Jean-Pierre Claris de FLORIAN (1755-1794) (Recueil : Fables) - L'aveugle et le paralytique. 1. Aidons-nous mutuellement, 2. La charge des...
Extrait du document
«
Jean-Pierre Claris de FLORIAN (1755-1794) (Recueil : Fables) - L'aveugle et le
paralytique.
1.
Aidons-nous mutuellement,
2.
La charge des malheurs en sera plus légère ;
3.
Le bien que l'on fait à son frère
4.
Pour le mal que l'on souffre est un soulagement.
5.
Confucius l'a dit ; suivons tous sa doctrine.
6.
Pour la persuader aux peuples de la Chine,
7.
Il leur contait le trait suivant.
8.
Dans une ville de l'Asie
9.
Il existait deux malheureux,
10.
L'un perclus, l'autre aveugle, et pauvres tous les deux.
11.
Ils demandaient au Ciel de terminer leur vie ;
12.
Mais leurs cris étaient superflus,
13.
Ils ne pouvaient mourir.
Notre paralytique,
14.
Couché sur un grabat dans la place publique,
15.
Souffrait sans être plaint : il en souffrait bien plus.
16.
L'aveugle, à qui tout pouvait nuire,
17.
Etait sans guide, sans soutien,
18.
Sans avoir même un pauvre chien
19.
Pour l'aimer et pour le conduire.
20.
Un certain jour, il arriva
21.
Que l'aveugle à tâtons, au détour d'une rue,
22.
Près du malade se trouva ;
23.
Il entendit ses cris, son âme en fut émue.
24.
Il n'est tel que les malheureux
25.
Pour se plaindre les uns les autres.
26.
« J'ai mes maux, lui dit-il, et vous avez les vôtres :
27.
Unissons-les, mon frère, ils seront moins affreux.
28.
– Hélas ! dit le perclus, vous ignorez, mon frère,
29.
Que je ne puis faire un seul pas ;
30.
Vous-même vous n'y voyez pas :
31.
A quoi nous servirait d'unir notre misère ?
32.
– A quoi ? Répond l'aveugle ; écoutez.
A nous deux
33.
Nous possédons le bien à chacun nécessaire :
34.
J'ai des jambes, et vous des yeux.
35.
Moi, je vais vous porter ; vous, vous serez mon guide :
36.
Vos yeux dirigeront mes pas mal assurés ;
37.
Mes jambes, à leur tour, iront où vous voudrez.
38.
Ainsi, sans que jamais notre amitié décide
39.
Qui de nous deux remplit le plus utile emploi,
40.
Je marcherai pour vous, vous y verrez pour moi.
Fable => apologue : court récit avec une morale.
Fable du XVIIIe siècle => l’auteur avait donc lu celles de La Fontaine.
Ici, la morale est située dans une strophe séparée du corps du texte (poème) et elle est
annoncée avant.
I- Un court récit
A- Un texte poétique
• Fable en vers => facile à lire / court.
• Alternance d’alexandrins et d’octosyllabes => rythme.
Ex : Vers 1 (octosyllabe) / Vers 2 (alexandrin).
Alternance irrégulière des deux mètres =>
rythme.
• Majorité de rimes croisées du type abba : ex > « Asie, malheureux, deux, vie » ;
« mutuellement, légère, frère, soulagement ».
B- Un récit
• Des vers 8 à 40 => récit, exemple illustrant la morale.
• Temps du récit => imparfait pour les descriptions, l’arrière-plan et le passé simple qui
rompt cette toile de fond, actions brèves.
Ex : « étaient ; existait ; entendit »....
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
