Devoir de Philosophie

Japon (1996-1997): Hégémonie conservatrice Pendant 38 ans le Parti libéral-démocrate (PLD, conservateur, fondé en 1955) a façonné le Japon. Mais...

Extrait du document

« Japon (1996-1997): Hégémonie conservatrice Pendant 38 ans le Parti libéral-démocrate (PLD, conservateur, fondé en 1955) a façonné le Japon.

Mais l'usure du pouvoir, les nombreux scandales politico-financiers, les luttes de factions et l'impossibilité de mener les réformes nécessaires ont rejeté dans l'opposition ce parti du monde industriel et financier.

Ce fut un véritable séisme politique qui amena au pouvoir des jeunes conservateurs impatients qui avaient fait sécession d'avec leur parti pour s'allier avec les socialistes et le Parti bouddhiste (Komeito). Le leader conservateur sécessionniste Ozawa Ichiro refusant de permettre à un socialiste de diriger le gouvernement, en juillet 1994, le leader du Parti socialiste, Murayama Tomiichi, a tendu la main aux conservateurs, hier encore ennemis traditionnels, pour former un cabinet socialo-libéral.

Les conservateurs, satisfaits de revenir aux affaires, bien que dans un étrange contexte, ont joué le jeu en confortant en silence leur position et en essayant de regagner une partie de leur crédibilité perdue.

En janvier 1996, l'impossibilité pour le socialiste Murayama de régler le problème né du scandale retentissant des prêts "désastreux" (jusen) ayant conduit à la faillite de plusieurs banques, a propulsé sur le devant de la scène les conservateurs du PLD: Hashimoto Ryutaro devenait Premier ministre, gardant l'appui des socialistes.

Il s'agissait de reprendre le maximum de moyens de commande politique avant le grand affrontement électoral annoncé du 20 octobre 1996. Dans l'espoir de prendre le contrôle des nouvelles forces conservatrices, Ozawa Ichiro s'est associé avec les bouddhistes de l'ancien parti Komeito et avec le réformiste-conservateur Hosokawa Morihiro.

Ensemble ils ont fondé le parti néo-conservateur Shinshinto (Parti de la nouvelle Frontière).

Hashimoto Ryutaro est resté à la direction de son parti d'origine, le PLD, et au poste de Premier ministre. Hashimoto et Ozawa étant issus de la même "écurie politique", celle de Tanaka Kakuei, peu de divergences politiques sur le fond séparent ces deux conservateurs, sinon la rivalité pour le pouvoir.

L'enjeu des législatives était important car un nouveau type de scrutin était inauguré: le nombre de députés était réduit de 511 à 500; trois cents nouvelles circonscriptions ont été redessinées pour n'accueillir qu'un seul élu (mode uninominal à un tour); et 200 sièges étaient affectés à la proportionnelle. Déroute socialiste et calculs néo-conservateurs Les résultats de ces législatives ont vu les conservateurs orthodoxes de Hashimoto l'emporter sur les dissidents d'Ozawa.

La répartition des sièges fut la suivante: PLD 239; Shinshintô 156; Minshutô 52; Parti communiste 26; Parti socialiste 15; indépendants 9; Sakigake 2; Ligue pour la réforme démocratique 1. Le taux d'abstention a été de 59,65 %! Le Parti socialiste a payé fort cher sa stratégie d'alliance avec les conservateurs: son électorat traditionnel a préféré s'abstenir ou voter pour les communistes, lesquels ont obtenu nettement plus de sièges Le PLD a proposé à ses alliés socialistes d'hier de participer au nouveau gouvernement, mais Mme Takako Doi, revenue à la tête d'un parti en déroute, a préféré apporter un soutien critique aux conservateurs sans participation. Un parti nouveau est apparu, le Minshutô codirigé par des "jeunes turcs conservateurs" issus du PLD et du Sakigake.

Le 22 septembre 1996, Hatoyama Yukio, qui avait quitté le parti Sakigake, créait avec Kan Naoto le Minshutô, souhaitant renouveler la vie politique et réaliser les réformes, dont celle de l'administration.

Malgré un slogan plus que vague "D'amour et d'amitié" et sa création à un mois du scrutin, le Minshutô s'est d'emblée positionné comme troisième force politique.

Hatoyama et Kan, après s'être vus proposer des postes ministériels, ont décidé de rester dans l'opposition, mais sans déstabiliser le gouvernement.

Ce nouveau parti créé par le fils d'un premier ministre conservateur, Hatoyama Ichiro (1954-1956), lequel avait lui-même créé en 1954 le Nihon Minshutô (qui fut l'une des deux composantes du PLD né en 1955) a pu être analysé comme une faction conservatrice du PLD.

Il se positionnerait pour des alliances futures dans le but de contrôler les forces conservatrices (90 % des sièges au Parlement) vraisemblablement appelées à diriger le pays pour de longues années encore. Le monde politique japonais se renouvelle décidément peu comme en a témoigné l'âge moyen du nouveau gouvernement (62 ans).

Et le fait qu'une seule femme, Ishii Michiko, ait été nommée (directeur général de l'Agence pour l'environnement) est révélateur du machisme persistant des conservateurs. Force est de constater que le nouveau mode de scrutin uninominal a favorisé les grands appareils en même temps qu'il a renforcé le pouvoir des états-majors politiques.

Dès le lendemain des élections, des voix se sont élevées pour proposer de l'amender.

Le perdant du combat conservateur a semblé être Ozawa Ichiro, très critiqué pour son autoritarisme.

Certains avaient souhaité son départ de la direction du parti.

Devant l'intransigeance de celui-ci, son compagnon et ami de 27 ans, l'ancien Premier ministre Hata Tsutomu, a quitté le Shinshintô en décembre 1996, en compagnie de douze autres députés du Shinshintô, pour fonder le Taiyôtô (Parti du Soleil). L'ambiguïté des rapports nippo-américains Pour le 25e anniversaire du retour d'Okinawa au Japon, le 14 mai 1997, plusieurs manifestations se sont tenues au Japon pour protester contre la présence des bases américaines (correspondant à la plus grande partie des 47 000 soldats américains en poste au Japon dans le cadre du traité de sécurité nippo-américain).

Les Américains répartis sur douze bases occupent 20 % de l'île d'Okinawa et 40 % de l'espace aérien.

Malgré la désapprobation des habitants d'Okinawa, le Sénat a voté à une très large majorité, le 18 avril 1997, une loi autorisant le gouvernement japonais à utiliser pour les bases américaines des terrains étant propriété d'une association de 3 000 personnes (pour moitié des militants anti-militaristes). Les Américains rappellent régulièrement aux Japonais que le déséquilibre commercial est toujours aussi important et menacent régulièrement de mesures de rétorsion, comme ce fut le cas lors de la rencontre Hashimoto-Clinton à Washington le 28 avril 1997.

Le sommet de l'APEC (Coopération économique en Asie-Pacifique) qui s'est tenu à Manille et qui a réuni 18 pays de la Zone pacifique a, pour sa part, insisté sur la réduction progressive des barrières et des tarifs douaniers pour un certain nombre de produits avec, en toile de fond, le projet d'une libéralisation très large pour les pays industrialisés en 2010 et pour les pays moins développés en 2020. Lors de ce sommet bi-annuel de l'APEC, le problème du leadership japonais dans la région a été abordé.

Celui-ci aurait pour rôle de contrebalancer la présence jugée trop importante de la Chine et des États-Unis.

Mais le Japon ne pourra pas tenir ce rôle tant qu'il n'aura.... »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓