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Japon (2005-2006): Passation politique annoncée Ayant annoncé qu'il ne briguerait pas un troisième mandat, le Premier ministre Koizumi Junichiro (au...

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« Japon (2005-2006): Passation politique annoncée Ayant annoncé qu'il ne briguerait pas un troisième mandat, le Premier ministre Koizumi Junichiro (au pouvoir depuis 2001 et devant demeurer en poste jusqu'en septembre 2006) a commencé ce qui devait être sa dernière année à la tête du gouvernement sur le même ton que les quatre précédentes : fermeté et séduction, réformes de l'État, transformation sociétale, envolées nationalistes, détermination face à la Chine et autonomie dans la relation avec les États-Unis. Incontestablement aux commandes après sa nouvelle victoire aux élections législatives anticipées de septembre 2005 (dont il avait provoqué la tenue), Koizumi a cédé peu de terrain à l'opposition politique, en lente recomposition. La sortie du tunnel L'éclipse économique du Japon aura duré un peu plus d'une décennie.

Elle peut sembler relative : l'archipel a su conserver son rang de deuxième puissance économique mondiale par le PIB, ainsi que son image de puissance innovatrice. Tant le succès de l'exposition universelle Aichi avec ses robots humanoïdes (mars-septembre 2005) que la rencontre programmée depuis 2003 de la sonde Hayabusa avec l'astéroïde Itokawa, en septembre 2005, ont confirmé l'avancée technologique du Japon dans des domaines phares pour les industries du futur. Même au plus fort de la crise économique et financière, les investissements en R&D (recherche-développement) étaient restés constants (3 % du PIB).

Avec un taux de croissance de 2,8 % annoncé pour 2006, la sortie de crise était confirmée. Mais celle-ci s'est construite au détriment d'une dette publique colossale (683 milliards de dollars), mettant en danger la bonne santé de l'économie : le cabinet Koizumi de 2006 devait prendre des mesures budgétaires drastiques, difficiles à mettre en œuvre au vu des résistances corporatistes.

La reprise s'est également faite au détriment d'un modèle de société que seul l'archipel était parvenu à inscrire dans la durée.

Les disparités sociales étaient de plus en plus perceptibles.

La politique d'inspiration reaganienne de dérégulation, de privatisation ou de réduction des impôts pour les plus riches favorisée par Koizumi a certes contribué au redémarrage de l'économie, mais de nombreux Japonais ont dû puiser dans leur épargne pour faire face à la crise : en 2005, près de 25 % des foyers japonais n'avaient plus d'épargne, (contre 4 % des familles à la fin des années 1980).

Le mythe de la forte épargne privée des ménages japonais a fondu et le modèle de l'État-providence, tel que développé au Japon, s'essoufflait.

Avec une politique sociale et économique favorisant la division de la société en « gagnants » et « perdants », le Japon a rejoint le club des pays confrontés aux défis sociétaux, lorsqu'il formait une exception avec une société de classe moyenne et égalitaire. En janvier 2006, le « scandale Livedoor », société vitrine de la nouvelle génération d'entrepreneurs et de la nouvelle économie, a remis temporairement en question les orientations choisies.

Son jeune P-DG, Horie Takafumi (33 ans), était le symbole même de la classe des « gagnants » encouragée par Koizumi.

La révélation de pratiques financières frauduleuses et l'arrestation de Horie ont conduit à la chute record de l'indice Nikkei (– 5,8 points le 17 janvier 2006), depuis la reprise économique.

Ce qui devait être un modèle de régénération économique a ravivé le souvenir de pratiques financières douteuses largement en vogue quelques années plus tôt. En outre, avec plus de 128 millions d'habitants et le vieillissement installé de sa population, le Japon continuait de rejeter le recours à l'immigration, optant pour le soutien à l'emploi des « seniors », par ailleurs désireux de conserver une activité professionnelle. Une politique nationaliste à l'épreuve Sur le plan politique, les grandes orientations ont été consolidées.

En provoquant et remportant en septembre 2005 des élections anticipées à la Chambre des représentants (Chambre basse) après le rejet en août par la Chambre des conseillers (Chambre haute) de la privatisation de la Poste – son grand chantier depuis 2001 –, le Premier ministre s'est assuré une nouvelle légitimité politique, imposant une défaite humiliante au Parti démocrate du Japon (PDJ) qui a perdu 64 sièges.

Il a, en outre, constitué son troisième cabinet autour d'une garde rapprochée, appelée à lui succéder.

En remplaçant le trop modéré Fukuda Yasuo par Abe Shinzo au secrétariat général du Cabinet, en nommant Aso Taro aux Affaires étrangères et Tanigaki Sadakazu aux Finances, Koizumi a réuni la nouvelle génération des libéraux-conservateurs.

Tous trois étaient en outre en bonne position pour briguer la présidence du Parti libéral-démocrate (PLD) en septembre 2006 et éventuellement le poste de Premier ministre. À l'hiver 2005-2006, Koizumi et son clan sortaient quasiment intacts du « scandale Livedoor », alors même que le jeune Horie avait été encouragé à se présenter aux élections de 2005 avec le soutien du PLD.

Leurs positions étaient en outre confortées par les errements du PDJ et la démission de son jeune président Maehara Seiji après qu'une tentative de déstabilisation du PLD sur la base de correspondances électroniques aux sources douteuses avait échoué.

Mais une nouvelle épreuve les attendait, au printemps 2006, avec le retour sur la scène politique d'Ozawa Ichiro.

Issu des mêmes rangs que Koizumi et fin connaisseur d'un parti dont il fut le secrétaire général avant de le quitter, Ozawa a pris la présidence du PDJ en avril 2006.

Avec Ozawa aux commandes du PDJ, le risque augmentait que passent dans l'opposition certains libéraux-démocrates anti-Koizumi : la contestation intra-PLD avait été vigoureuse, tant sur la privatisation de la Poste que sur la politique étrangère.

Baron de la politique, Ozawa avait déjà provoqué en 1993 une vague de défection fatale pour le PLD, qui avait été mis en minorité pour la première fois de son histoire. Ce mouvement au sein de l'opposition obligeait le Premier ministre et son équipe à la plus grande prudence.

D'autant plus qu'avec Abe et Aso l'orientation nationaliste du cabinet Koizumi s'est renforcée.

Leurs appuis réitérés à la poursuite de visites officielles au temple shinto Yasukuni en furent certainement l'indicateur le plus visible.

Construit en 1869 pour recueillir les mânes des loyalistes à l'empereur Meiji, puis celles des combattants de différentes guerres, le sanctuaire est aussi devenu le symbole du militarisme nippon.... »

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