L L'ÉPREUVE ORALE 1re ÉTUDE THÉMATIQUE D'ORAL L'HUMAINE CONDITION « Les hommes sont des orgues bizarres, changeantes, variables. » (PASCAL)...
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«
L
L'ÉPREUVE ORALE
1re
ÉTUDE THÉMATIQUE D'ORAL
L'HUMAINE CONDITION
«
Les hommes sont des orgues bizarres, changeantes, variables.
»
(PASCAL)
LISTE
■
L'homme et la mort
- MONTAIGNE, Essais, 1, 20: « Que philosopher, c'est apprendre à
mourir...
»
ou
- MONTAIGNE, Essais, 11, 6, De l'exercitation: s'apprivoiser à la mort
■
L'homme et la vie
- MONTAIGNE, Essais, 111, 13: « Pour moi donc, j'aime la vie ...
»
- VOLTAIRE, Lettres philosophiques, XXV: le bonheur sur la terre
■ L'homme et l'univers
- PASCAL, Pensées, 72 : les deux infinis
ou
- PASCAL, Pensées, 347, 348, 358, 365, 400, 418 : le" roseau pensant»
■ Inquiétude fondamentale de l'homme
- « Misères d'un roi dépossédé», l'homme: PASCAL, Pensées, 434
- Le sentiment de l'inéluctable, la fuite du temps : BAUDELAIRE, Les
Fleurs du Mal, Spleen et Idéal : L 'Horloge
- L'angoisse : VERLAINE, Poèmes saturniens : L 'Angoisse
■ Évasion ou sagesse humaine ?
- BAUDELAIRE, Les Fleurs du Mal, Spleen et Idéal: Moesta et
Errabunda
-'- MONTAIGNE, Essais, 111, 13: « Faire bien l'homme et dûment»
morceaux choisis correspondant
ou du livre complet, que l'on
prend bien garde d'apporter en
deux exemplaires à l'examinateur.
La liste d'auteurs et extraits constituant un thème est souvent établie par le professeur et
distribuée, polycopiée ou photocopiée, à chaque élève de la
classe.
Il arrive cependant qu'elle soit
seulement dictée.
Il faut alors
veiller à donner les références
exactes du passage, œuvre, chapitre, livre ...
On précise en même
temps les pages du recueil de
Attention ! pas de fautes
d'orthographe, particulièrement
sur les noms d'auteurs et
d'œuvres.
Veillez aussi à une
présentation aérée, soignée, où
l'essentiel est mis en valeur.
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1re ÉTUDE THÉMATIQUE, D'ORAL
PLAN DU THÈME PROPOSÉ
1.
" L'humaine condition "
..■ L'Homme et la Mort
Dès que les hommes réfléchissent à leur destinée, ils sont confrontés à une
condition qui est illogique et inquiétante - "absurde " diront les Modernes, comme Camus ou Ionesco (L 'Étranger, Le roi se meurt...) - :
l'homme naît, vit.
..
pour mourir.
·seaucoup de penseurs, de philosophes, de poètes ont traité ou présenté
ce problème, et tenté d'y apporter réponse ou solution ou échappatoire.
Montaigne, dès le xw siècle, évoque la hantise de la mort qui crée chez
l'homme, très souvent, la peur, et auquel il attache lui-même une grande
importance.
Au livre 1, chapitre 20, des Essais(« Que philosopher, c'est
apprendre à mourir») ou au livre 11, chapitre 6, il constate :
- d'abord, à quel point la pensée d'une mort irrémédiable est le grand problème de l'humaine condition ;
- que la plupart des hommes y apportent une solution de facilité : ne pas
penser à la mort, ce qui les désarme d'autant plus, à l'arrivée de cette
dernière;
- que cette attitude est mauvaise, bien qu'il ne la méprise pas ; mais il
la rejette, car elle est aveuglement.
Il donne donc sa propre solution :
- regarder la mort en face,
- y penser régulièrement, pour ne pas être effrayé, ni pris au dépourvu.
Bref « apprendre à mourir».
Il montre d'ailleurs (exemple de l'accident de cheval où on l'avait cru mort)
que la mort peut être douce et qu'il n'a« sen[ti] guère autre action moins
pesante que celle-là était...
»
■
L'Homme et la Vie
Cette confrontation à la mort avait surtout été la marque du premier« essai »
(=expérience) de l'évolution philosophique et morale de Montaigne (stoïcisme).
Il tentera ensuite celle du scepticisme, du doufiP'«Tcmtcè que
je sais, c'est que je ne sais rien" et« Que sais-je ? " seront alors ses deux
formules.
Il en acquiert le sens de la relativité et surtout œuvre à voir plus ·
clair sur l'humaine condition.
Enfin, à force de lucidité, de recherche de la vérité à laquelle il est tout
«affadi» (=attaché}, il évolue vers une forme de sagesse humaine, humaniste, qui est un art de vivre équilibré.
Il apprend - et l'indique à son
lecteur - à savoir« goûter »la vie et chacun de ses instants, car, affirme-til, « Nature est YIJ doux guide».
Il donne donè le conseil de,, vivre·àpro=·
pos·»;·detéVenir aux sources avec clairvoyance, réponse d'un sage qui
rejoint la sagesse antique d'un Socrate, dans les Essais, livre 111, chapitre 13 : « Pour moi donc j'aime la vie ...
».
17
Ainsi, Montaigne regarde en face cette« humaine condition » (l'expression
est dans les Essais), si instable et si réduite, en évitant tout fanatisme et
en apportant une leçon de modération et de modestie, retenue à travers
les expériences de toute une vie.
Semblable à la sienne est la réponse pratique du«philosophe» du xv1w
siècle, Voltaire.
Dans les Lettres philosophiques, Lettre XXV, il propose
un bonheur qui peut être obtenu sur terre.
Attaquant la position mystique
et pessimiste du janséniste Pascal, il reprend des Pensées de ce dernier
celles traitant du«péché originel», seule explication, pour Pascal, de la
Nature de l'homme.
Il s'y oppose avec ironie et piquant.
Il se fait le défen
seur du genre humain et donne une solution à l'énigme de la condition
humaine.
L'« effroi » et le« désespoir » éprouvés par chacun, selon Pas
cal, devant le« misérable état » de l'homme sans Dieu, font obstacle au
seul bonheur à la portée de l'homme, celui qu'il peut bâtir de ses propres
mains.
Voltaire célèbre la joie de vivre au mieux, comme il la chante, à la
même époque, dans Le Mondain.
Cet optimisme des débuts de la pensée voltairienne ne se maintiendra pas,
· certes, aussi vigoureusement au cours de sa longue existence.
Il se tein
tera même d'un certain pessimisme.
Mais la façon voltairienne d'envisa
ger l'humaine condition sera toujours ancrée dans l'immédiat et le pratique,
comme le résument les deux formules célèbres :« Il faut cultiver notre jar
din » et« Le travail éloigne de nous trois grands maux : l'ennui, le vice et
le besoin.
,
■
»
2.
Place et énigme de l'homme
L'Homme et l'Univers
L'énigme première posée à l'homme est celle de sa propre Nature.
Sa mar
que est la disproportion physique et intellectuelle entre elle et l'Univers.
C'est
sans doute sur cette disproportion inquiétante que Pascal aurait établi les
premières parties du raisonnement de /'Apologie de la religion chrétienne
qu'il voulait écrire p'our aider et convertir les scientifiques rencontrés avant
sa retraite à Port-Royal.
Or nous n'en avons que des fragments - Pascal,
malade, notait des idées partout et ne put mener à bien son livre - .
Ceux
ci ont été classés par les« Messieurs» de Port-Royal, dans un ordre qui
n'aurait sans doute pas été exactement celui de Pascal.
Il semble pourtant
logique que ce dernier ait voulu montrer d'abord la« misère de l'homme
sans Dieu » , en même temps que sa place dans l'Univers : Pensées, Pen
sée 72, dite « Les deux Infinis».
Ce grand mystique y insiste sur l'impuissance de l'homme qui ne peut que
« s'effrayer de soi-même » et sur cette condition humaine« incompréhen
sible » sauf à« l'auteur de ces merveilles » , Dieu.
Cependant, physicien et mathématicien de génie, Pascal reconnaît aussi
la « grandeur de- l'homme », mais une grandeur relative : Pensées,
347-348-358-365-400-418:« L'homme n'est qu'un
de
· ···roseau, le plus faible
.,.._,_,,_____.,,,""
la nature, mais c'est un roseau pensant.
»
lilraisîTaaJûrel'homme de rejeter toute présomption, tout orgueil.
Car Pas
cal est avant tout chrétien et mystique ; il est donc surtout marqué par la
notion très chrétienne, et plus forte encore chez les jansénistes, du senti
ment du«néant», du«vide» de l'homme.
1re ÉTUDE THÉMATIQUE D'ORAL
,
3.
Prise de conscience
■ Inquiétude fondamentale de l'Homme
Il- n'est pas besoin d'être chrétien pour prendre conscience d'une condition humaine tronquée, dépendante, marquée du sceau de la finitude.
a)" Misères d'un roi dépossédé» (Pascal): l'homme
Pascal dégage de sa foi l'affirmation particulièrement insistante de la vanité
du destin humain (Pensées, 434).
·
Il insiste sur les « contradictions » inhérentes à la nature de l'homme, sur
son drame profond, qui est d'en avoir conscience, mais de n'y pouvoir rien
changer.
Il en dégage l'explication de l'inquiétude de l'homme, de son incapacité à demeurer en repos.
« Inquiétude », au sens étymologique, signifie
précisément l'état de quelqu'un qui n'est pas (préfixe in négatif) en repos
(latin quies =repos) ; Pascal insiste : qui ne peut s'y maintenir.
Et aux« puissances trompeuses» qui ajoutent à la faiblesse de notre condition : imagination, coutume, amour-propre (c'est-à-dire amour de soi-même), il adjoint
le «divertissement», ce besoin humain de se détourner (latin :
CONNAISSANCES LITTÉRAIRES
• Le « philosophe »
du XVIII• siècle
Pourquoi ce terme est-il toujours
entre guillemets lorsqu'il s'agit du
xv11I• siècle ? C'est que l'époque
moderne ne donne pas exactement le même sens au mot.
Pour
elle, le philosophe élabore des
concepts, une doctrine originale.
Au xv11I• siècle, le « philosophe »
est un penseur qui remet en
question le jugement et la société
déformés par habitudes, conventions, préjugés.
Ex.
Diderot : Le
Neveu de Rameau.
Donc c'est un homme qui
retourne aux sources, qui révolutionne le respect aveugle de la
tradition, et réclame un esprit critique.
Mais c'est aussi un
homme social désirant aider à
bâtir une société meilleure, de
justice et de liberté.
Enfin, c'est
un homme qui applique ses vues
dans la pratique, qui veut se rendre utile et éclairer.
• Le jansénisme : est la doctrine
professée
par
Jansénius
(1585-1638), évêque d'Ypres, à
propos de la grâce divine.
Interprétant le dogme catholique dans
sa plus grande rigueur, Jansénius (ou Janssen) prétendait que
l'homme, pour assurer son salut
dans l'au-delà, devait avoir reçu
la grâce de Dieu par prédestination, c'est-à-dire sans pouvoir
espérer la mériter par sa conduite
ici-bas.
Cette sévérité de
croyance faisait appeler le Christ
des jansénistes « Christ à bras
étroits» car recevant peu d'élus.
Cependant, la vie des jansénistes
était austère et dominée par la
crainte d'un Dieu redoutable.
Pascal défendit le jansénisme
dans les dix-huit lettres dites Les
Provinciales.
Toutefois, après
condamnation du jansénisme par
le pape, Louis XIV soutint la persécution contre leur communauté.
Port-Royal, foyer du
jansénisme, fut démoli en 1711.
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di-dis= préfixe de dispersion et vertere = tourner, divertere = se détourner
de) de l'essentiel : voir en face sa condition.
C'est alors que le chrétien Pascal, voyant l'homme" misérable puisqu'il
l'est, mais [...
] grand puisqu'il le connaît» (416), affirme que le christianisme
est la seule explication de notre nature, car" il est bon d'être lassé et fati
guépar l'inutile recherche du vrai bien, afin de tendre les bras au Libéra
teur» (422).
b) Le sentiment de l'inéluctable: la fuite du Temps
Pas de Libérateur pour Baudelaire...
Après avoir cherché l'idéal à travers
Art, Beauté, Amour, être retombé dans les affres du Spleen et avoir tenté
d'y échapper par la communion avec ses semblables (Tableaux Parisiens),
Le Vin, Les Fleurs du Mal, La Révolte..., le poète, définitivement saisi
par la tragédie de l'Être humain, torturé par" deux postulations simulta
nées, l'une vers Dieu, l'autre vers Satan», ne voit plus d'issue qu'en une
mort libératrice, ultime Voyage.
Baudelaire - la foi janséniste en moins - n'est pas si loin de Pascal, car
son inquiétude, son spleen sont essentiellement métaphysiques et son âme
est broyée par !'Ennui d'une existence vouée au fini, déchue.
Le thème du Temps revient fréquemment dans son œuvre, pour mieux pré
senter symboliquement la misère de la condition humaine.
Ainsi dans L 'Hor
loge (Spleen et Idéal in Les Fleurs du Mal).
Certes, le thème est traditionnellement lyrique, de Ronsard à Apollinaire,
pour ne citer qu'eux, et même chez les poètes chansonniers, Brassens,
Brel...
Mais le spleen baudelairien a surtout ses racines dans le constat déso-
VOCABULAIRE
• éthique : vient du grec
éthos = coutume, usage, manière
d'organiser sa vie.
Signifie
science de la morale, de la con
duite de la vie.
• scepticisme : vient du grec
skeptesthaï = voir, considérer.
La
doctrine philosophique du scep
ticisme est celle des penseurs
qui doutent et examinent.
La plus
nette est celle de Pyrrhon sur
laquelle s'appuya Montaigne
dans son Apologie de Raymond
Sebond (Essais, 11, x11).
• épicurisme : doctrine d'Épi
cure, philosophe grec (1v•-111• siè
cles av.
J.-C.).
Elle veut assurer
à l'homme un bonheur qui ne
dépende ni des autres hommes
ni du hasard, et déterminer un
souverain bien immuable, acces
sible à tous.
On a souvent jugé
faussement de cette doctrine et
le terme épicurien a pris, par
abus, vulgairement, le sens de
« voluptueux, recherchant les
plaisirs».
• stoïcisme : doctrine du philo
sophe grec Zénon de Cittium
(1v•-111• siècles av.
J.-C.).
Reprise
par Épictète et les Latins Marc
Aurèle (qui écrit en grec) et Sénè
que.
Privilégie l'idée d'effort, de
fermeté, d'austérité même dans
sa morale.
Stoïcien se dit plutôt
de l'esprit de la doctrine de
Zénon et stoïque d'une humeur,
d'une conduite où l'on se montre
ferme, maître de soi, sachant
dominer la douleur:
lant d'une condition humaine qui est comme exilée, où l'être a beau s'effor
cer vers l'absolu, c'est en vain, car« c'estle Diable quitientles fils qui nous
remuent"·
c) L'angoisse
L'inquiétude verlainienne prend elle aussi ses sources dans les contradic
tions de la nature humaine, les aspirations toujours déçues, l'effroi de la
présence du mal en soi et ce qui s'ensuit : regrets, remords.
Plus morale
que métaphysique est alors la détresse de Verlaine, plus intensément liée
à ses problèmes personnels, même si elle l'est aussi à ceux de l'humanité.
Il se dit « saturnien », donc sous « influence maligne "·
Ce n'en est pas moins une angoisse existentielle, touchant tous les res
sorts de l'être, d'un« cœur qui s'écœure » et dont le« deuil est sans rai
son».
Avant même que Verlaine soit enfermé dans ses drames et ses
désespoirs, avant qu'il soit emprisonné deux ans à Mons, le poète est une
âme meurtrie, victime de ses détresses, rêvant en vain de s'envoler, de
s'échapper, comme dans ce poème de son premier recueil, écrit lorsque
la vie ne l'avait pas encore trop cruellement marqué : L 'Angoisse (Poè
mes saturniens).
4.
Des tentatives à la taille de l'Homme
Évasion ou sagesse humaine ?
■
a) Le " voyage "
Ainsi, parmi les raisons de l'inconfort de la condition humaine, outre la fini
tude, une des principales est que l'homme possède le sens de !'Absolu.
Cette certitude de l'idéal pousse par exemple Baudelaire à construire, à
travers l'architecture des Fleurs du Mal, un véritable itinéraire de l'évasion,
dont la nécessité est pour lui vitale, dont l'appel se fait sentir soit en dou
ceur (L 'Invitation au Voyage), soit comme l'intense besoin d'échapper aux
ennemis inhérents à la condition humaine, comme le Temps ou !'Ennui.....
»
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