Jazz et vocalité
Publié le 09/05/2013
Extrait du document
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Le jazz est intimement lié à la vocalité par son histoire, sa construction, ses recherches de
sonorités tant instrumentales que vocales et l'accompagne tout au long de son évolution.
En effet
dans cette musique issue d'une tradition orale, la vocalité est omniprésente dans les
préoccupations musicales de ses interprètes.
Les chanteurs pratiquent leur tractus vocal comme
un instrument et les instrumentistes recherchent l'expression de l'intimité émotionnelle propre à
la voix, au travers de leurs instruments respectifs.
Même si l'on retrouve ce désir de faire chanter
l'instrument dans la musique savante européenne bien avant la naissance du jazz (on parle, par
exemple, de bel canto instrumental ou de cantabilita pianistique, chez Chopin ou Liszt) et que l'on
assiste à un élargissement de la vocalité dépassant le discours dans la musique contemporaine, la
relation de la musique jazz à la vocalité est particulièrement nécessaire à son appréhension.
A l'origine du jazz était donc la voix, celle d'une humanité déracinée, privée d'identité.
Le chant advient comme seul outil de communication, seule affirmation identitaire possible.
Les esclaves privés de la parole s'expriment par le chant.
En effet les esclaves étaient autorisés par
leurs gardiens à chanter durant leur temps de travail, entre autres quand ils réalisaient des travaux
pénibles dans lesquels ils devaient coordonner leurs efforts.
Par exemple ils avaient l’habitude
d’interpréter des chants appelés c hains gang quand ils travaillaient sur la route ou autre
construction.
Mais les négriers les autorisaient aussi à chanter des chants plus calmes s’ils
n’avaient pas de rapport avec leurs employeurs.
De plus vers la moitié du XVIIe siècle
l'évangélisation des esclaves se met en place et leur donne accès au chant durant les offices
religieux leur étant réservés.
Le chant repris ainsi la place importante qu’il avait dans les
communautés africaines.
Dans la « préhistoire » du jazz la voix apparaît donc en premier lieu
comme émission du son pour le son, en expression d'une présence purement physique, comme
signifiance d'un investissement corporel total pour se développer au travers du gospel à l'aide d'une
parole imposée en reconnaissance d'une âme accordée pour finalement s'épanouir dans la parole
retrouvée, en même temps qu'une identité, au travers du blues .
La vocalité dans le jazz nait des
deux modes d'expression du chant:: le geste vocal pur et de la voix comme support à la parole, au
texte.
On retrouve dans ses chants « pré-jazz » les différentes fonctionnalités du chant dans les
musiques traditionnelles:
• Le chant accompagnant le travail, dans les worksongs et les field hollers qui utilisent le même
principe de questions/réponses que les chants traditionnels africains visant la synchronisation et
l'investissement physique le plus absolu.
• Le chant de communication avec le divin, dans les gospels , les spirituals ou encore les ring shouts.
• Le chant épique, dans le blues qui raconte, informe la communauté à la manière des griots
africains et des laments irlandais.
Dans ces musiques le chant sert de soutien au labeur ou de support aux textes religieux, mais il
est aussi onomatopées, cris, interjections, incantations spirituelles, il permet à l'individu comme au
collectif de se retrouver, de s'identifier comme d'exprimer l'indicible: ses émotions.
Et par le fait
de leur tradition orale, ces chants portent en eux les prémices de l'improvisation par l'utilisation
de variations mélodiques et rythmiques auxquelles se livrent déjà, par exemple, les solistes des
worskongs ou des gospels.
La vocalité dans le jazz contient donc dès son origine la double fonction
de porte parole par la chanson et de l'expression de l'ineffable par l'improvisation qui se
développera d'une façon encore plus spécifique dans le jazz instrumental.
1.
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