenu un résultat remarqué (8,6 %), ses voix étant indispensables pour garantir
au gouvernement la majorité absolue à la Chambre des députés; le Parti populaire
(PPI, issu de la Démocratie chrétienne), dont....
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