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Jacques Prévert, "La Grasse Matinée", Paroles, 1945. La grasse matinée 1. 2. 3. 4. 5. 6. 7. 8. 9. 10....

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« Jacques Prévert, "La Grasse Matinée", Paroles, 1945. La grasse matinée 1. 2. 3. 4. 5. 6. 7. 8. 9. 10. 11. 12. 13. 14. 15. 16. 17. 18. 19. 20. 21. 22. 23. 24. 25. 26. 27. 28. 29. 30. 31. 32. 33. 34. 35. 36. 37. 38. 39. 40. 41. 42. 43. 44. 45. 46. 47. 48. 49. 50. 51. 52. Il est terrible le petit bruit de l'oeuf dur cassé sur un comptoir d'étain il est terrible ce bruit quand il remue dans la mémoire de l'homme qui a faim elle est terrible aussi la tête de l'homme la tête de l'homme qui a faim quand il se regarde à six heures du matin dans la glace du grand magasin une tête couleur de poussière ce n'est pas sa tête pourtant qu'il regarde dans la vitrine de chez Potin il s'en fout de sa tête l'homme il n'y pense pas il songe il imagine une autre tête une tête de veau par exemple avec une sauce de vinaigre ou une tête de n'importe quoi qui se mange et il remue doucement la mâchoire doucement et il grince des dents doucement car le monde se paye sa tête et il ne peut rien contre ce monde et il compte sur ses doigts un deux trois un deux trois cela fait trois jours qu'il n'a pas mangé et il a beau se répéter depuis trois jours Ça ne peut pas durer ça dure trois jours trois nuits sans manger et derrière ce vitres ces pâtés ces bouteilles ces conserves poissons morts protégés par les boîtes boîtes protégées par les vitres vitres protégées par les flics flics protégés par la crainte que de barricades pour six malheureuses sardines.. Un peu plus loin le bistrot café-crème et croissants chauds l'homme titube et dans l'intérieur de sa tête un brouillard de mots un brouillard de mots sardines à manger oeuf dur café-crème café arrosé rhum café-crème café-crème café-crime arrosé sang !... Un homme très estimé dans son quartier 53. 54. 55. 56. 57. 58. 59. a été égorgé en plein jour l'assassin le vagabond lui a volé deux francs soit un café arrosé zéro franc soixante-dix deux tartines beurrées et vingt-cinq centimes pour le pourboire du garçon. I- Un poème qui tend vers le cinéma NB : Prévert > grand amateur de cinéma. A- Un poème libre • Cf.

utilisation de vers libre. Peu de rimes (excepté dans la première strophe : rimes en [IN]. Pas de ponctuation. • Cf.

les figures de répétition (+ « un deux trois ») => Anaphores : « Il est terrible ; il est terrible » ; « quand il ; quand il » ; « et il ; et il ; et il ; et il »… + Répétition dans le sens : « songe ; imagine » => Poème mis en chanson.

Cf.

chanté par Yves Montant. B- Le cinéma muet • Poème de la ville (« vitrine, flics, bistrot… ») Mais poème sans bruit (VS « la rue assourdissante autours de moi hurlait » de Baudelaire dans « À une passante). => on entend seulement « le petit bruit de l’oeuf dur cassé ». • Pas de dialogue, seulement un dialogue intérieur (« ça ne peut plus durer »).

Présence d'un minimum de mots : "brouillard de mots". NB : Vers 52 à 59 sont caractéristiques du cinéma muet, on peut imaginer un entrefilet de journal, d’un fait divers. C- Un poème divisé en séquences • Ce poème se.... »

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