La comédie est faite pour divertir mais sa vocation est également d'instruire La comédie est faite pour divertir mais sa...
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La comédie est faite pour divertir mais sa vocation est également d'instruire
La comédie est faite pour divertir mais sa vocation est également d'instruire
Comédie : divertissement, moment agréable, rire essentiel.
Cependant, le rire est-il
gratuit, la comédie = rire pour rire ?
La comédie est un genre très ancien.
Elle trouve son origine dans le cadre des
Dionysies, fêtes en l'honneur du dieu du vin, où des cortèges burlesques dans lesquels on
pouvait entendre des plaisanteries et des chansons défilaient.
Ces manifestations se sont
développées et ont donné lieu à des farces et des pantomimes.
Par la suite, les auteurs se
sont souvent inspirés de cette culture populaire pour renouveler, développer et enrichir ce
genre de la comédie.
Lorsqu'il assiste à une tragédie, le spectateur s'attend à la
représentation grave d'une crise, inspirant terreur et pitié alors que, se rendant au théâtre
pour voir une comédie, il sait qu'il va passer un bon moment : il est, depuis toujours, à la
recherche de distraction et de divertissement.
La pièce ne sera pas trop compliquée à
comprendre, elle se finira bien et il en sortira content.
(VS.
La tragédie).
La fonction
première de la comédie est donc bien de d'amuser.
Mais si le rire est le dessein premier,
évident de la comédie, est-ce le seul ? Comment la comédie peut-elle également
instruire
[1]
?
I- Le rire de la comédie
A- La farce
• La recherche du rire => les quiproquos, les rencontres fortuites, les retournements de
situation, les coups de bâton.
Cf.
Évoquez par exemple une pièce du Moyen Âge, Le Médecin malgré lui de Molière ou les
vaudevilles de Feydeau (maris cocus, les amants dans le placard, pots de chambre...).
• Éléments récurrents (rassurants) : l'homme est souvent bête, alcoolique, rustre, ridicule.
La femme est souvent rusée, revêche et avare, avec un amant ou au contraire trop belle
pour son mari.
On retrouve des personnages traditionnels comme Arlequin avec son bâton
et sa bouteille, le valet fourbe, le mari qui porte les cornes...
∆) recherche du rire, rire franc : moment de détente.
B- Un moment de détente
• L'histoire met en scène des personnages du quotidien (bourgeois...
VS les demi-dieux,
empereurs des tragédies) qui ont des soucis du quotidien (mariage, dote, argent...) :
ressemblent + aux spectateurs.
• La pièce se finit bien : mariage final, les personnages désagréables sont punis, les gentils
se marient.
Ex : L'École des femmes, à la fin, arrivée miraculeuse du père d'Agnès + mariage et
Arnolphe écarté.
• Les personnages méchants ou grotesques sont les perdants.
Ex : Arnolphe de l'École des femmes.
Il est si ridicule et mauvais que c'est un plaisir
d'imaginer qu'Agnès l'a ou va le tromper.
=> le spectateur sort content du spectacle.
C- Le comique
• L'auteur de la comédie déploie tout son talent afin de faire rire le spectateur.
Déclinaison
des différentes formes de comiques.
• Comique de mots : Dom Juan, Molière Pierrot parlent le patois et semble un peu
ridicule.
Il jure.
• Comique de gestes : Sganarelle reçoit le soufflet destiné à Pierrot (Dom Juan,
Molière, II, 3)
• Comique de situation : on pense à M.
Jourdain complètement ridicule mais fier
de l'être, persuadé que ses professeurs le respectent alors qu'ils ne veulent que lui prendre
son argent.
• Comique de caractère : le valet rusé, « l'habile fourbe », comme Scapin de
Molière ou Dubois de Marivaux.
• La mise en scène et le jeu des acteurs est important aussi et peuvent renforcer le
comique.
Cf.
Molière qui roulait, d'après les témoignages, de gros yeux et qui parvenait à
déclencher de nombreux rires.
∆) La comédie est un moment que choisit un spectateur pour se détendre, de s'amuser et
sourire et même de rire.
II- « Corriger les moeurs par le rire »
Au XVIIE siècle, Molière est le roi des comédies et cependant, il est profondément
moraliste dans l'âme.
Ainsi, il ne va pas écrire ses pièces uniquement pour faire rire.
Il
voulait faire « rire les honnêtes gens » mais il ne divertissait pas que pour divertir.
A- La fonction critique du rire
Par ses comédies, il dénonce le ridicule d'une société.
• se moque des Précieuses, ces femmes dont Madeleine de Scudéry qui réfléchissaient et
même philosophaient dans les Précieuses ridicules ou les Femmes savantes[2].
• critique des défauts des hommes et par exemple, l'aveuglement d'Orgon qui doit attendre
de voir son cher ami caresser sa femme pour comprendre que ce dernier n'est pas le saint
qu'il prétend être.
Cf.
Tartuffe.
• dénonce certaines catégories de gens, comme les médecins.
Diafoirus : parle le latin, se
contredit, mauvais médecin, hypocrite et intéressé.
Cf.
dans l'oeuvre de Molière,
nombreuses attaques contre le corps médical.
B- Molière moraliste
• Molière : écrivait ses comédies afin de faire prendre conscience au spectateur de ses
défauts.
Il mettait donc en scène nos travers afin que nous en prenions conscience et que
nous y remédions.
• L'Avare : dans son esprit, le spectateur qui voit Harpagon et son argent, son « cher ami »
prend conscience du défaut de l'avare, réalise qu'il est lui-même avare et donc décide de
ne plus l'être.
=> Molière veut corriger les vices des hommes par le rire.
NB : Avec Molière, la comédie n'est plus un petit genre populaire et uniquement drôle =>
castigat ridendo mores.
Molière met en pratique les fameux docere et placere (plaire et
instruire) de l'époque classique.
III- La comédie porteuse de messages plutôt pessimistes
A- Le rire, vecteur des idéologies
Ex : La Folle de Chaillot
En 1939, Giraudoux publie Pleins Pouvoirs, un essai ardu, difficile à lire, dans lequel il
exprimait ses idées pessimistes.
La Folle de Chaillot : pièce de théâtre très originale qui
met en scène des clochardes et des « mecs ».
En fait, cette pièce divertissante et amusante
met en scène les idées de Pleins Pouvoirs : dans une représentation théâtrale aux
personnages originaux et loufoques, Giraudoux a exprimé les mêmes idées que dans son
essai.
Cette comédie est en même temps une satire qui dénonce les méfaits de l'argent,
l'appât du gain qui régit la société moderne.
Amusant de voir/lire La Folle de Chaillot (1945)
VS.
Pleins Pouvoirs (1939).
La comédie entraînante avec l'étonnant personnage d'Aurélie parvient à transmettre le
message très pessimiste : critique du capitalisme prend une violence particulière,
dénonciation des affairistes dans leur infamie...
• Vous pouvez aussi prendre l'exemple du Mariage de Figaro => critique sur le sort des
femmes, des valets...
B- L'anti-comédie et la comédie sérieuse
• Certains auteurs ont utilisé la comédie comme anti-comédie : le comique, agressif ou
burlesque, cherche à détruire toutes les valeurs humaines pour montrer l'absurdité du
monde, tout en faisant éclater les catégories traditionnelles de la dramaturgie
(personnages, action, etc.)
Ex : Alfred Jarry, Ubu roi, 1896 : ce personnage sanguinaire est étrangement annonciateur
des dictateurs du XXE siècle.
Ubu : évoquer son fameux « merdre », ses insultes, sa
grossièreté, sa méchanceté amusants mais très grinçants...
• Dom Juan est une comédie et pourtant, la pièce soulève de nombreuses questions : le
héros (même s'il meurt puni) ne semble pas croire en Dieu, il fait l'éloge de l'hypocrisie, il
refuse l'attachement du mariage...
=> cette pièce fait réfléchir ; la mort de Dom Juan
laisse perplexe – bien que les fameux « Mes gages » de Sganarelle détournent l'attention
du spectateur et le fassent sourire de nouveau.
C- Quand le comique devient tragique
• Comique dans Rhinocéros => Béranger négligé : mal coiffé, vêtements chiffonnés,
chemise et chaussures sales vs Jean "bien propre sur lui" => Jean a un peigne, il est habillé
avec un soi méticuleux vs Béranger.
Cette différence est comique, surtout dans la scène
où Béranger est grondé par son ami qui sort de ses poches tous ses accessoires.
Cependant : conformisme de Jean a un sens => sera touché par la rhinocérite.
Le costume
trahit le caractère de Jean et annonce son « ralliement » aux rhinocéros.
Un élément du
spectacle (le jeu des accessoires et de l'opposition des personnages) apporte une nuance
à la pièce, le comique a quelque chose de tragique.
• Samuel Beckett, En attendant Godot, 1953 : pièce finalement très sombre (constat
désespéré sur la condition humaine dans l'attente d'un sens extérieur qui jamais ne vient)
=> la veine comique ressort dans l'absurdité de la situation, renforcée par les dialogues
de sourds (jeux sur le sens des mots, questions-réponses décalées, etc.), la gestualité des
personnages, qui tire le deuxième acte du côté de la farce.
Conclusion :
• La comédie divertit par de nombreux moyens.
Cependant, les auteurs ont souvent insisté
sur le message qu'ils voulaient faire passer à travers le comique.
Ne recherchant pas le
rire gratuit, ils ont utilisé le rire comme vecteur de leurs idéologies.
=> Molière a donné ses lettres de noblesses à la comédie.
Ce petit genre, méprisé (VS
tragédie), est dorénavant doté une fonction morale, celle de dénoncer et même de
redresser les vices et les défauts de hommes tout en divertissant le spectateur.
• On ne fait pas que rire devant une comédie ; on se divertit mais, indirectement, on
s'instruit, on réfléchit.
Comme le disait très justement La Fontaine (Fables, livre VI, 1) :
« Une morale nue apporte de l'ennui :
Le conte fait passer le précepte avec lui ».
[1]
R : Nous avons développé des exemples que vous adapterez en fonction de vos lectures
et du corpus.
NB : Molière est un auteur que nous apprécions beaucoup.
Par contre, nous avouons
tiquer devant cet homme pour qui la femme qui réfléchit est forcément ridicule...
!
[2]
Au cours de ce travail, nous ne prendrons pas le terme de "comédie" dans le sens que la
modernité lui a donne, a savoir de représentation théâtrale a caractère comique, c'est a
dire s'efforçant de susciter le rire.
Par comédie, nous entendrons la représentation
théâtrale dans son ensemble, c'est a dire l'acte qui consiste a figurer sur scène des actions
fictives, qu'elles appartiennent au genre du drame, de la comédie, de la tragédie...
Ce
faisant, nous retournons au sens ancien du terme "comédie", celui que lui donnait Corneille
en écrivant "L'illusion comique".
Instruire quelqu'un signifie lui apporter une connaissance qui lui manquait, d'une part,
mais aussi, dans un sens plus large, plus complet, participer a sa formation intellectuelle
par les lacons ou les exemples que nous lui prodiguons.
Amuser quelqu'un, au contraire, désigne l'action par laquelle nous apportons a quelqu'un
un sentiment de joie, une émotion agréable et divertissante.
Le sens dérive du sens
premier d'amuser est celui qui consiste a dire que l'amusement est une forme de perte du
temps, une activité vaine qui détourne l'individu des activités véritablement importantes
qui devraient occuper sa vie.
C'est ainsi que pour Pascal, l'amusement est le propre de
l'individu qui comble le vide de sa vie avec des émotions vaines.
En nous demandant en quoi la comédie instruit et amuse, nous posons une question qui
comprend toute une série de problèmes.
En effet, nous pouvons déjà remarquer que
l'instruction et l'amusement sont des activités non seulement hétérogènes du point de vue
de leur nature, mais aussi contraires puisqu'il semble difficile d'amuser alors que l'on
instruit (activité qui demande du sérieux, de la concentration sinon de la discipline) et
réciproquement.
Allant plus loin, l'histoire de la pensée de l'art en général et du théâtre en
particulier semble invalider la thèse du pouvoir d'instruction et d'amusement simultanée
par la représentation d'actions fictives.
En effet.
le théâtre a longtemps été pense comme
une forme d'expression corruptrice, contraire aux bonnes mœurs, a la vertu et a
l'instruction des hommes, précisément..
La question au centre de notre réflexion sera donc de déterminer si le pouvoir d'instruction
et d'amusement appartient bel et bien a la comédie, qui est peut-être a l'inverse une
activité corruptrice pour les....
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