La mémoire de la Résistance vue par le général De Gaulle Nous sommes ici, d'abord, pour commémorer le fait d'armes...
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La mémoire de la Résistance vue par le général De Gaulle
Nous sommes ici, d'abord, pour commémorer le fait d'armes 1 qui, le 27 février 1942, porta pour
la première fois sur le sol envahi de la France l'action d'une force alliée, combinée avec celle d'élé
ments de nos réseaux.
[...] Dès lors, chez nos participants et avec l'aide croissante de nos alliés,
c'est avec une ardeur décuplée que fut poussé l'agencement de l'extraordinaire machine qui devait
jouer un si grand rélle dans la bataille décisive de France [...] En vérité, la Résistance française,
c'était la Défense Nationale! Qu'elle combattît comme elle pouvait, à Bruneval ou à Bir Hakeim,
aux Glières ou en Tunisie, au Vercors ou en Italie, qu'elle luttât dans les rangs de nos troupes des
maquis ou dans ceux de nos grandes unités débarquées sur nos céltes, ou sur les mers, ou dans le
ciel, qu'elle servît à découvert dans chacune des activités de nos territoires libérés ou en secret dans
les foyers, fermes, ateliers, syndicats, administrations, groupements, de notre sol envahi, qu'elle
s'exprimât aux postes-radio de Londres, de Brazzaville et d'Alger ou dans les tracts et journaux.[ ...]
En juin 1940, quand tout paraissait s'écrouler, elle s'est réfugiée dans l'action du groupe résolu qui,
à partir du sol de la noble Angleterre, maintenait dans la lutte la souveraineté française.
Elle s'est
peu à peu embrasée, à partir de là, à mesure des espérances et des possibilités, jusqu'à s'étendre au
peuple tout entier.
Elle s'est terminée le 8 mai 1945 quand nous avons, aux céltés de l'Angleterre,
des États-Unis et de la Russie, reçu la capitulation totale de l'Allemagne et de ses armées.
Elle a eu
ses hauts et ses bas, ses erreurs et ses grandeurs, ses défaillances et ses triomphes.
Mais elle fut, et il
fallait qu'elle fût, une et indivisible comme la France qu'elle défendait.
Une et indivisible, certes!
Ce qui veut dire que toute tentative de piller ce bien national ne saurait être tolérée.
Telles ambi
tions et surenchères partisanes, qui prétendent se l'attribuer en tout ou en partie sont vulgairement
sacrilèges.
2 Quelles qu'aient été l'origine, la profession, les opinions, des Français et des Françaises
qui ont, sous n'importe quelle forme, à n'importe quel rang à n'importe quel moment, participé
au combat, ils ont répondu à un seul et même appel qui était l'appel du pays, ils ont accompli un
seul et même devoir, le devoir envers la patrie, ils ont servi une seule et même cause, la cause du
salut national.
Les six cent mille hommes et femmes de chez nous, qui sont morts sur les champs
de bataille, ou aux poteaux d'exécution, ou dans les camps de misère, sont morts pour la France et
pour la France seulement.
C'est justement parce que la Résistance, c'est-à-dire la Défense Natio
nale, une fois de plus dans notre Histoire mais dans le plus extrême péril, a finalement et pour un
temps reforgé la solidarité française, qu'elle a sauvé, non point seulement le présent, mais l'avenir
de la nation, en faisant refleurir en elle, dans le sang et dans les larmes, la conscience de son unité.
1.
Le 27 février 1942, à Bruneval, près du Havre, des parachutistes britanniques et canadiens détruisent, avec
l'aide de la Résistance normande, un important radar sur le littoral de la Manche.
2.
Allusion au parti communiste qui s'affirme comme étant le «parti des 75 000 fusillés» [cette note fi gu re
dans l'ouvrage, Allocutiom et messages].
Charles De Gaulle, A/locutions et messages ( 1946-1969),....
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