LA FÊTE ÉTRANGE • li entra dans une pièce silencieuse qui était une salle à manger éclairée par une lampe...
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LA FÊTE ÉTRANGE
• li entra dans une pièce silencieuse qui était une salle à manger
éclairée par une lampe à suspension.
Là aussi c'était ·fête, mais
fête pour les petits.enfants.
Les uns;- assis sur des poufs, feuilletàient des albums ouverts sur
leurs genoux; d'autres étaient accr.oupis par terre devant une
chaise et, .gravement, ils faisaient sur le siège un étalage d'images;
d'autres, a\!près du feu, ne disaient rien, ne faisaient rien, mais ils
écoutaient au loin, dans l'immense demeure, la rumeur -de la fête.
Une porte de cette salle à manger était grande ouverte.
On
entendait dans la pièce attenante jouer du piano.
Meaulnes
avança curieusement la tête.
C'était une sorte de petit salon
parloir; une femme ou une jeune fille, un grand manteau marron
jeté sur ses épaules, tournait le dos, jouant très doucement des
airs de rond.es ou de chansonnettes.
Sm.: le divan, tout à côté, six
ou sept petits garçons et petites filles rangés comme sur une image,
sages comme le sont les enfants lorsqu'il se fait tard, écoutaient.
De temps en temps seulement, l'qn d'eux, arc-bouté sur les
poignets, se soulevait, glissait à terre et passait dans la salle à
manger : un de ceux qui avaient fini de regarder les images venait
prendre sa place...
Après cette Iête où tout était charmant, mais fiévreux et fou,
où lui-même avait si follement poursui_vi le grand pierrot,
Meaulnes se trouvait là· plongé dans le bonheur 1� plus calme du
monde.
.
Sans bruit, tandis que la jeune fille continuait à jouer, il
retourna s'asseoir dans la salle à manger, et, ouvrant un des gros
livres rouges épars sur la table, il commença distraitement à lire.
Presque àussitôt un des petits qui étaient par ti;rre s'approcha,
se pendit à son bras et grimpa sur son genou pour regarder en
même temps que lui; un autre en fit autant de l'autre côté.
Alors
ce fut un rêve comme son rêve de jadis.
Il put imaginer
longuement qu'il était dans sa propre maison, marié, un beau soir,
et que cet être charmant et inconnu qui jouait du piano, près de
lui, c'était sa femme...
ALAIN-FOURNIER.
L'écolie� Augustin Meaulnes, « le Grand Meaulnes », parti faire
une _course en carriole, s'égare dans la Sologne, pays de 'bois, de
ruisseaux, de prairies, et arrive dans un domaine mystérieux, où
se trouve un château plein de gens inconnus; il s'y tient une fête
étrange dont nous n'avons ici qu'un....
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