Japon (2004-2005): Élections anticipées En mai 2005, le Premier ministre Koizumi Junichiro recueillait environ 60 % d’opinions favorables. Pourtant, son...
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Japon (2004-2005): Élections anticipées
En mai 2005, le Premier ministre Koizumi Junichiro recueillait environ 60 %
d’opinions favorables.
Pourtant, son deuxième mandat, engagé en novembre 2003,
s’annonçait difficile, après le revers de sa formation politique – le Parti
libéral démocrate (PLD) – aux élections sénatoriales de juillet 2004, alors que
l’opposition poursuivait sa progression en remportant 12 sièges supplémentaires
(50 sièges sur 121).
Il devait aussi gérer des dossiers sensibles, notamment la
réforme de l’institution postale et les relations avec la Chine.
L’opinion
publique japonaise, très suspicieuse à l’encontre des dirigeants, avait mis au
défi le pouvoir exécutif après l’éclatement de la bulle financière, en misant
sur des régimes de coalition à partir de 1993.
Remettre le Japon sur des rails
plus « sains » était aussi l’objectif de campagne de Koizumi.
Alors qu’il a confirmé le maintien des troupes japonaises dans le Sud irakien,
après la mise en place du gouvernement de transition et de façon certaine
jusqu’à fin 2005, qu’il a persisté dans ses visites controversées au temple
shinto Yasukuni – en hommage aux Japonais morts au combat, dont des criminels de
guerre –, qu’il a proposé de privatiser la Poste et qu’il a continué de défier
une forte contestation dans son propre clan politique, la popularité du Premier
ministre semblait peu en souffrir.
Dans son aptitude à ne pas plier devant la
critique, Koizumi est apparu comme cette force politique motrice et, en
apparence, au-dessus des jeux politiciens qui ont fait l’histoire politique du
PLD depuis sa fondation : le remaniement ministériel de septembre 2004 et la
nomination de nouvelles instances dirigeantes au PLD s’inscrivaient dans cette
logique.
Avec un gouvernement encore rajeuni – la moyenne d’âge est de 57,6 ans
– et l’inattendu Tsutomu Takebe, de la faction Yamasaki, artisan du manifeste
politique lors des élections législatives de novembre 2003, au secrétariat
général du PLD, Koizumi ne se démarquait pas de son slogan de 2001 : « Changer
le Parti, changer le Japon ».
Le grand chantier de la privatisation de la Poste
Chantier énorme par l’étendue du secteur et par la manne financière qu’il dégage
– en mars 2005, l’épargne postale représentait à elle seule 214 milliards de
yens sur un volume d’épargne totale estimé à 1 400 milliards de yens, faisant de
la Poste la plus grande banque du Japon –, mais aussi par l’étroitesse des
relations entretenues notamment entre les fonctionnaires locaux de la Poste et
les politiciens du PLD (réputés pour leur clientélisme), la privatisation de
l’institution postale, inscrite au programme du Premier ministre dès 2001, a été
officiellement lancée en mars 2005.
La réforme proposée vise à mettre en place
quatre unités postales d’ici 2007, chapeautée par une holding détenue à 100 %
par l’État.
D’ici 2017, l’État en céderait les branches banque et assurance, les
services courrier restant sous le contrôle de la holding, alors détenue à 33 %
par l’État.
Il s’agit d’intégrer l’institution postale, longtemps critiquée pour
le « socialisme financier » qu’elle engendrait – l’État avait la capacité
d’absorber des fonds avec garantie totale –, dans un mécanisme de marché qui
serait plus efficace.
Cette réforme restait critiquée, y compris au sein du PLD.
Le Sénat ayant rejeté le projet, le Premier ministre décidait, le 8 août, de
dissoudre la Chambre basse et gagnait les élections anticipées le 11 septembre.
La réforme postale concentre l’ensemble des défis que cherche à relever le Japon
depuis les années 1990, après que la crise économique et financière eut
bouleversé les acquis en matière de gestion et menacé le système social.
Ainsi,
les freeters, ces jeunes gens travaillant à temps partiel par choix ou par
contrainte, représentaient en 2004 2,7 % de la population active, lorsque les
neets (No employment, no education, no training), jeunes gens sans emploi, sans
éducation, et sans programme de formation, en augmentation spectaculaire depuis
une décennie (+ 27 %), étaient plus de 520 000.
L’évolution de ces deux
catégories traduit la profonde transformation du modèle social.
Même si le
chômage a baissé en 2004 – avec un taux de 4,7 % et un recul de 340 000 chômeurs
par rapport à l’année précédente –, les incidences de la réforme postale sur
l’emploi attisaient la contestation.
Les secteurs économique et financier se sont progressivement ouverts à la
concurrence.
Ainsi, les mesures protectionnistes – notamment dans le secteur
agricole – se voient menacées par la politique d’accords de libre-échange avec
les partenaires commerciaux régionaux du Japon.
Après les accords conclus avec
Singapour en 2003 et le Mexique en 2004, les négociations avec d’autres voisins
asiatiques – Philippines, Thaïlande, Malaisie, Corée du Sud et l’Association des
nations du Sud-Est asiatique (ANSEA) pouvaient aboutir avant la fin 2005.
En
outre, l’ouverture de postes dirigeants clés, après l’expérience probante du
Français Carlos Ghosn à la tête de Nissan, à la compétence, interne ou étrangère
au groupe voire internationale, plutôt qu’à l’ancienneté est une donnée
fondamentale de la nouvelle gouvernance.
La nomination d’un P-DG américain à la
tête du groupe Sony, de même que la promotion de femmes à des postes de
direction – chez Sanyo ou Daiei, grand groupe de distribution au bord de la
faillite en 2004, sauvé par la manne financière publique – ont traduit une
démocratisation et une relative libéralisation des modes de gestion.
Cependant,
l’attention portée aux petits actionnaires et la volonté affichée par plusieurs
grands dirigeants de se doter de moyens pour contrer les opérations de plus en
plus fréquentes d’offres publiques d’achat (OPA) ont illustré la quête d’un mode
de régulation « à la japonaise ».
La révision à la baisse du taux de croissance
de 2,1 % prévu pour l’année fiscale 2004 signifiait la persistance de
difficultés économiques : la baisse de la consommation privée et des
exportations constituaient encore deux freins à la reprise.
Les nouvelles orientations de la défense
L’autre grand chantier du gouvernement Koizumi a été la réforme de la politique
de défense.
Annoncées formellement le 10 décembre 2004, les nouvelles
orientations de la défense japonaise ont clos une quinzaine d’années de débats
sur la place du Japon dans le monde et sur les meilleurs moyens d’assurer sa
protection.
L’accroissement du sentiment d’insécurité face à un environnement
régional instable – la Chine, sa croissance....
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