LA LIBERTE I Le problème de la liberté s'analyse selon deux niveaux diffé rents : le niveau moral et politique,...
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LA LIBERTE
I
Le problème de la liberté s'analyse selon deux niveaux diffé
rents : le niveau moral et politique, et le niveau philosophique,
où se pose la question de savoir si la liberté existe réellement ou
si elle n'est qu'une illusion.
LE SENTIMENT DE LA LIBERTÉ
Les défenseurs de la liberté diront que celle-ci existe puisque
nous en faisons spontanément l'expérience : nous nous sentons
libres, nous avons une intuition immédiate de notre liberté, du
pouvoir de dire non (affirmer ou nier, agir ou ne pas agir).
Telle
est la position de Descartes, qui pose que cette liberté est infinie.
« Il n'y a que la volonté seule, ou la seule liberté du franc arbitre que j'expé
rimente en moi être si grande que je ne conçois point l'idée d'aucune autre
plus ample et plus étendue : en sorte que c'est elle principalement qui me fait
connaître que je porte l'image et la ressemblance de Dieu.» (DEscARTES, Médi
tations, IV.)
CONFIRMATION SOCIALE
Cette conscience de la liberté nous est confirmée par la vie
sociale : les lois supposent et témoignent de la liberté des hom
mes, puisqu'elles sont ce à quoi les hommes se soumettent et ce
qui les contraint.
LA MORALE
Nous avons une conscience morale.
Or la morale n'a de sens que
s'il y a liberté : il ne peut y avoir de devoir (cf.
supra, Kant) que
si nos comportements ne sont pas déterminés.
On juge généralement que nous ne sommes responsables que
lorsque nous agissons consciemment et librement.
L'homme
aveuglé par la passion, par exemple, ne serait pas pleinement res
ponsable, parfaitement libre.
Mais selon Sartre, parce que nous
sommes des consciences, nous sommes toujours responsables.
LE DÉTERMINISME EST UNIVERSEL
Tous les phénomènes de l'univers obéissent à des lois universel
les et immuables : tout ce qui se produit dans le monde a une
cause, tout est déterminé.
En poussant à l'extrême cette vue, on
est conduit, comme le fit Laplace, a poser que si nous connais
sions toutes les masses, les positions et les vitesses de toutes les
particules de l'univers à un moment donné, nous pourrions cal
culer tout ce qui s'est produit dans le passé comme ce qui se
produira dans l'avenir.
Comment, dès lors que je fais partie du
monde, pourrais-je échapper à ce déterminisme universel? Le
sentiment de ma liberté, comme l'a souligné Spinoza, n'est-il pas
la simple marque de mon ignorance des causes qui me détermi
nent/
« Les hommes se trompent en ce qu'ils pensent être libres; et cette opinion
consiste uniquement pour eux à être conscients de leurs affections, et igno
rants des causes par lesquelles ils sont déterminés.
L'idée de leur liberté, c'est
donc qu'ils ne connaissent aucune cause à leurs actions.» (SPINOZA, Ethique, Il,
XXXV, scolie.)
LA CRITIQUE DU DÉTERMINISME
PHÉNOMÈNE ET NOUMÈNE
■ L'affirmation de la liberté humaine apparaît en contradiction
avec le déterminisme général de l'univers, du mécanisme univer
« Nous sommes seuls, sans excuses.
C'est ce que
sel que postulait la physique classique.
C'est cette contradiction
j'exprimerai en disant que l'homme est condamné à
que tentèrent de résoudre les philosophes spiritualistes en posant
être libre.
Condamné,....
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