IX Interroger le rêve 1 Le récit franchit les années pour en venir à une autre période de reprise des...
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«
IX
Interroger le rêve 1
Le récit franchit les années pour en venir à une autre
période de reprise des crises.
L'auteur fut sous l'impression
d'une chute qu'il fit chez un ami.
La fièvre s'empara de lui.
Il se souvint alors qu'avant sa chute il contemplait un pay
sage où se trouvait le cimetière dans lequel fut enterrée
Aurélia.
li regretta de ne pas l'avoir rejointe dans la mort,
mais ce fut pour aussitôt s'en juger indigne, lui ayant été
infidèle.
li décida alors d'interroger le songe.
li fit des rêves
pleins de violence (comme à la fin de VIII), dans lesquels
reparut le peuple décrit en V (et VI).
Il revit I'« Esprit qui
[(']avait menacé», et s'aperçut avec horreur que celui-ci lui
ressemblait.
Il repensa enfin, à celui qui avait été arrêté la
même nuit que [lui] (cf.
Ill).
« Etait-ce le Double des légendes,
ou le frère mystique que les orientaux appellent Ferouër?»
Il se dit que « l'homme est double»; qu'en ce dernier deux
hypostases s'opposent.
li eut le sentiment qu'Aurélia n'était
plus à lui! Et que son« autre» allait l'épouser.
Son entou
rage lui paraissait avoir un double comportement.
Il se pro
posa alors de lutter hic et nunc« contre l'esprit fatal».
« Telles furent les images qui se montrèrent tour à tour devant
mes yeux.
[ ...
], etje quittai cette demeure qui était pour moi
un paradis.» Les rêves qui ont précédé sont définis littérale
ment comme des fantasmagories, nées dans un lieu propice
car il n'est pas étranger à leur mysticisme lyrique.
« Des cir
constances fatales préparèrent longtemps après une rechute
qui raviva la série interrompue de ces étranges rêveries.» Cette
phrase laconique permet un effet de fondu enchainé.
L'auteur,
néanmoins, marque une solution de continuité, même s'il s'agit
d'une indication de durée relative; et il affirme la cohérence
sérielle de ces illusions; d'autant plus fondée que s'y manifes
terait l'action d'une fatalité...
Contingence ou fatalité?
Se pose de nouveau pour le scripteur-rêveur le problème de
l'enseignement à tirer de son expérience psychotique,et, plus
particulièrement, de la valeur heuristique de son activité oni
rique.
Ce n'est qu'après son accident qu'il a conscience de
s'être trouvé sur les lieux du repos éternel d'Aurélia.
« Cela
même me donna l'idée d'une fatalité plus précise.
» Ainsi il a
recours à une interprétation déterministe; c'est parce que l'évé
nement paraît purement banal et contingent, et qu'associé à
d'autres signes il peut prendre une valeur significative, qu'il
entre dans une série fatale.
C'est par la conjonction ou la super
position des deux plans (veille et sommeil, vie et rêve) de l'évé
nement que l'on pourra peut-être dégager un sens : « L'idée me
vint d'interroger le sommeil, mais son image qui m'était appa
rue souvent, ne revenait plus dans mes songes.» Le bon usage
du rêve s'avère donc bien précaire dès lors que le narrateur ner-
valien est animé par la volonté de diriger son rêve éternel au lieu
de le subir; il se raccroche finalement à un acte de foi dans la
vérité anthropologique de toute activité irnaginante: « Quoi qu'il
en soit, je crois que l'imagination humaine n'a rien inventé qui
ne soit vrai, dans ce moride ou dans les autres, etje ne pouvais
douter de ce que j'avais vu si distinctement.»
Cette neuvième vision, qui parle d'une reprise des crises
après une longue période de rémission, semble en fait résumer
les huit visions qui l'ont précédée.
Série et paradigme
Revoici le scripteur affairé (cf.
II).
Accordons d'emblée toute
leur importance à ses préoccupations religieuses.
Ne négligeons pas son pressentiment funeste qui sera suivi de résignation.
Certains détails retiennent notre attention, par exemple :
la vue d'une maison, particulière à cause de son oiseau-perroquet, qui lui rappelle bien sûr le rêve de l'oiseau-parleur juché
sur une horloge dans la maison de son aïeul (cf.
IV).
C'est plus largement le cadre spatio-temporel qui mérite
d'être analysé, car nous savons qu'il se confond, par modulations, avec le rêve.
L'espace naturel dans lequel il se trouve
avec un ami - encore - est panoramique et configuré verticalement.
Après sa chute, il s'élance« au milieu dujardin » (voilà
un lieu que nous connaissons), «voulant, avant de mourir,jeter
un dernier regard au soleil couchant».
Nous avons l'habitude
de ces heures nervaliennes.
Il accepte volontiers sa mort prochaine en se disant qu'elle répond au rythme cosmique.
Ce
cadre....
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