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LA MUSIQUE OU TEXTE Ce qu'il faut savoir ► Mots-clés Allitération, assonance, rythme, métrique, rime, strophe. Le tissu sonore du...

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« LA MUSIQUE OU TEXTE Ce qu'il faut savoir ► Mots-clés Allitération, assonance, rythme, métrique, rime, strophe. Le tissu sonore du texte se définit par des effets d'harmonie et de rythme. Étudier la fonction poétique du langage est indispensable dans un poème, mais utile également chez de nombreux prosateurs.

Cette étude n'est pas une fin en soi, elle doit être liée au sens par l'analyse de l'expressivité de ces effets. 0 LES FIGURES SONORES ► Observer ► Ex.

: Un vent froid soufflait de la plaine.

Le bois était ténébreux, sans aucunfroissement de feuilles, sans aucune de ces vagues et fraîches lueurs de l'été.

De grands branchages s'y dressaient affreusement.

Des buissons chétifs et difformes sifflaient dans les clairières.

Les hautes herbes four­ millaient sous la bise comme des anguilles.

Les troncs se tordaient comme de longs bras armés de griffes cherchant à prendre des proies; quelques bruyères sèches, chassées par le vent, passaient rapidement et avaient l'air de s'enfuir avec épouvante devant quelque chose qui arrivait.

De tous les côtés, il y avait des étendues lugubres. Hugo, Les Misérables Cette évocation d'un bois parcouru par le vent de la nuit multiplie les effets sonores.

Les plus frappants sont les répétitions de voyelles : éten­ dues lugubres ; les répétitions de consonnes : sèches, chassées ; prendre des proies ; la combinaison des deux procédés : Des buissons chétifs et difformes sifflaient.

Le jeu des sifflantes (S, F, CH) et des timbres I et U tend à reproduire les bruits de cette nuit par un effet d'harmonie imitative. Mais, de façon plus générale, les nombreuses récurrences sonores du texte créent une atmosphère troublante, où les bruits multiples s'associent aux mouvements pour faire naître la peur. ► Retenir • L'allitération est la répétition dans un même segment (vers, phrase, strophe) de consonnes identiques ou voisines. On distinguera, selon le lieu d'articulation, des consonnes labiales (P, B, M, bouche fermée / F, V, bouche entrouverte), dentales (T, D, N / S, Z), gutturales (K, G / R). On distinguera selon le mode d'articulation les nasales M / N, sifflantes S I Z, les liquides L / R ; les sourdes P / T / K, F / S I CH et les sonores B / D / G, V/ Z/ J, etc. • L'assonance est la répétition dans un même segment de voyelles identiques ou voisines. Parmi les voyelles aussi, des séries se dessinent : aiguës (i, u, é) / ouvertes (a, è, o ouvert, comme dans port), nasales (an, in, on, un). • L'harmonie imitative évoque un bruit par ces jeux phoniques, mais le plus souvent ils ne reproduisent rien et suggèrent des correspondances avec le contenu : Mes étoiles au ciel avaient un doux frou-frou (Rimbaud). e LE RYTHME ► Observer ► Ex.

: Un soir, t'en souvient-il ? nous voguions en silence; On n'entendait au loin, sur l'onde et sur les cieux, Que le bruit des rameurs qui frappaient en cadence Tes flots harmonieux. Lamartine, Le Lac La lecture de ces vers est rythmée par le mètre et la ponctuation : les pauses qu'elle impose marquent des temps forts et constituent des seg­ ments qui ont successivement 2, 4, 6, 12, 18 syllabes.

Cette progression par masses croissantes s'accorde avec l'émergence du souvenir.

Mais d'autres effets rythmiques« frappent en silence»: ils sont déterminés par les groupes de mots dans Je vers: effets de symétrie (On n'entendait/ au loin,// sur l'on/ de et sur les cieux//, 4/2/2/4) ou de régularité (Que le bruit/ des rameurs/qui frappaient/ en silence/ 3/3/3/3), en remarquable harmo­ nie avec l'acte évoqué. ► Retenir • Le rythme est détenniné par la succession de temps faibles et d'accents toniques : ces accents se trouvent sur la dernière syllabe articulée (à l'exclusion de l'e muet) d'un mot ou d'un groupe de mots.

Tout m'ajfiige et me nuit et conspire à me nuire (Racine) : ces quatre accents déterminent quatre mesures: chacune d'elles compte trois syllabes; on a un rythme 3/3/3/3. • L'accent tonique précède une pause: il est plus fort devant une ponctuation, en fin de vers, et devant une coupe (césure); il est plus léger en fin d'un groupe de mots non suivi d'une ponctuation, on Je nomme alors accent secondaire : Et les fruits/ passeront// la prames/ se des fleurs// (Malherbe). • L'étude du rythme sera sensible à ces effets de régularité (rythme binaire, rythme ternaire, tétramètre, amplification, symétrie) ou d'irrégularité expressive. 0 ► LE VERS Observer ► Ex.

: Ne nous flattons donc point; voyons sans indulgence L'état de notre conscience. Pour moi, satisfaisant mes appétits gloutons, l'ai dévoré force moutons. Que m'avaient-ils fait? Nulle offense. Même il m'est arrivé quelquefois de manger Le berger. Je me dévouerai donc, s'il le faut: mais je pense Qu'il est bon que chacun s'accuse ainsi que moi. La Fontaine, Les Animaux malades de la peste Le poète utilise pour Je discours du roi lion des vers de douze syllabes, de huit syllabes (on prononce le ide conscience, on prononce le e de force devant consonne, mais non l'e final des vers) de trois syllabes.

Chacun de ces trois mètres a une fonction: l'alexandrin donne au propos la majesté de l'ampleur; l'octosyllabe, la simplicité du constat; le trisyllabe, la bru­ talité et la surprise.

Ces effets sont renforcés par des enjambements (v.

12) qui mettent en relief une surprise (rejet : le berger) ou une attente (contre-rejet: je pense). ► Retenir Le vers français se définit par le nombre de ses syllabes qui permet d'identifier le mètre utilisé. • Les vers pairs se partagent en deux moitiés ou hémistiches ; une coupe appelée césure coïncide avec l'hémistiche dans l'alexandrin classique: Je la dois attaquer,// mais tu dois la défendre (Corneille), mais elle est mobile dans le décasyllabe et l'octosyllabe où elle crée des effets de dissymétrie aussi bien que de symétrie. • Les vers impairs (7, 9, 11 syllabes surtout), utilisés par La Fontaine pour leur diversité et prônés par Verlaine pour leur musicalité. • Le compte syllabique tient compte de l'e muet devant une consonne (mais jamais devant voyelle ni en fin de vers) et de la possibilité pour le poète d'articuler une diphtongue en deux syllabes (li/ on: diérèse) L'inflexi/ on des voix chères qui se sont tu(e)s. • La structure du vers peut ne pas coïncider avec celle de la phrase: - l'absence de pause en fin de vers s'appelle enjambement: Jouant du luth et dansant et quasi Tristes sous leurs déguisements fantasques (Verlaine) ; - si l'enjambement met en relief un mot isolé en tête de vers, il y a rejet: Mais tout n'est pas détruit et vous en laissez vivre Un (Racine) ; - si l'enjambement met en relief un mot isolé en fin de vers, il y a contre­ rejet: Ville presque morte, ô Cité Qui languis au soleil d'été (Apollinaire). • Le vers libre refuse la régularité du mètre et de la rime.

Il peut remplacer cette dernière par un jeu d'assonances*. 0 ► LA RIME Observer ► Ex.

: Je Jais souvent ce rêve étrange et pénétrant D'une femme inconnue, et que j'aime, et qui m'aime Et qui n'est chaque fois ni tout à fait la même Ni tout à fait une autre, et m'aime et me comprend. Car elle me comprend, et mon cœur, transparent Pour elle seule, hélas! cesse d'être un problème Pour elle seule, et les moiteurs de mon front blême, Elle seule les sait rafraîchir, en pleurant. Est-elle brune, blonde ou rousse ? - Je l'ignore. Son nom ? Je me souviens qu'il est doux et sonore Comme ceux des aimés que la Vie exila. Son regard est pareil au regard des statues, Et, pour sa voix, lointaine, et calme, et grave, elle a L'inflexion des voix chères qui se sont tues. Verlaine, Mon Rêve familier Le jeu des rimes, par sa disposition, lie les deux quatrains, qui forment une unité de sens : une même structure, dite ABBA, fait rimer les vers 1/4/5/8 d'une part, 2/3/6/7 d'autre part.

Il lie par ailleurs les deux tercets, qui for­ ment une deuxième unité de sens, et constitue ainsi un distique* (rime en -ore, CC) suivi d'un quatrain (rimes D EDE). Le jeu des rimes, par les mots et les sons qu'il privilégie, crée des effets de sens : il reproduit en écho la figure sonore du mot clef, aime, aux vers 2/3/6/7 ; il dessine le motif de l'incommunicabilité en liant les termes sta­ tues et tues. L'alternance de rimes dites masculines et féminines (où l'e dit muet allonge la dernière syllabe) permet un effet particulièrement réussi de point d'orgue sur le dernier mot du poème: tues. ► Retenir a.

Les effets de rime • Répétition d'un ou plusieurs phonèmes en fin de vers, effet sonore et rythmique, assonance* à place fixe, la rime appelle trois types de commentaire - sur sa qualité - pauvre (une voyelle sonore commune : voie/ soie), - suffisante (deux phonèmes communs: statues/ tues), - riche (trois phonèmes communs ou plus: problème/ blème). - sur son genre: féminine, caractérisée par la finale en e muet (problème/blème) ; masculine, sans e muet final (exila/ elle a) ; - sur sa disposition dans un groupe de quatre vers - rimes plates, quand elles se suivent (AABB), - embrassées, par.... »

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