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LA LOGIQUE, LA MÉTHODE ET LE RAISONNEMENT Expliquer le texte suivant : Quand on a cru, sans connaître l'art de...

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« LA LOGIQUE, LA MÉTHODE ET LE RAISONNEMENT Expliquer le texte suivant : Quand on a cru, sans connaître l'art de raisonner, qu'un raisonnement est vrai, il peut se faire que peu après on le trouve faux, alors qu'il l'est parfois et parfois ne l'est pas, et l'expérience peut se renouveler sur un autre et un autre encore.

Il arrive notamment, tu le sais, que ceux qui ont passé leur temps à controverser fini�sent par s'imaginer qu'ils sont deve­ nus très sages et que, seuls, ils ont découvert qu'il n'y a rien de sain ni de sûr ni dans aucune chose ni dans aucun raisonnement, mais que tout est dans un flux et un reflux continuels, absolument comme dans !'Euripe 1 et que rien ne demeure un moment dans le même état. - C'est parfaitement vrai, dis-je. - Alors, Phédon, reprit-il, s'il est vrai qu'il y ait des raisonnements vrais, solides et susceptibles d'être compris, ne serait-ce pas une triste chose de voir un homme qui, pour avoir entendu des raisonnements qui, tout en restant les mêmes, paraissent tantôt vrais, tantôt faux, au lieu de s'accuser lui-même et son incapacité, en viendrait par dépit à rejeter la faute sur les raisonnements, au lieu de s'en prendre à lui-même, et dès lors continuerait toute sa vie à haïr et ravaler les raisonnements et serait ainsi privé de la vérité et de la connaissance de la réalité ? - Oui, par Zeus, dis-je, ce serait une triste chose. PLATON J.

l'Euripe : détroit qui sépare !'Eubée de la Béotie, où se produisent un flux et un reflux perpétuels. La connaissance de la doctrine de l'auteur n'est pas requise.

Il faut et il suffit que l'explication rende compte, par la compréhension pré­ cise du texte, du problème dont il est question. COUP DE POUCE ■ Analyse du sujet - Attention ! ce texte porte moins sur les raisonnements en eux­ mêmes, leur forme ou leur validité, que sur ceux qui sont incapables, parce qu'ils ne connaissent pas« l'art de raisonner», de distinguer les r�­ sonnements vrais des raisonnements faux. - La conséquence en est qu'ils versent dans une sorte de scepticisme : à leurs yeux, les raisonnements ne sont pas fiables. - Résultat : la quête de la vérité leur devient impossible. ■ Pièges à éviter - Ne pas commenter ce texte d'un point de vue uniquement psycholo­ gique : l'enjeu concerne la connaissance et sa possibilité. - Éclaircir l'allusion à« ceux qui ont passé leur temps à controverser» : il ne peut pas s'agir des interlocuteurs des dialogues platoniciens. - Ne pas perdre trop de temps, dans le commentaire, sur la comparai­ son avec les flux et reflux de l'Euripe. CORRIGÉ [Introduction] Si Platon est célèbre pour ses dialogues, c'est entre autres parce qu'il y montre comment la discussion peut mener à découvrir ensemble la vérité. Dans les discussions qu'il met en scène interviennent de nombreux rai­ sonnements, qui cherchent à persuader l'auditeur ou à démontrer quelque chose, et la discussion ne peut progresser que si chacun est capable de repérer, dans ce qui est dit, ce qui est juste ou vrai et ce qui ne l'est pas.

Il arrive d'ailleurs que Socrate, effectuant un retour en arrière, fasse remar­ quer que c'est peut-être à tort que l'on avait admis tel ou tel point, et reprenne une analyse.

En d'autres termes : on ne peut progresser dans la connaissance que si l'on sait distinguer les raisonnements vrais des faux. Faute de quoi, ou bien on reste dans l'ignorance, ou bien, ce qui est pire, on n'accorde plus sa confiance aux raisonnements eux-mêmes, et l'on s'interdit de trouver la vérité.

C'est précisément ce point que souligne Pla.

ton dans cet extrait. [I.

L'ignorance logique et ses conséquences] Celui qui ne connaît pas l'art de raisonner peut faire erreur sur la valeur d'un raisonnement, le jugeant alternativement vrai ou faux.

Qu'est-ce que cet art de raisonner ? Platon n'en utilise pas le nom, mais on peut y recon­ naître la logique, au sens où elle propose une connaissance des règles que doit respecter un raisonnement pour être acceptàble. Ignorant la logique, le raisonnement me persuade éventuellement pour des raisons qui n'ont rien à voir avec sa validité stricte.

Ce peut être parce qu'il va dans le sens de ce que je pense spontanément, ou parce qu'il flatte en apparence mes intérêts ou mes désirs, c'est-à-dire pour des rai­ sons purement subjectives qui n'ont évidemment rien de commun avec ce que doit être l'universalité du vrai. C'est pourquoi un même raisonnement peut aussi bien paraître vrai ou faux, pour qui en ignore les règles, selon les moments - c'est-à-dire selon ses humeurs ou le contexte.

Ce qui m'a d'abord séduit peut ensuite me paraître choquant ou inacceptable : la proposition n'aura pas changé (en fait, c'est moi qui aurai changé), mais comme je ne la juge que superfi­ ciellement, en fonction d'une opinion qui n'est pas fondée sur l'art de rai­ sonner, elle m'apparaîtra d'un moment au suivant positive ou négative.

Le pire est qu'il se peut que j'aie raison (ce que je juge en un second temps faux peut en effet l'être) - mais ce ne sera que par hasard, puisque je reste incapable de justifier mon impression. Une telle variabilité de mon.... »

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