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La diversité des langues est-elle un obstacle à l'entente entre les hommes ? ■ Analyse du sujet ■ Pièges à...

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« La diversité des langues est-elle un obstacle à l'entente entre les hommes ? ■ Analyse du sujet ■ Pièges à éviter - Sujet beaucoup plus délicat qu'il peut sembler à première vue : le problème posé concerne prioritairement« l'entente entre les hommes», et revient à se demander si la diversité des langues peut lui faire obstacle. - Il ne s'agirait cependant que d'« un» obstacle, ce qui semble indi­ quer qu'il y en aurait d'autres: est-il nécessaire de les énumérer? - Il est nécessaire de réfléchir sur les conditions de l'entente entre les hommes, pour ensuite examiner la question de l'impact que peut avoir la diversité des langues sur ces conditions. - Le faux sens possible sur « entente » : ce n'est pas seulement la com­ munication; c'est, plus sérieusement, la concorde, le fait que les hommes puissent« s'entendre» pour composer l'humanité. - L'énumération de« solutions» à la diversité des langues (apprentis­ sage de langues étrangères, langue potentiellement universelle, etc.): elles ne peuvent être au niveau de l'entente comme unification. - Les exemples trop «naïfs» : la mise au point de l'euro, les ren­ contres sportives internationales (hélas, souvent cités dans les copies). SUJETS CORRIGÉS CORRIGÉ [Introduction] Panni les différences qui existent entre les sociétés humaines, l'une des plus immédiatement perceptibles concerne sans doute les langues : il suffit bien souvent de passer une frontière pour constater que la langue utilisée a changé.

Cela peut nous gêner pour les besoins élémentaires de la communication, car il est vrai qu'il n'est guère agréable de se trouver brutalement incapable de se faire comprendre.

Faut-il pour si peu considérer cette diversité comme l'indice ou le symbole d'une hétérogénéité des peuples eux-mêmes? Cela reviendrait à admettre qu'une simple frontière linguistique témoigne d'une différence de nature entre deux peuples, et l'on devine qu'une telle conclusion risque d'être quand nième excessive. Car toutes les langues ne sont que les variantes d'une faculté de parler, ou du langage, qui, par-delà la diversité, pourrait être un des éléments caractéristiques de l'humanité dans son ensemble. [I.

Évidence de la diversité] La langue sert d'abord à communiquer, et c'est sans doute pourquoi, lorsque la communication devient impossible parce qu'un interlocuteur potentiel parle une langue différente, le sentiment de déception ou de frustration peut être intense : bn;italement s'impose l'impression d'être réduit à l'impuissance.

Si toutefois cette impression peut être ressentie dans des rapports entre individus, on constate qu'elle est purement hypothétique si l'on s'intéresse à des relations entre peuples.

Il est clair en effet que, quelles que soient leurs langues, les peuples parviennent toujours à se comprendre.

Faute de quoi on serait obligé de penser que, par exemple, des conflits sérieux, des guerres, peuvent être provoqués par de simples différences de langues, ce qui semble, par chance, ne jamais avoir eu lieu dans l'histoire de l'humanité ... La différence des langues n'est en effet qu'un élément panni bien d'autres dans ce qui fait la différence des peuples, et cet élément n'est pas forcément le plus important (ou le plus lourd de conséquences), même s'il peut sembler le plus immédiatement perceptible.

On doit aussi tenir compte des différences des mœurs, des religions, des coutumes, des organisations politiques, des idéologies et des mentalités - pourquoi pas, à un niveau plus anecdotique, de la différence des cuisines, des vêtements, des formes de politesse? En d'autres termes, la différence des langues fait partie d'une différence plus générale, qui est celle des cultures. C'est bien pourquoi il semble difficile·d'admettre que, sous prétexte de favoriser l'entente entre les peuples, on devrait élaborer une« langue uni- CORRIGÉ3 verselle ».

Celle-ci, d'une part, ne ferait que favoriser une communication qui s'opère même en son absence, et d'autre part, ce qui est plus sérieux, elle briserait la relation existant entre langue et culture, faisant des peuples les utilisateurs d'une langue sans racines, utilisée à de seules fins de communication fonctionnelle mais incapable de véhiculer la «mémoire» de chaque peuple et entraînant de la sorte une perte d'identité collective.

Cette perte risquerait elle-même de mener à des réactions agressives, et l'on constate que, sous prétexte de faciliter l'entente comme communication, on empêcherait l'entente comme concorde entre tous les peuples. [Il.

Les langues sont des variantes du langage] Malgré leur diversité évidente, les langues ont un point commun qui est également évident : elles ne sont que des formes variables du langage. Elles affirment donc, à leur façon différenciée, qu'il existe dans tous les peuples une même capacité à parler, à user d'un mode symbolique pour dire le monde.

Or ce langage est un phénomène qui n'existe précisément que dans les peuples humains, et qui témoigne ainsi de l'appartenance de tous ces peuples à une même« espèce». Cette différence entre le langage et les langues a suscité bien des hypothèses sur la formation de ces dernières - du mythe biblique de la tour de Babel aux affirmations de Rousseau sur le caractère plutôt « chantant » et harmonieux des langues du Sud qu'il opposait au caractère plus guttural des langues du Nord.

C'est également elle qui se trouve à l'origine des tentatives visant à recomposer une « unité » prétendue perdue de l'humanité, à travers la constitution d'une langue universelle.

En fait, l' «unité» est présente dès le fait du.... »

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