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La philosophie change-t-elle le monde ? ■ -Analyse du sujet Le sujet fait allusion à une formule célèbre de Marx,...

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« La philosophie change-t-elle le monde ? ■ -Analyse du sujet Le sujet fait allusion à une formule célèbre de Marx, mais la copie ne peut se limiter à son commentaire. - Les changements du monde en constituent l'histoire : la question revient donc à se demander si la philosophie détermine, en tout ou en par­ tie, l'histoire.

On peut alors montrer que l'histoire en question concerne avant tout la façon dont les hommes conçoivent leurs relations avec le réel. - Pour illustrer le propos, on aura recours, non seulement aux philo­ sophes de l'histol:re (Hegel, Marx), mais aussi à des auteurs qui ont, d'une façon ou d'une autre, voulu influencer le cours des choses (de Platon à Rousseau) ■ Pièges à éviter - Ne pas s'en tenir à une conception vague de la philosophie: le sujet invite à considérer qu'elle change elle-même : penser à des œuvres d'époques et d'intentions différentes. - Ne pas oublier de mentionner les autres facteurs possibles de change­ ments du monde. - Ne pas considérer des niveaux ou indices hétérogènes de change­ ment, synthétiser les changements possibles dans de grandes catégories. CORRIGÉ [Introduction] On ne philosophe pas seulement pour le plaisir de construire un « beau » système, et tout philosophe ambitionne que sa réflexion soit uti_le aux autres : prétendant apporter une nouvelle compréhension des choses, qu'elle puisse aussi être appliquée, et ainsi changer le monde- sans doute CORRIGé23 pas en totalité (quelle philosophie pourrait modifier le cours des planètes ?), mais au moins dans les relations que les hommes entretiennent avec lui, et entre eux.

Mais la philosophie est-elle capable de changer le monde ? Quels sont les moyens dont elle dispose pour cela ? Se présentant comme un domaine de pure réflexion, ne se coupe-t-elle pas dès le départ de toute mise en pratique possible ? [I.

La philosophie veut changer le monde] Marx veut instaurer une modification profonde dans la philosophie : s'il est vrai que« jusqu'à présent, les philosophes n'ont fait qu'interpréter le monde, il s'agit désormais de le transformer» (XI• Thèse sur Feuerbach).

Avant Marx, la philosophie aurait eu une tâche limitée à l'interprétation (et donc impuissante); avec lui, au contraire, une nouvelle tâêhe apparaît : la philosophie sera désormais capable de changer le monde. Cette opposition est pourtant discutable : dès Platon, le projet de transformer la réalité se manifeste, puisqu'on peut admettre que le système platonicien culmine dans le programme politique de La République qui, s'il trouve à s'appliquer, modifiera bien la communauté des hommes. C'est très diversement, et à différents niveaux, que les philosophes ont conçu l'impact de leur pensée sur le réel.

Dans l' Antiquité, la quête de la « sagesse » ambitionne de modifier les conduites.

Épicure, par exemple, a pour projet de délivrer ses contemporains de la crainte des dieux et de la mort - ce qui changerait sans doute leur existence. Descartes précise ses buts dans le sous-titre du Discours de la méthode : il s'agit de « bien mener sa raison pour trouver la vérité dans les sciences».

Or l'accès à la vérité n'est pas inefficace puisque le même Discours affirme dans sa dernière partie qu'en multipliant les sciences et leurs applications, l'homme se rendra « comme maître et possesseur de la nature », et de surcroît jouira d'une vie plus longue.

C'est ainsi la place de l'homme dans l'univers qui sera changée en même temps que son existence : le vrai n'est pas seulement une satisfaction intellectuelle, il est aussi doté d'une efficacité transformatrice. D'un autre·point de vue, ce n'est pas pour le seul plaisir d'articuler des concepts que Rousseau rédige le Contrat social; c'est au contraire pour guérir du malheur contemporain qu'il propose sa conception de la fondation du corps politique, et, en parallèle, sa conception, dans Émile, de ce que doit être l'éducation d'un citoyen capable de s'intégrer dans une société justement organisée.

Cette fois- encore, la réflexion veut aboutir à un résultat pratique, et l'on sait que le Contrat social a pu exercer même 1131 SUJETS CORRIGÉS au prix d'infidélités à sa lettre une influence non négligeable sur certains acteurs de la Révolution. Marx n'ignorait pas ces exemples, parmi d'autres.

Mais il constate que les philosophes qui l'ont précédé ont échoué dans leur volonté de changer le monde.

C'est parce qu'ils n'avaient pas encore une juste conception du réel et des voies par lesquelles on doit le transformer. [Il.

Autres acteurs de changement] Ces philosophes étaient, même involontairement, « idéalistes », alors que le système de Marx s'annonce comme «matérialiste».

Il semble en effet logique d'admettre que, pour changer le monde, la philosophie doit disposer, d'une part, d'une connaissance du monde synonyme d'une véritable «prise» sur celui-ci, et de l'autre, des moyens pratiques capables d'entraîner le changement. L'existence d'une histoire signifie que des changements ont bien lieu. On peut se demander en fonction de quoi, si ce n'est pas en fonction de ce qu'affirmèrent des philosophes bloqués dans l'interprétation.

Il est vrai que la cité platonicienne n'a pas eu de réalisation - pas plus que les programmes officiellement «utopiques» d'un Thomas More ou d'un Campanella.

Il est vrai aussi que, malgré Descartes, l'homme ne devient que rarement centenaire.

Si donc on cherche, d'un point de vue « matérialiste», ce qui peut transformer le monde, une réponse s'impose : c'est le travail des hommes.... »

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