L' ITALIE : VILLES ET RÉGIONS Les problèmes régionaux ■ La lutte contre les inégalités régionales a été l e...

« L' ITALIE : VILLES ET RÉGIONS Les problèmes régionaux ■ La lutte contre les inégalités régionales a été l e souci premier des pouvoirs publics italiens depuis 30 ans, et plus particulièrement une action continue en faveur du Mezzogiorno. Déjà les réformes agraires* de 1 950 revêtaient une ampleur et une diversité spécialement adaptées aux conditions du Sud .

Mais surtout, la création en 1950 de la Caisse du Midi, organisme autonome de droit public prévu pour 10 ans et devenu pratiquement permanent et bénéfi ciant de dotations budgétaires quinquennales, ajoute aux investissements normaux des ministères une force d'intervention économique originale. Elle a pu obtenir des sources de financement extérieures : prêts de la Banque Mondiale, de la Banque Européenne d'investissements et surtout dotations du Fonds d'Aide au Développement régional qui, au sein de la C.E.E., soutient les régions attardées. ■ L'action s'est d'abord portée sur les programmes fonciers, la r modernisation agricole et les infrastuctures, en un temps où il s'agissait de lutter prioritairement contre le chômage des ru raux et l'isolement par rapport au reste du pays .

A partir de 1 957, l'accent est mis sur l'industrialisation* et surtout l'installation de grosses unités dans des noyaux d'industrialisation .

Tous les holdings d'État doivent réaliser 40 % de leurs nouveaux investissements dans le Midi : c'est l'époque où Montecatini s'installe à Brindisi, ltalsider à Tarente, Fiat à Bari, Alfa Romeo et Olivetti à Naples, Anie à Gela. Depuis une dizaine d'années, l'action d'aménagement est devenue plus globale, le tourisme doit jouer un rôle important, et le Sud doit se développer plus d'une manière autonome qu'en cherchant à copier et à rattraper le Nord. ■ Les résultats sont intéressants.

500 000 ha de terres ont été bonifiés et irrigués dans les périmètres aménagés par la Caisse en 20 ans, et surtout les plaines de Catane en Sicile, du Flumendosa en Sardaigne, du Voltumo près de Naples, du Fortore près de Foggia. En monnaie constante, la valeur de la production agricole a doublé dans le Midi, mais les progrès sont inégaux ( + 7 % par an dans les plaines aménagées, + 2 % ailleurs). Un réseau énergétique nouveau (gaz naturel, lignes électriques), 2 000 km d'autoroutes, des voies ferrées et des port s modernisés permettent au Sud de réaliser 1 7 % du produit industriel italien .

Le solde créations/suppressions d'emplois est positi f de 250 000 entre 1 951 et 1 97 1 , bien que les grandes entreprises ,fndustrielles, du fait de leur automatisation poussée, n'aient pas embauché et créé de la sous-traitance autant que souhaité.

La plupart de ces usines, prévues pour une phase d'expansion économique, ne tournent pas à plein rég ime : leur rentabilité est donc remise en question .

Et le chômage reste encore très répandu : que serait-ce si l'émigration n'avait pas continué qui a emmené vers le Nord ou l'étranger 1 , 8 million de personnes entre 1 951 et 1960 et 2,3 millions entre 1 961 et 1 970 ? Malgré tous les efforts, la situation du Midi reste précaire, surtout en période de difficultés économiques, comme depuis 1 974. 1 22 Comment expliquer les retards du Mezzogiorno. Les i nfluences naturelles n'expliquent pas tout.

Certes, le Sud a gardé longtemps des plaines malariennes, ses montagnes sont ravinées, la circu­ lation y est difficile; les ressources du sous-sol sont aussi maigres que celles de surface.

Mais le Nord aussi a des zones i nondables, des régions malsai­ nes, aux sols médiocres.

Et toute la péninsule méditerranéenne, malgré son i ncontestable unité physique.

ne partage pas uniformément le triste sort du Sud, de même que le Nord ne bénéficie pas partout de la même prospérité. I l ne s'agit pas non plus d'une tare hérédita i re .

Pendant !'Antiquité, Sicile et Sardaigne ont été les greniers à blé des Carthaginois, puis des Romains. Au début du xx• siècle, Naples et Palerme étaient plus grandes, plus prospères que Rome ou Milan. Le p o i d s des str u ctu res ag raires compte pour beaucoup.

Deux millénai­ res d'histoire ont fait du Sud un pays de vastes domaines (les latifundia).

Dès l 'Anti q uité , l 'appropriation de l'ager.... »