Italie 1997-1998: Le bilan " Prodi " Avec l'entrée confirmée dans la zone euro le 1er janvier 1999, l'Italie a...
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Italie 1997-1998: Le bilan " Prodi "
Avec l'entrée confirmée dans la zone euro le 1er janvier 1999, l'Italie a obtenu
un succès sur lequel peu de gens auraient parié deux ans plus tôt.
La
détermination du gouvernement de centre gauche de Romano Prodi à ramener les
déficits publics en dessous de 3 % du PIB a été la plus forte.
Le chef du
gouvernement a joué son prestige (il avait promis de démissionner en cas
d'échec) et l'a emporté, malgré l'hostilité de certains pays, comme l'Allemagne
et les Pays-Bas, peu confiants dans la capacité de l'Italie à se donner
durablement une discipline budgétaire.
L'adoption de la monnaie unique a représenté un triple succès : politique,
économique et social.
Politique, d'abord, parce que la coalition de centre
gauche a démontré qu'elle pouvait tenir ses engagements et jouir d'un vrai
consensus.
Cela n'a pas été facile, car il fallait compter avec le scepticisme
de certains partenaires européens et avec les réticences du Parti de la
Refondation communiste (PRC) dont l'appui était indispensable à la Chambre des
députés.
Sur le front extérieur, R.
Prodi et son ministre du Trésor, Carlo
Azeglio Ciampi, ont réussi à donner confiance aux milieux financiers et
politiques internationaux.
Ils ont redonné à la classe politique italienne une
crédibilité perdue depuis bien longtemps.
Sur le front intérieur, R.
Prodi a su
ménager ses alliés du PRC, qui avaient menacé de retirer leur confiance au
gouvernement au mois d'octobre 1997.
Le prix à payer en a été la présentation
d'un projet de loi sur les trente-cinq heures, qui n'était ni du goût des partis
composant la coalition de l'Olivier, ni réclamé par les syndicats.
L'entrée dans
la zone euro aura également été un succès économique.
De 1993 à 1998, les lois
de finances ont demandé au pays un effort sans précédent : entre l'augmentation
des recettes et la diminution des dépenses, les Italiens auront payé 364 000
milliards de lires, dont 118 500 milliards dans les deux dernières années.
Malgré cette énorme ponction sur les revenus, l'économie italienne s'est
maintenue.
Certes, la politique budgétaire a réduit la croissance (1,3 % en 1997
et 2,1 % prévus en 1998, selon l'OCDE), mais sans provoquer de véritable crise.
Cela a démontré à la fois la richesse du pays (très probablement supérieure aux
données statistiques) et la capacité d'adaptation des entreprises.
Enfin, l'entrée dans la zone euro aura marqué un succès social.
La rigueur a été
acceptée sans véritable opposition.
Les syndicats ont joué le jeu ; les patrons,
malgré leur fureur contre les trente-cinq heures, ont fait de même.
Le dialogue
à trois (gouvernement, syndicats, patronat) s'est encore une fois révélé
essentiel pour la bonne marche du pays.
Le difficile chantier de la réforme Institutionnelle
Si le succès sur le front européen est apparu indéniable, l'échec a été
retentissant dans le cas du deuxième grand chantier des années quatre-vingt-dix
: la réforme institutionnelle.
Toute modification de la Constitution exigeant
une majorité des deux tiers, aucune réforme ne peut naître sans un accord entre
le centre gauche et l'opposition de centre droit.
La Commission bicamérale avait
élaboré un compromis, qui prévoyait notamment l'élection au suffrage universel
d'un président de la République aux pouvoirs réduits, une différenciation du
rôle de la Chambre des députés et de celui du Sénat et la naissance d'une
structure fédérale.
Le centre droit a finalement décidé de ne pas approuver ce
texte, faisant capoter la réforme institutionnelle et infligeant un camouflet à
Massimo d'Alema, leader de la gauche et président de la Commission bicamérale.
Pourtant, cette réforme est indispensable.
L'exemple des grandes villes est, de
ce point de vue, très instructif : l'introduction d'une nouvelle loi électorale
et surtout l'élection du maire au suffrage universel ont donné une nouvelle
impulsion aux administrations locales.
Les maires, forts du consensus populaire
et de la stabilité politique, ont finalement les moyens de gérer leurs villes,
de faire des choix et de les appliquer.
Lors des élections municipales de
novembre 1997, les maires de certaines grandes villes (Turin, Venise, Rome,
Naples) ont été réélus avec une majorité écrasante, tandis que le maire de
Milan, Luigi Formentini (Ligue Nord), a été remercié par ses concitoyens.
Le
vote idéologique - qui a toujours prévalu dans l'Italie de l'après-guerre, même
au cours des consultations locales - a fait place à un vote plus pragmatique,
surtout déterminé par la plus ou moins bonne gestion.
Les changements
institutionnels ont donc des effets immédiats, sur la classe dirigeante et sur
les citoyens.
Les élections locales sont ainsi devenues moins lisibles sur le
plan national : si en novembre 1997 le centre gauche l'a emporté, en mai 1998,
dans une autre série d'élections importantes, c'est le centre droit qui est
sorti vainqueur.
Si le gouvernement Prodi a redonné une crédibilité, à l'intérieur comme à
l'extérieur, aux dirigeants du pays, le vrai défi allait être de démontrer qu'il
ne s'agit pas d'une exception, mais que le sens des responsabilités est partagé
par l'ensemble du monde....
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