LA CHARTREUSE DE PARM E : UN ROMAN HISTORIQUE ? Ni pour Julien Sorel, ni pour Lucien Leuwen: c'est pour...
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LA CHARTREUSE DE PARM E :
UN ROMAN HISTORIQUE ?
Ni pour Julien Sorel, ni pour Lucien Leuwen: c'est pour Fabrice del
Dongo que le vent de l'histoire a soufflé.
C'est par la situation historique des trois héros stendhaliens qu'on explique souvent leur itinéraire: toute la question étant de bien naître, ni trop tôt ni trop tard, ce
dont ne semblent se relever ni Julien ni Lucien.
En quantité comme en
qualité, la composante historique ne fait pas défaut dans le roman.
Dès l'incipit, le livre exhibe d'ailleurs l'importance de son ancrage dans
la grande Histoire : • Le 15 mai 1796, le général Bonaparte fit son
entrée dans Milan à la tête de cette jeune armée qui venait de passer
le Pont de Lodi et d'apprendre au monde qu'après tant de siècles,
César et Alexandre avaient un successeur.• Quant aux pompes de
!'Histoire, on est ici plus près de Chateaubriand, l'ennemi désigné, que
du Code Civil dont Stendhal faisait son modèle.
Mais c'est le même
Stendhal qyi se méfie aussi de l'histoire et note : • Pour me faire
quelque idée de cette passion italienne dont nos romanciers parlent
avec tant d'assurance, j'ai été obligé d'interroger l'histoire; et encore,
la Grande Histoire, faite par des gens à talent, et souvent trop majestueuse, ne dit presque rien de ces détails.
Elle ne daigne tenir note
des folies autant qu'elles sont faites par des rois ou des princes.• Des
princes, il n'en manque pas dans La Chartreuse de Parme, qui nous
place, à la différence des romans précédents, à la cime de l'échelle
sociale comme des événements.
Si •le drame est à Panne• ainsi que
l'écrit Balzac, pas de doute qu'une lecture historique de La Char-
Ireuse de Parme héritière de la lecture politique qu'il proposa luimême de ce roman («Le Prince moderne, le roman que Machiavel
écrirait s'il vivait banni de l'Italie au XIXe•) soit permise.
Les matériaux
et les sources l'attestent.
Stendhal n'a pas ignoré les mémoires d'un
soldat anglais du 71 8 régiment ni son propre souvenir de la bataille de
Bautzen (transposé dans Henri Brulerd) pour rédiger le passage de la
bataille de Waterloo.
La lucidité historique sur ses contemporains ne
manque pas et la représentation du monde de la Sainte-Alliance qu'rl
nous donne avec Parme est oblitérée du sceau d'une vérité et d'une
préscience tout historiques: en Rassi par exemple, s'incarne de façon
pré-kafkaïenne •tout ce que la médiocrité bureaucratique peut comporter d'atroce en elle-même• (Calvino).
Balzac ne s'est donc pas
mépris et Metternich, (ministre autrichien important de l'époque); est
possiblement derrière Mosca: Stendhal de répondre qu'il n'y avait pas
pensé.
C'est que, tout stendhalien le sent bien, La Chartreuse de
Parme n'est pas là: •La Chartreuse de Parme n'est pas un drame,
comme Balzac voulait que fOt tout roman• note Bardèche, c'est une
vie, un itinéraire, dont c'est peu dire que du point de vue historique, le
héros manque de moralité, de conscience et finalement, comme....
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