Japon (2003-2004): L’année des défis À bien des égards, l’année 2003-2004 aura été celle de grands défis politiques pour l’équipe...
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Japon (2003-2004): L’année des défis
À bien des égards, l’année 2003-2004 aura été celle de grands défis politiques
pour l’équipe du Premier ministre Koizumi Junichiro, au pouvoir depuis 2001 et
reconduit dans ses fonctions au terme des élections législatives de novembre
2003.
Le plus notable aura certainement été l’affirmation d’une posture
internationale nouvelle à travers le soutien ferme à la coalition
anglo-américaine dans la guerre contre Saddam Hussein puis l’occupation et la
reconstruction de l’Irak.
Le maintien d’une cote de popularité honorable – au vu
du contexte international et national – pour le Premier ministre au premier
trimestre 2004, après que les Forces d’autodéfense (FAD) eurent été envoyées
dans le Sud irakien, marquait une relative accalmie du débat national sur ce
dossier.
Les signes d’une reprise économique venaient par ailleurs conforter
l’opinion, avec un rebond de la croissance à 2,7 % en 2003.
Par ailleurs, le PIB
a augmenté de 1,5 % au premier trimestre 2004, soit 6,1 % en rythme annuel.
Face aux pressions sociétales
Cependant, la croissance japonaise restait essentiellement soutenue par des
facteurs externes, tels la bonne santé de l’économie américaine et le dynamisme
du marché chinois : ainsi, en mars 2004, l’excédent commercial du Japon avait
progressé de + 52 % sur une année.
Les éléments de reprise demeuraient fragiles
puisque celle-ci était avant tout portée par la conjoncture internationale et
que la croissance de la consommation nationale demeurait faible.
Les autorités japonaises ont pourtant introduit de nouvelles règles économiques.
L’accord historique nippo-américain sur la fiscalité (janvier 2004) visait à
faciliter les investissements américains directs au Japon.
D’autres ententes de
ce type devraient suivre.
De même, la mise en place d’accords de libre-échange
et la volonté d’une plus grande généralisation du procédé participaient à
l’effort de refonte de la relation commerciale avec les partenaires extérieurs
en vue d’une redynamisation de l’économie japonaise.
Fait tout à fait
remarquable, le secteur agricole, autrefois fortement protégé, était ouvert à la
concurrence dans le cadre de l’accord de libre-échange signé avec le Mexique,
devant entrer en vigueur en janvier 2005.
Plusieurs facteurs ont incité à cette ouverture : le taux d’autosuffisance
alimentaire du Japon a baissé, les marges de compétitivité sont faibles car les
exploitations agricoles sont de petite taille – ce qui justifiait l’imposition
de taxes importantes à l’importation.
La population agricole est également
victime du vieillissement général de la population japonaise.
Tous ces éléments
ont incité le gouvernement central, mais aussi les autorités locales et les
organisations professionnelles agricoles à modérer le système de protection et
de garantie des exploitants agricoles, en dépit du poids politique que ce
secteur a toujours représenté pour le Parti libéral démocrate (PLD, au pouvoir),
et notamment pour la puissante faction conservatrice Hashimoto, déjà affaiblie
après les tensions intraclaniques de l’automne 2003.
Les restructurations des entreprises privées se sont également poursuivies, avec
notamment la revalorisation du travail et l’injection de ressources humaines
extérieures voire étrangères à des postes de direction.
Le phénomène de
flexibilité parfois excessive des emplois récents – et notamment celui des
freeters – a motivé une refonte de l’évolution des carrières et, plus
globalement, des réglementations du marché du travail, dont plusieurs grands
groupes ont commencé à faire l’expérience.
Mais les orientations sociétales restaient encore floues : la question de savoir
dans quelle mesure le secteur privé souhaitait reprendre ou remodeler le système
de protection sociale qu’il garantissait dans les années de forte croissance
restait ouverte.
Avec un taux de chômage stagnant autour de 5 % en 2003 – il
touchait cependant 10 % des Japonais âgés de moins de vingt-quatre ans –, la
valorisation du capital créatif, scientifique et technologique de l’archipel et
les signes de reprise, le retour à la confiance des ménages devrait être
possible, à supposer que la population japonaise soit davantage rassurée sur son
système social ainsi que sur le modèle de société que souhaite impulser
l’ensemble des acteurs.
Le débat sur le système des retraites constituait en cela un dossier crucial
pour le gouvernement Koizumi.
Il avait déjà fait l’objet d’affrontements
politiques avec l’opposition et au sein même de la coalition gouvernementale
lors des élections législatives de novembre 2003.
Le projet de réforme
gouvernementale, prévoyant l’augmentation des cotisations en fonction du revenu
annuel et l’abaissement de 15 % du niveau des pensions pour les salariés
actuels, pouvait conduire à un approfondissement des disparités sociales.
Le
Parti démocrate du Japon (PDJ, principal parti d’opposition) rendait pour sa
part publique une contre-proposition, en avril 2004, inspirée du modèle suédois
et prévoyant notamment la mise en place d’une taxe spécifique pour les
retraites.
Longtemps identifiée par ses interventions sur la politique de
défense du Japon et sur le pacifisme constitutionnel japonais, l’opposition –
qui a continué de surveiller les missions des FAD – pourrait réorienter le débat
politique sur des thèmes classiques.
Mais elle ne semble pas détenir le monopole
de la défense de l’égalité sociale, les divergences dans le projet sociétal
étant également perceptibles au sein même du PLD : la faction Hashimoto
soutenait ainsi une augmentation de la TVA pour financer le système des
retraites.
Le défi de la bipolarisation politique
Le positionnement du PDJ sur ce dossier donnait quelques raisons de croire à la
consolidation d’un système bipartite au Japon, que laissaient espérer les
élections législatives du 9 novembre 2003 après que la Chambre des représentants
(Chambre basse) eut été dissoute en octobre 2003.
Les résultats de celles-ci ont de nouveau contraint le PLD à gouverner avec
l’appui d’une coalition (PLD-Nouveau Komeito et Parti conservateur), confirmant
cependant Koizumi Junichiro au poste de Premier ministre.
Déjà, l’élection à la
présidence du PLD, le 20 septembre 2003, l’avait reconduit à ce poste, en dépit
des rivalités internes au parti entre réformateurs et conservateurs, mais aussi
intrafactionnelles.
Les résultats des élections législatives lui ont conféré une
légitimité supplémentaire, que son engagement contesté aux côtés des États-Unis
en Irak et les critiques publiques contre ses visites réitérées au temple shinto
Yasukuni en hommage aux Japonais morts au combat (dont les criminels de guerre)
ne garantissaient pas.
La fusion du PDJ de Kan Naoto et du Parti libéral de Ozawa Ichiro, en septembre
2003, formant un nouveau PDJ hétérogène dans son programme au vu des origines
politiques distinctes des deux hommes, n’est pas parvenue à renverser la
tendance gouvernementale.
Elle a néanmoins abouti au fléchissement du PLD, qui
n’a pu obtenir la majorité absolue de 241 sièges.
Ce nouveau regroupement
politique a également valu au PDJ la plus forte progression parmi les partis
politiques, avec un gain de 40 sièges à la Chambre basse.
Alors même que son projet avait constitué la....
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