Italie (1999-2000) Crépuscule du centre gauche En 1999-2000, le centre gauche a vécu son crépuscule, le centre droit savourant à...
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Italie (1999-2000)
Crépuscule du centre gauche
En 1999-2000, le centre gauche a vécu son crépuscule, le centre droit savourant
à l'avance son probable retour au gouvernement : à la veille des élections
législatives, fixées au printemps 2001, l'Italie était en train de clore la page
ouverte en 1996 avec la victoire de la coalition de l'Olivier conduite par
Romano Prodi.
La chute du gouvernement de Massimo D'Alema (mai 2000) et la
formation d'un nouveau cabinet présidé par Giuliano Amato n'ont pas redonné à la
majorité le souffle espéré : divisé en une dizaine de partis en lutte
fratricide, incapable de proposer un projet nouveau, le centre gauche assistait
impuissant à la montée du "Polo" (Pôle des libertés) de centre droit et de son
leader incontesté, Silvio Berlusconi, prêt à reprendre les rênes du
gouvernement.
Normale et saine alternance, si elle ne se préparait dans des
conditions déplorables.
La réforme institutionnelle, invoquée par tous, est
restée dans les tiroirs et les vieux démons de la Ire République (système
politique ayant assuré l'hégémonie jusqu'en 1994 de la Démocratie chrétienne)
ont refait surface : les partis imposent à nouveau leur loi, même avec un poids
électoral minime ; le "transformisme", vieille maladie infantile de la
démocratie italienne, s'est remis à sévir, avec son cortège de tractations plus
ou moins secrètes pour faire passer un parlementaire d'un camp à l'autre ;
l'instabilité politique est redevenue la règle.
Le verdict des élections régionales
L'événement politique le plus marquant de l'année 2000 aura sans doute été la
chute du gouvernement D'Alema.
Arrivé au pouvoir à l'automne 1998, le leader des
DS (Démocrates de gauche, principaux héritiers de l'ancien Parti communiste) n'a
pas réussi à s'imposer comme chef du centre gauche.
Sachant son camp minoritaire
dans le pays, il a élargi sa majorité vers le centre, favorisant ainsi le retour
de la "partitocratie", à savoir les continuels chantages des petits groupes qui
font valoir leurs rares députés, devenus indispensables à la survie du
gouvernement.
Contesté par ses propres alliés, qui ne lui ont jamais reconnu le
leadership, M.
D'Alema est rapidement devenu impopulaire.
Son gouvernement n'a
pas démérité, mais s'est montré incapable de se fixer un but : si R.
Prodi avait
réussi à faire de la participation de l'Italie à la Zone euro (créée le 1er
janvier 1999) le centre de son action, son successeur s'est contenté de gérer le
quotidien et surtout les dissensions existant dans sa majorité.
Trahi par son
assurance, qui tournait souvent en arrogance, peu aimé aussi à cause de son
allure d'ancien permanent du Parti communiste, M.
D'Alema a essuyé une cinglante
défaite aux élections régionales du 21 avril 2000.
Imprudemment, le président du Conseil avait voulu transformer le scrutin en un
vote sur son gouvernement et sur sa personne.
Le résultat a été catastrophique :
le centre gauche, qui gouvernait onze des quinze régions à statut ordinaire, n'a
obtenu la majorité que dans sept d'entre elles.
Pire : dans les régions du Nord,
plus riches et dynamiques, la gauche a été littéralement balayée.
M.
D'Alema en
a tiré les conséquences en démissionnant, bientôt remplacé par Giuliano Amato,
qui avait été le bras droit de l'ancien président du Conseil (1983-1987) et
leader socialiste Bettino Craxi, décédé en janvier 2000 en Tunisie où il s'était
réfugié pour fuir ses nombreuses condamnations pour corruption.
G.
Amato avait
déjà dirigé le gouvernement en 1992-1993 et avait su amorcer l'assainissement
des finances publiques au moment où les partis traditionnels s'effondraient à la
suite du lancement des enquêtes "mains propres" (mani pulite).
Ses capacités ne
semblaient pas faire de doute, mais la faiblesse et les déchirements de sa
majorité ne devaient lui laisser que des marges restreintes pour gérer les
affaires jusqu'à la fin de la législature (2001).
Le retour en vainqueur de S.
Berlusconi
Le grand gagnant de la déconfiture du centre gauche a été Silvio Berlusconi.
Malgré les poursuites judiciaires, le magnat de la télévision et ancien
président du Conseil (1994-1995) semblait avoir tous les atouts.
Toujours aussi
médiatique, constamment prêt à agiter l'épouvantail d'un retour du communisme,
enragé par une loi qui a interdit, comme dans les autres pays européens, les
spots publicitaires des partis politiques pendant les périodes électorales, le
leader du Polo a réussi à se transformer en homme politique.
Si en 1994 son
parti ressemblait au conseil d'administration de son entreprise, Forza Italia a
réussi à s'enraciner au niveau national comme au niveau local, à trouver les
hommes à même de lui donner une vraie structure.
Grâce à ses trouvailles, comme
le fait d'avoir réalisé un tour d'Italie en bateau pendant la campagne des
régionales, S.
Berlusconi a redonné lustre à son image et occupé le vide
politique laissé par la Démocratie chrétienne.
En recueillant lors de ce scrutin
environ 25 % des suffrages, Forza Italia est devenu le premier parti de la
péninsule.
Au-delà de l'image, S.
Berlusconi a su s'imposer à ses alliés et à ses
adversaires comme l'homme clé, celui qui contrôle le centre de l'échiquier
politique.
Fort de cette assurance, il a balayé d'un revers de main les
perplexités de son principal allié, Alliance nacionale (AN, ultra-conservateurs)
de Gianfranco Fini, et a signé un accord avec Ligue Nord d'Umberto Bossi, qui
avait provoqué la chute de son gouvernement en 1995 et sa défaite électorale en
1996.
En promettant la dévolution de certains....
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