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LA CONFÉRENCE DE MUNICH (29-30 septembre 1938) 5 10 15 20 25 On a écrit bien des comptes rendus de...

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« LA CONFÉRENCE DE MUNICH (29-30 septembre 1938) 5 10 15 20 25 On a écrit bien des comptes rendus de cette rencontre mémorable, et l'on ne peut ici qu'en souligner quelques traits particuliers.

On n'avait pas adressé d'invitation à la Russie.

Et les Tchèques eux­ mêmes ne furent pas admis aux réunions.

Le gouvernement tchèque avait été informé en quelques mots secs, dans la soirée du 27 (sep­ tembre 1938), qu'une conférence des représentants des quatre puissances européennes se réunirait le lendemain.

Les "quatre grands" parvinrent rapidement à un accord.

Les conversations commencèrent à midi et durèrent Jusqu'à 2 heures, le matin suivant. Un mémorandum fut rédigé et signé le 30 septembre, à 2 heure$ du matin.

Il consistait essentiellement dans l'acceptation de l'ultima­ tum de Godesberg.

L'évacuation des Sudètes aurait lieu en cinq étapes à compter du t•' octobre et devrait être achevée dans les dix jours.

Une commission internationale fixerait le tracé définitif des frontières.

Connaissance du document fut donnée aux délégués tchèques, qui avaient été autorisés à venir à Munich pour se voir communiquer les décisions. Pendant que les trois hommes d'État attendaient que les experts eussent rédigé le texte définitif, le Premier ministre demanda à Hitler s'il aimerait avoir avec lui un entretien particulier.

Hitler sauta sur l'idée.

Les deux hommes se retrouvèrent dans l'appartement de Hitler, à Munich, dans la matinée du 30 septembre; ils étaient seuls avec l'interprète.

Chamberlain présenta un projet de déclaration préparé par lui en ces termes "Nous, Führer et chancelier d'Allemagne, et Premier ministre de Grande-Bretagne, avons eu aujourd'hui un entretien supplémentaire, et sommes d'accord pour reconnaitre que la question des relations anglo-al/emandes offre pour nos deux pays et pour l'Europe une importance primordiale. 30 "Nous considérons l'accord signé la nuit dernière et l'accord naval anglo-a/lemand comme symboliques du désir de nos deux peuples de ne plus jamais entrer en guerre l'un contre l'autre. "Nous sommes décidés à ce que cette méthode de consultation soit adoptée pour toutes les autres questions intéressant nos deux 35 pays...

" Chamberlain retourna en Angleterre.

A Heston, où il atterrit, il brandit la déclaration commune qu'il avait fait signer à Hitler, et il la lut aux notabilités et à la foule qui lui faisaient accueil.

En quittant /'aéroport comme sa voiture se frayait un chemin à travers cette foule qui 40 /'acclamait, il dit à Halifax, assis à ses côtés : "Il ne restera rien de tout cela dans trois mois." Mais, des fenêtres de Downing Street, il brandit encore sa feuille de papier... WINSTON CHURCHILL, Mémoires sur la Deuxième Guerre Mondiale, Paris, 1948 (Pion), Tome 11, pages 323 et 324. Commentaire Comme le dit d'entrée de jeu le narrateur, "on a écrit bien des comptes rendus" de la Conférence de Munich.

C'est que, dans cette marche à la guerre qui caractérise la période 1936-1939, elle constitue un épisode en quelque sorte exemplaire en posant un problème vieux comme le monde : face à la volonté de puissance, les pacifistes doivent-ils céder ou résister? Les concessions faites aux violents sauvent-elles la paix, ou ne font-elles que retarder un conflit, qu'il faudra mener dans des conditions encore plus mauvaises? En France, comme en Grande-Bretagne, la Conférence de Munich süscita donc dans l'opinion de profondes divisions. Il se trouve que l'auteur de ce texte, Winston Churchill, était en 1938 un des plus fermes partisans de la résistance aux appétits d'Hitler; or ce n'est pas lui qui dirige alors l'Angleterre, mais son adversaire (bien qu'ils soient tous deux du parti conservateur), sir Neville Cham­ berlain, partisan tout aussi résolu de la politique d'appeasement et, pour l'essentiel, responsable de la tenue et des résultats de la Confé­ rence.

La confronta!ion des deux hommes et des deux points de vue donne donc un grand intérêt à c;e texte.

Encore faut-il se rappeler que Churchill n'était naturellement pas présent, et· qu'il ne nourrit pas de sentiments bienveillants pour Chamberlain. Dès les lignes 3c4, on évoque la Russie et les Tchèques.

Commen­ çons par ces derniers, qui sont au cœur de la crise.

L'Etat tchécos­ lovaque englobait plus de trois millions d'Allemands répartis pour la plupart sur les frontières de la Bohême; bien qu'ils fussent assez différents par l'origine et le dialecte, ils s'étaient depuis 1919 regrou­ pés dans une commune protestation contre la situation qui leur était faite par le gouvernement de Prague, lequel se refusait, pour d'évidentes raisons stratégiques et politiques, à leur accorder un statut d'autonomie.

Or, depuis l'arrivée de Hitler au pouvoir, les Alle­ mands des Sudètes - ainsi les appelait-on, bien .que les Monts des Sudètes, au nord-est de la Bohême, ne représentassent qu'une partie des contrées g_ermanophones - se montraient plus exigeants; l'entrée des Allemands en Autriche en mars 1938, en encerclant presque complètement la Bohême, servit de prélude à la crise, d'autant que les Allemands des Sudètes, depuis 1935, votaient en majorité pour un parti de sympathies nazies avouées, dirigé par Konrad Henlein.

Dès avril 1938, la tension grandit entre ce dernier et Prague, et l'Europe elle-même vit poindre le danger de la guerre. Car si Hitler, bien évidemment, soutient les Allemands des Sudètes et leur chef Henlein, la Tchécoslovaquie a deux alliées : la France (nous y reviendrons) et !'U.R.S.S.

{ligne 3) : celle-ci semble résolue à agir, mais n'a pas de frontière commune avec l'état tchèque, et ni la Roumanie, ni la Pologne n'accordent le passage à ses armées. Est-ce la seule raison qui lui valut de ne pas être invitée à Munich? En fait, il semble que ni l'Angleterre, ni la France, ne souhaitaient une démonstration militaire des Soviétiques en Europe centrale, e1 qu'elles s'interrogeaient sur la valeur d'une Armée Rouge dont tant d'officiers venaient d'être exécutés sur l'ordre de Staline. Churchill évoque ensuite (ligne 8) la réunion des "quatre grands", expression anachronique pour 1938, mais_ l'auteur la transpose de l'après-guerre.

Ce sont d'abord Hitler, qui depuis le printemps n'a cessé de faire monter les enchères : il ne s'agit plus de l'autonomie pour les Sudètes, mais d'une annexion au Reich {dont ils n'ont jamais fait partie!).

Mussolini, devenu, depuïs la fin de 1936, l'ami de Hitler, a joué un rôle important de médiateur, et c'est à son ini­ tiative que la Conférence s'est réunie; est-il complice du Führer et de ses manœuvres? il semble surtout redouter une guerre pour laquelle son pays n'est pas prêt, et désirer se mettre en avant. Sir Neville Chamberlain, Premier Ministre de Grande-Bretagne, est l'homme d'une passion : la paix, et d'une illusion : Hitler ne veut que des terres peuplées d'Allemands, donc une fois satisfait, il rede­ viendra un honorable partenaire dans la politique internationale. Aussi Chamberlain n'a-t-il pas hésité a aller voir Hitler à Berchtes­ gaden, prenant l'avion pour la première fois à 70 ans, pour tenter de sauver la paix, ce qui lui a valu.... »

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