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LA CORÉE AU XXe SIÈCLE Bien que s’étant maintes fois déclaré garant de l’indépendance coréenne, le 17 novembre 1905, le...

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« LA CORÉE AU XXe SIÈCLE Bien que s’étant maintes fois déclaré garant de l’indépendance coréenne, le 17 novembre 1905, le Japon instaure son « protectorat » sur la péninsule après avoir défait militairement les Russes dans la guerre russo-japonaise (1904-1905) et obtenu leur reddition par le traité de Portsmouth.

Deux ans plus tard, le roi Kojong (1864-1907) est écarté du pouvoir au profit de son fils Sunjong (1907-1910), puis la Corée est annexée en 1910.

Elle cesse d’exister comme entité étatique, tous les traités signés sont abrogés et un gouverneur général nippon s’installe à Séoul.

Le premier à occuper ce poste, Terauchi Masiki (18521919), interdit aux Coréens toute association et réunion.

Mais à la faveur des funérailles du souverain déchu, le 1er mars 1919, les oppositions se dévoilent.

Trente-trois lettrés signent alors une « proclamation d’indépendance », un manifeste mobilisateur qui déchaîne immédiatement une terrible répression (6 000 morts, 35 000 arrestations).

Au même moment, en avril 1919, un gouvernement provisoire, exilé sur le territoire de la concession française de Shanghai, est formé sous la direction de Syngman Rhee (1875-1965).

Après cette épreuve sanglante, la tutelle japonaise s’exprime avec une moindre violence, les fonctionnaires nippons doivent renoncer au port de l’épée dans lequel les Coréens voyaient le symbole d’une humiliation quotidienne et, surtout, les journaux en langue coréenne, qui avaient tous été interdits, reparaissent. Cette accalmie n’est que de courte durée.

L’oppression s’intensifie après l’intervention japonaise en Chine et durant la guerre du Pacifique.

La presse coréenne est interdite, les autorités prohibent le coréen en public, japonisent les noms de famille et imposent les rites shinto.

Bien que, pendant la Seconde Guerre mondiale, elle soit épargnée par les combats, la péninsule est lourdement mise à contribution dans l’effort de guerre nippon.

Par centaines de milliers, les Coréens sont soumis au travail obligatoire dans les usines de l’archipel, de nombreux étudiants sont enrôlés dans l’armée impériale, tandis que des milliers de Coréennes sont employées comme « femmes de réconfort » dans des bordels militaires de campagne.

À la fin de la guerre, 4,1 millions de Coréens sont assignés à des emplois forcés en Corée et 1,2 million au Japon.

La reddition du Japon le 2 septembre 1945 marque la fin de la colonisation, mais coïncide avec l’arrivée des troupes soviétiques au Nord et des troupes américaines au Sud, tel qu’en avaient convenu les Alliés en 1943. Vers la partition. Pendant l’occupation nippone, les mouvements nationalistes ont prospéré à l’étranger.

Les communistes coréens, constitués en unités de partisans, se sont aguerris aux côtés des Chinois et de l’armée soviétique d’Extrême-Orient, tandis que la fraction issue du premier gouvernement de Shanghai a trouvé refuge aux États-Unis.

Washington et Moscou n’ayant pu trouver une solution négociée pour réunifier la péninsule, les États-Unis en appellent à l’ONU (Organisation des Nations unies).

En septembre 1947, celle-ci recommande la création d’un État coréen indépendant et souverain, et suggère d’organiser des élections. Moscou refuse aux Nations unies la responsabilité de superviser les élections au nord de la péninsule.

Les élections ne se tiennent donc qu’au sud (10 mai 1948).

L’Assemblée élue adopte une Constitution et proclame le 15 août 1948, trois ans jour pour jour après la décision de cessez-le-feu du Japon, la République de Corée (Taehan minguk), présidée par Syngman Rhee.

Seul gouvernement légalement reconnu, il représente la Corée lors de l’Assemblée générale de l’ONU, en septembre 1948.

En réponse, trois semaines plus tard, s’installe au Nord la République populaire (Choson inmin konghwaguk).

Elle adoptera ultérieurement le nom de République populaire démocratique de Corée (RPDC) et Kim Il-sung est élu président du gouvernement.

Pour la première fois depuis la réunion des Trois Royaumes sous la dynastie Shilla au viie siècle, la Corée est divisée en deux entités politiques antagonistes.

Dans l’année qui suit la fondation des deux républiques, l’armée soviétique et l’armée américaine se retirent des deux moitiés qu’elles occupent et laissent face à face les deux États. La guerre de Corée. Forte de sa supériorité militaire et des déclarations du secrétaire d’État américain selon lesquelles la Corée se trouve en dehors de la sphère d’intérêt américaine, la Corée du Nord lance une vaste offensive militaire, le 25 juin 1950.

Le conflit qui s’ensuit jusqu’en 1953, la guerre de Corée, est le premier de l’ère du nucléaire.

Symbole des affrontements Est-Ouest de la Guerre froide, le conflit coréen provoque des critiques acerbes à l’encontre des États-Unis, « fauteurs de guerre ».

On évoque même une guerre bactériologique qui s’avérera n’avoir jamais existé.

La Corée est au cœur des polémiques politiques et des débats intellectuels.

Mais, sur le terrain, plus de 1,4 million de Coréens perdent la vie.

À ce bilan, il faut file:///F/Lycée/1/450723.txt[13/09/2020 23:43:52] ajouter les destructions et les dommages causés par les combats.

Au final, la Corée du Nord connaîtra non seulement le plus grand nombre de morts et de blessés (800 000), mais également les dégâts les plus importants. Au sortir d’une guerre sans vainqueur, les deux chefs d’État sont durement contestés.

L’un comme l’autre n’en réussiront pas moins à se rétablir.

Au Sud, Syngman Rhee est réélu président le 4 juillet 1952, puis à nouveau le 15 mai 1956 en employant toute sorte d’expédients pour se maintenir au pouvoir, de l’arrestation des députés de l’opposition à l’instauration de la loi martiale, ce qui lui permettra de continuer d’exercer ses fonctions jusqu’en avril 1960.

Au Nord, la tentative d’unification par les armes s’étant soldée par un échec, Kim Il-sung dénonce « les » responsables.

Il s’ensuit deux grands procès politiques (août 1953, décembre 1955) et des purges.

Selon les statistiques du IIIe congrès du Parti des travailleurs en avril 1956, 51,7 % des membres avaient adhéré après la guerre.

Pour sortir la Corée du Nord du sous-développement, tous les moyens de production sont alors collectivisés et encadrés par une planification impérative. « Socialisme coréen » au Nord et dictatures au Sud. Pour parvenir à un « socialisme purement coréen et autonome », Kim Il-sung invente la théorie du djoutché (la voie coréenne) et multiplie les mouvements d’émulation stakhanoviste qui, à l’instar du Ch’ollima, lancé en 1958, devaient permettre d’édifier le socialisme à la vitesse d’un « cheval ailé ».

Tout en définissant une voie idéologique originale, la RPDC renforce ses relations avec ses deux puissants voisins.

Le 6 juillet 1961, Pyongyang signe un traité d’amitié, de coopération et d’assistance mutuelle avec Moscou, et le 11 un autre avec Pékin.

Ces relations ne seront toutefois jamais aussi étroites que celles entretenues entre Séoul et Washington après le Traité de défense mutuelle d’octobre 1953.

Les deux Corées apprennent à vivre une paix armée, saccadée par des périodes de fortes tensions militaires, comme à l’occasion de la capture du patrouilleur américain Pueblo en janvier 1968, de l’assassinat de l’épouse du président Park Chung-hee (1963-1979) par un agent nordiste en 1974, ou du meurtre sur la ligne de démarcation de deux officiers américains en 1976… Néanmoins, au début des années 1970, les relations intercoréennes se réchauffent : un programme de réunification en huit points est proposé par Pyongyang (1971), des contacts entre les deux représentations de la Croix-Rouge sont organisés et un communiqué commun sur la volonté de réunification est même publié en 1972 avant qu’un Comité de coordination conjoint ne soit installé. Cependant, aucun dialogue bilatéral substantiel ne s’engage et, quand la Corée du Sud propose l’entrée simultanée des deux États aux Nations unies, Kim Il-sung répond par un projet en cinq points pour constituer une seule république, la République confédérale de Koryo (juin 1973).

Le dialogue est d’autant plus difficile que la Corée du Sud est régulièrement secouée par de violentes crises politiques : le président Syngman Rhee a été chassé de ses fonctions.... »

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