Japon (1990-1991): Poursuite du "Heisei boom" Couronnement de l'empereur Akihito, élections locales...
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Japon (1990-1991): Poursuite du "Heisei boom"
Couronnement de l'empereur Akihito, élections locales, dégonflement
spectaculaire de la "bulle" financière, débats suscités par la guerre du Golfe
quant au rôle de l'armée, problème des Kouriles du Sud...
l'année nippone
1990-1991 aura été riche en événements contrastés.
Les cérémonies d'intronisation du cent vingt-cinquième empereur du Japon Akihito
(fils de Hirohito, décédé le 7 janvier 1989) se sont déroulées en deux temps,
une cérémonie "à l'occidentale", une autre proprement nippone.
Le 12 novembre
1990, la première a réuni devant plus de 2 500 invités la plupart des rois,
princes et chefs d'État ou de gouvernement de la terre entière.
On n'a compté
pratiquement aucun absent parmi les dirigeants des pays courtisans ou rivaux
économiques du Japon.
Ils ont assisté aux diverses et coûteuses cérémonies (plus
de 10 milliards de yens), protégés par 37 000 policiers.
Plus controversée
encore aura été la cérémonie d'intronisation shinto (daijosai), le 22 novembre
1990, jour de la grande fête des prémices, de caractère fortement religieux et
donc contraire, selon les constitutionnalistes nippons, à la loi japonaise.
La
tradition impérialo-religieuse, qui est l'un des piliers sur lesquels s'appuie
le très conservateur Parti libéral-démocrate (PLD, au pouvoir), aura été
sauvegardée, une fois de plus.
Le nouvel empereur a donné l'impression de vouloir vivre son règne comme celui
d'un monarque constitutionnel "à l'occidentale".
La presse s'est intéressée au
mariage de son second fils, le prince Aya, âgé de vingt-trois ans, avec une de
ses anciennes condisciples de lycée, Kiko Kawashima, issue du "peuple".
Avec
l'intronisation de Akihito, les Japonais sont entrés dans une nouvelle ère,
celle de Heisei (1991 correspondant à l'an 3) et le parti au pouvoir a semblé
vouloir imposer l'image d'un empereur chef d'État (autre entorse à la
constitution démocratique issue de l'après-guerre) et non pas un simple symbole
de la cohésion du peuple japonais.
A l'occasion des deux principales cérémonies
de couronnement de l'empereur, le peuple japonais de gauche et de droite, par
médias interposés, s'est une fois encore "empoigné" sur les risques de dérive
droitière du pays et les craintes, fondées ou non, du retour aux vieux démons
militaristes d'avant guerre.
Guerre du Golfe: le dilemme de la défense
Ce débat s'est développé dans le contexte de la tension née de la prise en otage
de Japonais dans le Golfe: au moment de l'invasion irakienne au Koweït, le 2
août 1990, 245 Japonais s'étaient en effet trouvés pris dans les filets de
Saddam Hussein.
Les négociations menées avec le dictateur irakien ont amené à la
libération de tous les Japonais le 8 décembre 1990, mais pendant le semestre
qu'ont duré les transactions, la télévision et la presse se sont fait l'écho
d'un débat de fond portant sur le rôle que devait jouer l'armée nippone, dont la
vocation officielle est l'autodéfense.
Pour les uns, elle devait participer à la
guerre aux côtés des Américains, au motif que la situation relevait d'un cas de
légitime défense (le Japon est totalement dépendant du Proche-Orient pour ses
approvisionnements pétroliers); d'autres, au contraire, défendaient une lecture
orthodoxe de la Constitution qui interdit d'envoyer en dehors des frontières du
pays des soldats nippons armés.
Finalement, les dirigeants du PLD, à la suite de nombreux sondages, de multiples
protestations de la part de la population, et se fondant sur la conviction qu'un
pays ne peut être fort que s'il n'entretient pas de forces armées offensives,
ont décidé de ne participer à la guerre qu'en la finançant (jusqu'à hauteur de
13 milliards de dollars).
Après la victoire des coalisés sur Saddam Hussein, la
presse nippone n'a guère évoqué ce qui avait effectivement été payé de cette
importante contribution.
Nombreux sont ceux qui, en Europe et aux États-Unis,
avaient entrevu des contrats fabuleux de reconstruction au Koweït.
Dans ces
projets, le Japon a été mis en quarantaine pour ne pas s'être vraiment impliqué
dans la guerre.
Si la guerre du Golfe n'a pas eu finalement beaucoup d'effets pour le Japon, la
détente née de la fin de la "guerre froide" n'a pas, en revanche, porté les
fruits espérés dans l'archipel.
Assistant à la réunification de l'Allemagne, les
Japonais ont enregistré que l'"autre" grand vaincu de la Seconde Guerre mondiale
pouvait enfin tirer un trait sur son passé.
Concernant précisément les séquelles
de cette guerre, ils avaient beaucoup misé sur la venue de Mikhaïl Gorbatchev,
le 19 avril 1991, espérant le convaincre et obtenir la rétrocession de quatre
petites îles des Kouriles du Sud, situées à l'est de l'île septentrionale du
Hokkaido (après la reddition japonaise, en 1945, l'URSS considéra ces îles ainsi que Sakhaline, plus au nord - comme étant soviétiques).
En contrepartie de
ce retour au Japon, Tokyo était disposé à accorder une aide économique et
technologique importante à l'URSS.
Mais la visite historique du président de
l'URSS aura été un échec: n'ayant pas rendu aux Japonais ce qu'ils estiment leur
appartenir, celui-ci est reparti les mains pratiquement vides.
Japon / URSS / Corées
Pourtant, si l'on met à part cet échec et si l'on considère la progression des
échanges économiques et commerciaux entre l'URSS, le Japon et la Corée du Sud,
on constate que les évolutions ont été rapides.
Les villes côtières de la mer du
Japon qui baigne les côtes de ces trois pays, comme Niigata, sont en pleine
expansion et une ligne aérienne Niigata-Irkoutsk a été inaugurée en juin 1991.
Pour nombre de démocrates nippons, le problèmes des Kouriles est apparu en fait
comme mineur par rapport à celui du maintien de la partition de la Corée - qui a
été occupée et colonisée par le Japon de 1910 à 1945 - et celui de la survivance
de l'un des régimes communistes les plus totalitaires de la planète, en Corée du
Nord, aux portes de leur pays.
Mikhaïl Gorbatchev, sur le chemin de son retour à Moscou, s'est arrêté en Corée
du Sud.
Depuis plusieurs mois déjà les échanges croissaient entre les deux pays
et les Coréens ont décidé d'aider à la réussite de la perestroïka.
De son côté,
Tokyo souhaitait se rapprocher de Pyongyang.
L'un des ténors du PLD, Kanemaru
Shin, accompagné du vice-président du Parti socialiste, Tanabe Makoto, s'est
rendu en Corée du Nord le 26 septembre 1990, montrant une volonté de tirer un
trait sur le passé en présentant des excuses pour la période d'occupation, en
indemnisant des victimes et en apportant une aide économique au pays, en proie à
de difficiles problèmes économiques depuis le "lâchage" de l'Union soviétique
qui exige désormais d'être payée en dollars (depuis le début de l'année 1991).
De son côté, le régime communiste a montré sa bonne volonté en libérant deux
pêcheurs japonais retenus en otage depuis 1983, qu'il accusait d'espionnage.
Le
Japon, néanmoins, a maintenu de bonnes relations avec la Corée du Sud et
l'empereur Akihito a exprimé lui aussi ses regrets pour la période d'occupation
lors de la visite officielle du président sud-coréen, Roh Tae Woo, le 24 mai
1991.
Bien que la visite de M.
Gorbatchev au Japon n'ait pas été un succès, on
peut retenir qu'une solide activité économique se développe en Asie du Nord-Est.
Une voiture sur quatre aux États-Unis est nipponne et l'année 1990 a encore vu
les Japonais acheter des entreprises américaines et non des moindres: dans le
secteur médias, par exemple, Matsushita a acquis MCA (Studio Universal et MCA
Records) pour 6,1 milliards....
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