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La fonction de l'école, et la position qu'elle doit adopter par rapport au monde extérieur représentent un sujet souvent débattu...

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« La fonction de l'école, et la position qu'elle doit adopter par rapport au monde extérieur représentent un sujet souvent débattu par les hommes politiques, la presse, les enseignants, les parents et les élèves eux-mêmes.

Roger Ikor, dans son livre Je porte plainte, donne sa position à ce propos : « L'école doit certes ouvrir sur la vie, mais l'ouvrir à la vie est une ineptie destructrice.

» La formulation un peu surprenante de cette phrase ne doit pas faire oublier qu'elle présente un point de vue largement justifié malgré son caractère excessif. Il faut « ouvrir l'école sur la vie », mais se garder de P « ouvrir à la vie ».

Pour comprendre cette opposition, il est bon de préciser la différence entre ces deux expressions.

« Ouvrir l'école sur la vie », c'est offrir une vision du monde extérieur, une fenêtre sur le monde sans le laisser entrer; c'est le contempler de haut et de loin sans s'y mêler.

Au contraire, « ouvrir l'école à la vie », c'est mettre l'école dans la vie, dans le concret, loin de l'abstrait ; c'est laisser pénétrer le monde extérieur dans l'école sans barrière, sans contrôle. Pour « ouvrir sur la vie », l'école doit analyser la vie, la regarder de loin et de haut pour mieux la dominer.

C'est ainsi qu'étudier La Princesse de Clèves ou Le Rouge et le Noir apporte des éléments pour mieux comprendre la vie, la psychologie des femmes et des hommes, les mécanismes de la société. La culture est une valeur durable qui permet de mieux se situer par rapport à la vie, de mieux l'appréhender.

Jacqueline de Romilly, dans L'enseignement en détresse, montre toutes les implications actuelles de la culture grecque ancienne : on voit ainsi comment une langue moderne évolue, s'enrichit ou s'appauvrit, et cette connaissance permet de comprendre la situation de notre propre langage à partir d'une langue ancienne. Cette culture acquise à l'école procure d'abord un plaisir esthétique ou affectif : comment apprécier l'Italie sans connaître son art et son histoire : on ne verra alors que les plages et les restaurants ! Elle apporte d'autre part une force sur le plan professionnel, en permettant la reconversion par l'art de dominer les problèmes. « Ouvrir l'école à la vie » apparaît au contraire comme une ineptie destructrice.

C'est en effet donner un savoir utilitaire et immédiat non reconvertible : les difficultés rencontrées par les informaticiens-programmeurs entraînés seulement à un travail particulier montrent bien les dangers d'une formation trop positive et trop partielle dans un monde et un savoir en mouvement. Suivre cette voie, c'est supprimer aussi toute capacité d'abstraction, toute clef pour comprendre le monde qui devient opaque.

On tombe ainsi sur l'écueil que heurtèrent les frères Goncourt lorsqu'ils voulurent faire du roman réaliste une photographie absolue de la réalité, sans aucune interprétation et sans aucun choix entre les divers éléments : la réalité devenait alors incompréhensible, ou au mieux, le lecteur n'en percevait qu'une faible apparence.

Adhérer à cette tendance, c'est aussi supprimer tout esprit critique par l'absence de la connaissance et de la réflexion :.... »

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