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L' Épistolaire LETTRE ET AUTOPORTRAIT Textes 1. Jean G10No, Le Hussard sur le toit (1954) 2. Julie de LESPINASSE, «...

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« L' Épistolaire LETTRE ET AUTOPORTRAIT Textes 1.

Jean G10No, Le Hussard sur le toit (1954) 2.

Julie de LESPINASSE, « Mon ami je vous aime », lettre 7 (1773) 3.

Colette AUDRY, Rien au-delà, (1990) « Printemps 1990 », Objet d'étude : l'épistolaire QUESTION (4 points) Vous répondrez d'abord à la question suivante·: Après une lecture attentive de ces trois lettres, dites si elles font le portrait de celui qui écrit la lettre ou de celui à qui elle est adressée. Justifiez brièvement votre réponse. � TRAVAIL D'ÉCRll:URE (16 points) Vous traiterez ensuite un de ces trois sujets. 1.

Commentaire Vous commenterez l'extrait du texte de Giemo, de « J'ai longuement dis­ cuté ...» à « J'aime viser long�emps» (ligne 5 à ligne 36). 2.

Commentaire Julie de Lespinasse écrit:« Savez-vous pourquoi j'écris? C'est parce que cela me plaît.» (ligne 16) Pensez-vous que ce soit la seule motivation de l'auteur d'une lettre? Vous répondrez à cette question en vous appuyant sur les textes du corpus, ceux que vous avez étudiés en classe et vos lectures personnelles. 3.

Écriture d'invention Poursuivez la lettre de la mère d'Angelo en respeétant la situation d'énon­ ciation et en développant la thèse paradoxale soutenue par le personnage. ===.l CORPUS ■ Texte 1 : Jean G10No, Le Hussard sur le toit (1954) Angelo, Je héros du livre, est exilé en France où il erre au milieu d'une épi­ démie de choléra.

Au cours d'une des étapes de son périple, il reçoit une lettre de sa mère restée en Italie. La lettre était datée de juin et disait : « Mon bel enfant, as-tu trouvé des chimères? Le marin que tu m'as envoyé m'a dit que tu étais imprudent. Cela m'a rassurée.

Sois toujours très imprudent, mon petit, c'est la seule façon d'avoir un peu de plaisir à vivre dans notre époque de manufac5 tures1• J'ai longuement discuté d'imprudence avec ton marin.

II me plaît beaucoup.

Il a guetté la Thérèsa2 à la petite porte ainsi que tu le lui avais recommandé, mais, comme il se méfiait d'un grand garçon de quinze ans qui joue à la marelle tous les jours sur la place de sept heures du matin à huit heures du soir depuis que tu es en France, il a barbouillé la gueule d'un 10 pauvre chien avec de la mousse de savon et le joueur de marelle a pris ses jambes à son cou en criant à la rage.

Le soir même, le général Bonette qui n'a pas inventé la poudre m'a parlé d'une chasse au chien à propos de mon griffon.

Je sais donc exactement d'où vient le joueur de marelle main­ tenant et j'ai fait les yeux qu'il faut pour que le général sache que je sais. 15 Rien n'est plus agréable que de voir l'ennemi changer ses batteries de place.

Il y a beaucoup de rage à Turin.

Tous les jeunes gens qui ont un visage ingrat et une taille au-dessous de quatre pieds et demi sont enra­ gés.

La même épidémie ravage les envieux et ceux qui n'ont jamais su être généreux avec leur tailleur.

Le reste se porte bien et fait des projets.

II y en 20 a même qui ont la folie de vouloir adopter cette mode anglaise si préjudi­ ciable à l'organdi et aux pantalons collants d'aller manger à la campagne. Ils disent même : jusque près des tombeaux romains.

Ce que je trouve exagéré, comme espoir en tout cas.

Mais les routes sont les routes.

Lais­ sons faire.

Les bons marcheurs s'en vont toujours de détour en détour 25 pour voir le paysage qui est après le tournant et c'est ainsi que, d'une simple promenade, ils font parfois une marche militaire.

Tout cela serait bien s'il n'y avait pas de moins en moins de gens capables de compter sur leur cœur.

C'est un muscle qu'on ne fait plus travailler, sauf ton marin qui me parait de ce côté être un assez curieux gymnasiarque3 • Il s'est enthouso siasmé d'une bonté de rien du tout que j'ai eue pour sa mère et il est allé faire tourner ses bras un peu trop près des oreilles des deux hommes cha­ marrés qui ont organisé ton voyage précipité.

Ils en sont tombés très malen­ contreusement malades le jour même.

C'est dommage.

J'ai pensé que ton marin avait la détente un peu brusque.

Je lui ai donné de fort obscures rai35 sons pour qu'il fasse encore un voyage en mer.

J'ai été si mystérieuse qu'il s'en est pâmé de bonheur.

J'aime viser longtemps. Et maintenant, parlons de choses sérieuses.

J'ai peur que tu ne fasses pas de folies.

Cela n'empêche ni la gravité, ni la mélancolie, ni la solitude: ces trois gourmandises de ton caractère.

Tu peux être grave et fou, qui 40 empêche? Tu peux être tout ce que tu veux et fou en surplus, mais il faut être fou, mon enfant.

Regarde autour de toi le monde sans cesse grandis­ sant de gens qui se prennent au sérieux. © Éditions Gallimard. 1.

Manufacture: établissement industriel. 2.

Thérésa : nourrice d' Angelo. 3.

Gymnasiarque : gymnaste. ■ Texte 2 : Julie de LESPINASSE, « Mon ami je vous aime », lettre 7 (1773) Lettre extrait de la correspondance de Julie de Lespinasse, adressée à Monsieur de Guibert. Huit heures et demie, 1773. Mon ami, je ne vous verrai pas, et vous me direz que ce n'est pas votre faute ! mais si vous aviez eu la millième partie du désir que j'ai de vous voir, vous seriez là; je serais heureuse.

Non, j'ai tort, je souffrirais; mais je n'envierais pas les plaisirs du ciel.

Mon ami, je vous aime comme il faut s aimer, avec excès, avec folie, transport et désespoir.

Tous ces jours pas­ sés, vous avez mis mon âme à la torture.

Je vous ai vu ce matin, j'ai tout oublié, et il me semblait que je ne faisais pas assez pour vous, en vous aimant de toute mon âme, en étant dans la disposition de vivre et de mourir pour vous.

Vous valez mieux que tout cela; oui, si je ne savais que vous 10 aimer, ce ne serait rien en effet; car y a-t-il rien de plus doux et de plus naturel que d'aimer à la folie ce qui est parfaitement aimable? Mais, mon ami, je fais mieux qu'aimer: je sais souffrir; je saurai renoncer à mon plaisir pour votre bonheur.

Mais voilà quelqu'un qui vient troubler la satisfaction que j'ai à vous prouver que je vous aime. 15 Savez-vous pourquoi je vous écris? C'est parce que cela me plaît : vous ne vous en seriez jamais douté, si je ne vous l'avais dit.

Mais, mon Dieu ! où êtes-vous? SI vous avez du bonheur, je ne dois plus me plaindre de ce que vous m'enlevez le mien..... »

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