Italie (2005-2006): Victoire à l’arraché du centre gauche Au printemps 2006, l’Italie a tourné une page : avec l’arrivée au...
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Italie (2005-2006): Victoire à l’arraché du centre gauche
Au printemps 2006, l’Italie a tourné une page : avec l’arrivée au pouvoir de
Romano Prodi et l’élection à la présidence de la République d’un ancien
communiste, Giorgio Napolitano, a pris fin le long règne de Silvio Berlusconi,
président du Conseil de 2001 à 2006 (une longévité record).
Tourner la page ne
signifie pas nécessairement changer d’époque.
Les électeurs n’ont pas tourné le
dos à la Maison des libertés (Casa delle libertà, CDL), qui a perdu, devancée de
moins de 25 000 voix.
Les élections législatives du 9-10 avril 2006 ont donné à
voir un pays divisé en deux et l’enracinement de S.
Berlusconi et de ses idées
sur la scène politique nationale.
Malgré les déceptions et parfois la colère
contre un gouvernement de centre droit qui n’avait pas tenu ses mirobolantes
promesses, les Italiens n’ont pas pour autant donné un blanc-seing à l’Union de
centre gauche.
Cette dernière avait paru en mesure de l’emporter aisément.
À l’automne, un
système de primaires original, auxquelles ont participé 4 millions de
sympathisants, avait permis d’asseoir l’autorité de R.
Prodi, choisi par 75 %
des votants comme chef de file de la coalition.
L’ancien président de la
Commission européenne, qui avait déjà remporté les élections législatives de
1996, avait ainsi pu réunir sous sa houlette toutes les composantes du centre
gauche : des catholiques modérés de la Marguerite jusqu’au parti Refondation
communiste, en passant par les Démocrates de gauche (DS), les amis de l’ancien
juge Antonio Di Pietro, les radicaux et d’autres encore.
Cette coalition
apparaissait certes hétéroclite, mais tenue ensemble par la commune volonté de
faire tomber S.
Berlusconi.
En ajoutant à cela le mécontentement du pays face au
gouvernement sortant, la victoire de R.
Prodi semblait acquise, même si, à
quelques mois des élections, le centre droit avait modifié les règles du jeu et
réintroduit le scrutin proportionnel, avec une prime pour la coalition gagnante
à la Chambre des députés.
Or, la réalité a été plus complexe.
Les dernières cartouches de Berlusconi
Si le centre droit semblait, début 2006, résigné à la défaite, S.
Berlusconi,
lui, ne s’avouait pas vaincu.
En occupant constamment la scène médiatique (avec
notamment de fréquentes apparitions à la télévision), en imposant les thèmes de
la campagne, en insultant parfois ses adversaires, le président du Conseil
sortant a été l’homme incontournable de la campagne, faisant chaque jour la «
une » de la presse nationale.
Oubliées les 300 pages du programme de l’Union,
oubliée l’absence de programme de la Maison des libertés, tout s’est résumé à un
duel entre deux hommes aussi différents que possible : à gauche, un professeur
parlant bas et dont le seul argument était sa compétence ; à droite, un
spécialiste de la communication, rompu à toutes les techniques du marketing.
La
campagne a été rude, violente, franchement peu intéressante.
Cela n’a pas
empêché une large mobilisation des Italiens avec un taux de participation
supérieur à 83 %.
Jamais, dans l’histoire du pays, un score aux législative n’avait été aussi
serré.
À la Chambre des députés, la différence entre les deux camps était de 0,1
% des suffrages.
Au Sénat, le centre gauche a arraché deux sièges de plus grâce
aux voix des Italiens de l’étranger, qui ont pu voter pour la première fois.
Mauvais perdant, S.
Berlusconi a longtemps refusé de reconnaître sa défaite,
courte mais néanmoins réelle.
Seule consolation, son parti, Forza Italia, est
demeuré le premier du pays avec 23,7 % des voix, loin devant les DS (17,2 %),
ses alliés d’Alliance nationale (12,3 %) et la Marguerite (10,5 %).
L’attitude du président du Conseil sortant a empêché une entente entre les deux
camps pour l’élection du nouveau président de la République.
En 1999, Carlo
Azeglio Ciampi avait été élu avec les suffrages des deux coalitions ; le 11 mai
2006, G.
Napolitano n’a été porté que par le camp de la gauche.
Cette élection
couronne une carrière politique exceptionnelle : membre de l’aile modérée de
l’ancien Parti communiste italien (PCI), fervent européen, cet homme de 81 ans
avait été, entre 1996 et 1998, le premier ministre de l’Intérieur issu du PCI.
Homme de dialogue, il se voit confier une charge a priori essentiellement
honorifique, mais, avec un Parlement aussi divisé, son rôle politique pouvait
devenir très important.
Après son installation au palais du Quirinal, le président a chargé R.
Prodi de
former son gouvernement.
Tommaso Padoa Schioppa, ancien vice-président de la
Banque centrale européenne (BCE), a été nommé à l’Économie, et deux anciens
présidents du Conseil, Massimo D’Alema et Giuliano Amato respectivement aux
Affaires étrangères et à l’Intérieur.
Gouverner ne s’annonçait....
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