La fonction sociale fait-elle l'homme ? ■ Analyse du sujet - Le sujet porte, non sur la nécessité de l'existence...
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La fonction sociale fait-elle l'homme ?
■ Analyse du sujet
- Le sujet porte, non sur la nécessité de l'existence sociale pour l'être
humain, mais sur 1' incidence de ce qui est nommé « fonction sociale » sur
sa qualité d'homme.
- On doit s'attacher d'abord à préciser ce que l'on entend par« fonc
tion sociale» : place dans l'organisation sociale, métier (avec la réputa
tion ou les honneurs qui peuvent lui être attachés), statut plus ou moins
prestigieux.
- On peut ensuite faire valoir que cette « fonction » ne concerne
qu'une apparence, ou un aspect particulier de l'homme, qui ne saurait se
définir uniquement par là.
Le problème concerne la « valeur » de
l'homme relativement à celle de sa fonction, ou- l'opposition entre
l' «être» et l' «apparaître» (ce gui autorise des références, par exemple, à
Rousseau).
■ Pièges à éviter
- Ne pas accumuler les exemples anecdotiques de faux prestige
(argent, luxe, « signes extérieurs de richesse» ...
) : cela retarderait le trai
tement de la question.
- Ne pas tomber dans un discours simplement moralisateur, du style
« L'habit ne fait pas le moine » : il s'agit, plus sérieusement, de repérer ce
qui constitue la valeur de l'homme.
- Ne pas se contenter de rappeler que ce qui fait l'homme, c'est son
appartenance à une culture : une telle réponse est trop vague pour traiter
précisément la question posée.
CORRIGÉ
[Introduction]
La société contemporaine n'en finit pas d'offrir en spectacle des indivi
dus (sportifs, grands patrons de multinationales, « vedettes » du spectacle
SUJETS CORRIGÉS
ou des médias) dont la fonction sociale entraîne une visibilité maximale,
et peut exercer une incontestable fascination sur pas mal de gens moins
« haut placés».
Ces réputations vont de pair avec une idéologie diffuse
qui répète volontiers que le plus important dans la vie est d'avoir une
bonne situation, de gagner de l'argent, de s'offrir des voitures luxueuses
ou des vacances dans une île lointaine, etc.
Au, point que s'établit subrepticement l'idée selon laquelle la fonction sociale fait l'homme, c'est-àdire qu'un individu peut ou doit être estimé relativement au statut qui est
le sien dans la société.
Il vaut la peine d'examiner si une telle« idée» est
fondée, ne serait-ce qu'en raison de sa diffusion.
[I.
Fragilité de la fonction sociale]
Les Romains avaient l'habitude de rappeler à certains de leurs gouvernants que la roche tarpéienne était très proche du Capitole : façon de leur
mettre en mémoire que les plus grands honneurs ne protégeaient pas
d'une éventuelle chute ...
L'actualité contemporaine n'en finit pas de nous
fournir des illustrations de ce principe : tel dirigeant industriel, à peine
chassé de son poste, se trouve traité par les médias
qui jusqu'alors
encourageaient plutôt à l'applaudir comme un individu finalement assez
peu recommandable ; tel footballeur, après avoir atteint le sommet de sa
carrière, doit affronter les lazzis de ses anciens supporters déçus.
C'est, à
chaque fois, une reprise, à tonalité plus ou mois dramatique,-de « plus
dure sera la chute».
Le prestige qui s'attachait à des fonctions socialement valorisantes (et il ne s'agit pas même pour l'instant de savoir si cette
valorisation était justifiée) disparaît du jour au lendemain, et la~< valeur»
quel' on attribuait à la personne qui en bénéficiait fait de même.
Ce que l'on a qualifié de « société du spectacle» ne fait qu'augmenter
le phénomène : si la réputation d'un individu dépend de son métier et du
statut auquel ii a accédé, elle s'étend d'autant plus auprès du public
qu'elle est effectivement «spectaculaire», et relayée par les divers
médias.
Une émission de télévision pas trop ennuyeuse fait désormais
davantage pour la notoriété d'un chercheur que les années de travail qu'il
a passées dans son laboratoire : cela pourrait sembler peu regrettable si
cette notoriété sanctionnait à coup sûr des existences vouées à des travaux
qui concernent l'ensemble du corps social, mais le problème est qu'elle
concerne aussi des individus qui n'ont comme seule qualité que leur photogénie, ou le fait de passer« à la télévision» ...
Ainsi se réalise progressi-vement une prédiction d' Andy Warhol sur la possibilité,° pour chacun, de
connaître son « quart d'heure de gloire ».
Cette« gloire», gagnée grâce à une vague opinion, est nécessairement
fugace, car l'opinion est évidemment versatile, et avide de découvrir la
célébrité suivante.
Mais le plus grave n'est peut-être pas là : il est dans
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l'inégalité entre les hommes qu'implique la notoriété suscitée par certaines fonctions sociales.
Ces dernières, en effet, définiraient une humanité «supérieure», tandis que les hommes qui n'y ont pas accès ne
constitueraient qu'une humanité en quelque sorte au rabais.
[Il.
Avertissements de Rousseau]
C'est déjà ce que déplorait Rousseau dans son Discours sur l'origine et
les fondements de l'inégalité parmi les hommes, en soulignant à quel
point les différences de richesse et de pouvoir produisent à long tem1e,
non seulement des différences dans la «valeur» que l'on reconnaît aux
individus,....
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